Commerce équitable : une démarche durable

Une autre pratique du commerce

, par CDTM de Paris

Au milieu des années 1940, des groupes pionniers (souvent d’origine protestante) cherchent à soutenir une meilleure rémunération pour des artisan·es issu·es de régions défavorisées du Sud avec lesquel·les ils ont tissé des liens personnels. Par la suite, à la sortie de la décolonisation, des groupes tiers-mondistes mettent en place des démarches similaires.

A la suite de ce commerce alors appelé « alternatif » ou « solidaire », le commerce équitable prend son essor dans les années 1960. Lors de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) en 1964, plusieurs pays du Sud réclament une meilleure rémunération pour le travail de leur population. Ils voudraient avoir les moyens d’entrer dans une dynamique de développement plutôt que de dépendre des aides « Trade not aid » (Du commerce mais pas la charité). Cette revendication n’est malheureusement entendue ni par les États ni par les acteur·rices économiques. Le prix des matières premières ne cesse de diminuer et les règles (ou l’absence de règles) du commerce international sont de plus en plus pénalisantes pour les producteur·rices les plus fragiles se trouvant face à des intermédiaires puissants et à des marchés peu transparents. Seul·es quelques militant·es répondent à cet appel.

Une démarche exigeante…

Le commerce équitable met donc en place une autre pratique du commerce afin de permettre à des producteur·rices et travailleur·ses marginalisé·es des pays du Sud de vivre de leur travail en leur offrant des débouchés sur les marchés des pays du Nord. Pendant de nombreuses années, cette démarche a été pratiquée dans une dimension Sud-Nord. Depuis quelques années, s’ajoute un commerce équitable local Sud-Sud et Nord-Nord. En 2014, la législation française a évolué pour reconnaître un Commerce équitable origine France.

La démarche du commerce équitable est fondée sur un engagement de deux partenaires, une organisation acheteuse et une organisation productrice. Cet engagement comprend :

  • un partenariat de longue durée entre les deux parties
  • un prix « juste » rémunérateur qui couvre les frais de production et gage d’une vie décente
  • le respect de la qualité technique, sociale et environnementale des produits
  • des conditions décentes de travail et le respect des règles de l’OIT
  • l’égalité hommes-femmes et la non-discrimination
  • un soutien aux organisations productrices dans leur développement (technique, marketing…).

    …et une garantie

Un cahier des charges engage les parties sur des principes stricts et prévoit la traçabilité des produits, indispensable pour crédibiliser la démarche. Des audits réguliers et indépendants permettent de certifier la qualité des produits. En plus du « prix juste » payé pour les produits, les organisations de producteur·rices reçoivent une prime de développement qui sera consacrée au financement d’un projet social ou économique au profit de leur communauté.

Des activités multidimensionnelles

Pour mener à bien leurs objectifs, les organisations faisant partie du mouvement mondial du commerce équitable mettent en œuvre des activités multidimensionnelles : une dimension éducative par des actions de sensibilisation et de formation ; une dimension économique, sociale et environnementale depuis depuis la production jusqu’à la consommation ; l’engagement des acteur·rices dans la transition écologique ; une dimension politique pour alerter sur les dysfonctionnements économiques et politiques avec l’élaboration d’études et le lancement de plaidoyer et de pétitions.

Un Objectif de développement durable

La démarche du commerce équitable s’inscrit dans le programme des Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU (2015-2030) en particulier pour la résolution 12 : « produire durable et consommer durable ». La mise en application de ces ODD est confiée à chaque pays. C’est pourquoi, en France, l’Agence française de développement (AFD) finance un projet d’envergure, Fair Future, destiné aux jeunes, avec l’objectif de « révolutionner » les modes de consommation et faire évoluer les pratiques commerciales.