Qu’est-ce que le volontariat ?
Le volontariat est né après la Première guerre mondiale lorsque des militant·es pacifistes ont cherché de nouvelles manières de s’engager dans la société, à l’opposé du service militaire, obligatoire et national, qui, selon eux et elles, ne pouvait mener qu’à de nouvelles guerres.
De cette réflexion vieille d’il y a un siècle sont nés des modes d’engagement toujours actuels : les chantiers de solidarité internationale, mais également les volontariats long terme.
Dans cette perspective, le volontariat se vit à plein temps, sur une période déterminée. En échange, les besoins quotidiens du·de la volontaire (hébergement, alimentation) sont pris en charge par l’association d’accueil. De plus en plus, cette prise en charge a évolué en paiement d’une indemnité mensuelle et d’une couverture sociale.
Le fort développement des dispositifs de volontariats ces dernières années en fait l’un des principaux modes d’engagement solidaire à l’international, notamment pour les jeunes adultes. Certains volontariats sont encadrés par des textes juridiques et donc bénéficient d’un statut particulier.
Selon le type de volontariat, les missions peuvent être de durée variable, nécessiter ou non de l’expérience et des compétences dans le domaine, donner droit à des indemnités dont le montant peut également varier selon la mission, le pays d’accueil, ainsi qu’à une couverture sociale.
Contrairement à de nombreux autres pays, en France, le volontariat et le bénévolat sont deux choses distinctes dans le vocabulaire. Alors que le ou la bénévole s’engage selon son temps libre et de façon gratuite, la personne volontaire s’engage à temps plein et bénéficie pour cela d’une prise en charge pour son logement et son alimentation (ou d’indemnités).
Bien que certains volontariats donnent droit à une indemnité, le contrat d’engagement réciproque entre le ou la volontaire et la structure qui l’accueille ne peut pas être assimilé à un contrat de travail : il n’existe pas de lien de subordination pour le volontaire accueilli.
Il existe des dispositifs de volontariat permettant de s’engager en France, en Europe et dans d’autres régions du monde.
Les différents types de volontariats
1. Les volontariats d’initiation et d’échange
Ils s’adressent à tou·tes, notamment aux personnes vivant leurs premières expériences interculturelles et de solidarité internationale. Ils n’exigent, a priori, aucune compétence préalable. Ce sont les motivations qui comptent. Ils peuvent faire l’objet d’une préparation au départ.
Parmi eux, les chantiers de solidarité internationale qui permettent de partir sur une durée relativement courte, souvent le temps des vacances (voir la partie Partir en chantier de jeunes). L’inscription à un chantier se fait de manière individuelle, mais l’expérience est collective (généralement de 8 à 20 personnes, souvent 80% des participant·es a moins de 25 ans).
Pour les groupes constitués de jeunes de 15 à 25 ans, il est également possible de construire, avec le parrainage d’une association agréée, leur propre projet de type « chantier de solidarité » grâce au soutien financier du programme « Jeunesse et Solidarité Internationale » du Fonjep (voir la partie Monter son projet de solidarité internationale).
Le service civique, permet de vivre une expérience de volontariat en France ou (plus rarement) à l’étranger. Il est ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans (jusqu’à 30 ans pour les jeunes en situation de handicap) et permet d’effectuer une mission de 6 à 12 mois. Lorsque le service civique est dit « à l’international », la mission peut se dérouler pour tout ou partie (au moins trois mois) à l’étranger. Il n’y a pas de conditions de diplôme ni d’expérience professionnelle, ce sont les savoirs-être et la motivation qui comptent avant tout.
Le ou la volontaire en service civique à l’international bénéficie de formations (préparation au départ, formation civique et citoyenne, ...). Il·Elle reçoit une indemnité mensuelle et une couverture sociale le temps de sa mission mais peut être invité·e à contribuer aux coûts de transports internationaux et aux frais d’hébergement/alimentation... dans le pays d’accueil.
www.service-civique.gouv.fr
Le volontariat associatif
Accessible aux personnes ayant plus de 25 ans et pour une durée de 6 à 24 mois, prolongeable jusqu’à 36 mois, ce volontariat permet d’effectuer une mission auprès d’une association, d’une fondation ou d’un établissement public, en France ou à l’étranger.
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F13273
Le Corps européen de solidarité
Le corps européen de solidarité est l’ initiative la plus récente de l’Union européenne, elle remplace le service volontaire européen. Si le nom du dispositif a changé en 2019, ses modalités et objectifs sont restés les mêmes : donner la possibilité de se porter volontaires ou de travailler dans le cadre de projets organisés dans leur pays ou dans d’autres États membres de l’Union européenne. Ces projets sont ouverts aux personnes de 18 à 30 ans dans l’objectif d’aider des communautés et des personnes dans toute l’Europe.
Les participant·es peuvent être sélectionné·es pour prendre part à un large éventail de projets (prévention de catastrophes naturelles, travaux de reconstruction, aide dans des centres de demandeurs d’asile ou assistance sociale auprès de populations dans le besoin...).
Les projets ont une durée de deux à douze mois (qui peut être raccourcie pour les « jeunes avec moins d’opportunités ». Les volontaires reçoivent une indemnité et une assurance médicale/responsabilité civile. Leurs frais de transport, d’hébergement et de restauration sont pris en charge.
https://europa.eu/youth/SOLIDARIty_fr
2. Les volontariats de solidarité institutionnels
Ce sont des dispositifs qui relèvent d’organisations intergouvernementales ou d’institutions européennes dans le cadre de leurs politiques de solidarité internationale. Ils demandent souvent des compétences, mais ne relèvent pas du temps professionnel (ils ne passent pas par un accord et un financement de l’employeur).
Le volontariat des Nations Unies
Les jeunes volontaires des Nations Unies peuvent être âgé·e.s de 18 à 29 ans. Iils·elles sont affecté·es au sein d’agences des Nations Unies pour travailler en première ligne dans des opérations de terrain concernant la politique, le développement ou l’aide humanitaire.
Le programme VNU propose aussi des missions de volontariat pour des personnes âgées de plus de 25 ans et disposant de qualifications et d’une expérience professionnelle pertinente.
www.unv.org
Le Volontariat d’aide humanitaire de l’Union européenne
Le Service de la Commission européenne à l’aide humanitaire et à la protection civile (ECHO) a mis en place un dispositif de volontariat accessible aux ressortissant·es et résident·es de l’Union européenne souhaitant s’investir dans une action d’aide humanitaire, de développement ou de protection civile partout dans le monde. Des missions pour différents profils sont proposés régulièrement sur le site du service ECHO.
http://ec.europa.eu/echo/what/humanitarian-aid/eu-aid-volunteers_fr
Le Volontariat à l’intervention civile de paix
L’intervention civile est une intervention non armée, sur le terrain d’un conflit local. Elle consiste à mettre en œuvre des missions mandatées par une organisation intergouvernementale gouvernementale, ou non gouvernementale. Ces missions viennent accomplir des actions d’observation, d’information, d’interposition, de médiation, de coopération et de formation adaptées à la situation, dans le but de réduire ou si possible de faire cesser la violence, afin de créer les conditions d’une solution politique du conflit.
Pour promouvoir le développement de l’intervention civile, un collectif d’associations a pris l’initiative de se réunir en Comité français pour l’intervention civile de paix. On peut aussi compter sur l’association Brigades de paix internationales (PBI), l’une des structures d’envoi de ce comité.
http://www.pbi-france.org/
http://www.interventioncivile.org/
3. Les volontariats d’échange et de compétence
Le volontariat de solidarité internationale
- Le statut de volontaire (Loi de 2005)
Ce terme désigne une personne qui s’engage dans des activités à plein temps pour une durée plus ou moins longue dans un pays du Sud et d’Europe de l’Est dans le cadre de la coopération non gouvernementale. Le ou la volontaire n’est pas un.e salarié.e mais il.elle perçoit une indemnité devant couvrir les frais de son séjour : logement, nourriture et parfois, avantages en nature. Ce statut lui permet d’avoir une couverture sociale.
Le plus souvent, les volontaires partent sur le terrain pour une mission de 1 à 2 ans, pour des missions très variées.
En savoir plus : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000257503
- Mettre ses compétences à disposition d’une association
La plupart des ONG (Organisations non gouvernementales) qui cherchent des volontaires ont chacune leurs propres critères de sélection des candidats au départ. Les exigences les plus souvent rencontrées portent sur la compétence, la personnalité, mais aussi la motivation. Certains organismes sont spécialisés dans l’envoi de volontaires sur un domaine professionnel particulier (médical par exemple).
- Un départ qui se prépare
Une formation au départ est fortement conseillée quand elle n’est pas obligatoire (dans le cadre d’un départ en mission, l’organisme qui recrute doit obligatoirement former le candidat au départ).
Il arrive que des ONG demandent au candidat au départ une participation aux frais de voyage, par exemple, ou une cotisation. Cela peut être un élément d’évaluation de la motivation. Il ne faut pas s’en offusquer et bien réfléchir à cette question auparavant.
Le congé de solidarité internationale
Les congés de solidarité ont pour vocation de permettre l’engagement des salarié.e.s, en lien avec leurs compétences professionnelles. Il existe plusieurs dispositifs au nom très proche, qui sont la déclinaison de cet engagement en contexte professionnel (voir la partie Partir en congé de solidarité internationale)
Le volontariat sénior / retraité.e bénévole
Certaines associations proposent des missions spécifiques pour des personnes professionnelles séniors ou retraitées qui souhaitent mettre leur expérience et leurs compétences au service d’un projet de solidarité internationale. Les conditions varient selon les associations.
AGIRabcd : www.agirabcd.org
GREF : www.gref.asso.fr
ECTI : www.ecti.org
Pour comprendre pourquoi le volontourisme n’est pas de la solidarité internationale
Réunies en septembre 2020, les structures membres de France Volontaires (la plateforme des volontariats internationaux) ont adopté une définition commune du « volontourisme » :
Forme de tourisme conjuguant voyage et engagement volontaire, le volontourisme promet à des individus désireux de s’engager pour une cause, la découverte de nouvelles cultures tout en venant en aide à des communautés locales.
Si les intentions de départ paraissent louables, dans les faits, des organisations proposent des séjours payants dont le modèle économique repose sur les profits tirés de cet engagement volontaire, bien souvent au détriment de l’intérêt général. Jouant sur la quête de sens des personnes en désir d’engagement, ces pratiques dérogent aux principes de qualité du volontariat.
Cette « marchandisation » du secteur du volontariat entraine des dérives dont les effets peuvent être plus ou moins graves pour les communautés d’accueil comme pour les personnes participant à ces séjours.
La plateforme France Volontaires publie en juillet 2022 un rapport collectif intitulé « Lutte contre le volontourisme ». A partir de questionnaires réalisés auprès des acteurices du volontariat dans « 43 pays dans lesquels le phénomène du volontourisme semble se développer », « l’enquête a permis de dégager plusieurs tendances du volontourisme » (par exemple, il s’agit de missions courtes auprès de publics vulnérables...) et de faire des propositions pour y remédier et développer un volontariat de qualité.
Le Service volontaire international (SVI), association belgo-franco-vietnamienne qui défend une vision du volontariat non-commerciale basée sur l’action altruiste et accessible à tous, consacre une page de son site à présenter les problèmes liés au développement du volontourisme.
https://www.servicevolontaire.org/mission-volontariat/fr/non-au-volontourisme
Reportage sur le journal télévisé de la RTBF : https://www.youtube.com/watch?v=uHq8O7i7oiA
L’Association pour le tourisme équitable et solidaire s’est aussi positionnée sur la question du volontourisme.
http://www.tourismesolidaire.org/actualites/2016-09-06/tourisme-humanitaire-solidarite-ou-condescendance
Envoyé Spécial sur le volontourisme, 2 mars 2017
Chantiers inutiles, faux orphelinats, blanchiments d’argent, trafics d’enfants… Les touristes humanitaires, même avec les meilleures intentions du monde, peuvent produire des effets dangereux dans les pays qu’ils veulent « aider ». Enquête sur le business de la charité des tour-opérateurs qui proposent des « circuits humanitaires ».
Les dérives du « volontourisme » chez les étudiants
Le Monde, 28 mai 2019.
« Des agences à but lucratif ont fait de l’engouement pour l’humanitaire un florissant business. Des séjours qui se révèlent finalement peu éthiques. »
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/05/28/les-derives-du-volontourisme-chez-les-etudiants_5468320_4401467.html
Les premiers contacts
Le réseau Ritimo
Les membres Ritimo peuvent aider toute personne souhaitant s’engager en faveur de la solidarité internationale. Sont mis à disposition dans ces centres : conseils, documentation, ressources... Les animateur.rice.s des membres Ritimo proposent un accompagnement personnalisé.
Voir la liste des membres Ritimo
Les réseaux d’information jeunesse
En France, plus de 1 500 structures de proximité (CRIJ, BIJ, PIJ, CIJ, CIDJ...) mettent à disposition de la documentation concernant les possibilités de départ à l’étranger (job, solidarité internationale, etc.). Il est également possible de bénéficier de l’appui de conseillers.
https://www.cidj.com...
Quelques sites incontournables
Clong-Volontariat
Le Comité de liaison des ONG de volontariat travaille sur les questions liées au volontariat de solidarité internationale. Sur son site, sont disponibles toutes les informations concernant ce volontariat, en particulier les associations proposant ce statut.
www.clong-volontariat.org
Plateforme France Volontaires
La plateforme des volontariats internationaux d’échanges et de solidarité oriente les candidat·es vers les structures d’envois. Son site recense toutes les informations sur le statut du volontariat. France Volontaires recrute également des volontaires au départ.
www.france-volontaires.org
Le réseau des Espaces volontariats de France Volontaires propose des informations utiles à la préparation du séjour et à l’installation. On y trouve notamment de nombreux textes concernant le volontariat, des témoignages de volontaires, des informations par pays et les coordonnées des responsables des Espaces volontariats dans différents pays.
https://www.france-volontaires.org/dans-le-monde/
Pour approfondir
Partir pour être solidaire ? Ritimo, 2019, 128 pages.
Vous voulez être solidaire et partir dans un pays du Sud en organisant vous-même votre projet ou en partant avec une ONG ? Vous ne savez pas par quoi commencer, à qui vous adresser, où rechercher de l’information ?
Cette nouvelle édition répond aux nombreuses interrogations que suscite un projet solidaire.
http://www.ritimo.org/Partir-pour-etre-solidaire-617
Répertoire des associations de solidarité internationale
Cet annuaire en ligne recense les acteur.rice.s engagé.e.s dans la solidarité internationale en France. Pour chaque structure sont indiquées : ses coordonnées, ses principales activités ainsi que ses actions en France et/ou à l’étranger.
https://www.ritimo.org/Repertoire
Le volontariat : S’engager pour la solidarité internationale
Paris : Clong Volontariat, 2016, 18 pages.
Ce fascicule présente le volontariat en solidarité internationale. Par le biais de témoignages, il met en relief les différents parcours de volontaires, et ce que le VSI leur apporte en termes d’émancipation, d’autonomisation et tous les apports personnels et professionnels liés à ce type d’expérience.
www.clong-volontariat.org/wp-content/uploads/2016/05/Livret-parcours-dengagement.pdf
Guide Retour 2017, Conseils et informations pratiques pour faciliter les démarches au retour d’une expatriation solidaire
Paris : Clong Volontariat, 2017, 99 pages.
Revenir dans son pays d’origine après quelques mois, voire quelques années de volontariat n’a rien d’évident. Ce guide permet aux volontaires de trouver une réponse à de nombreux problèmes pratiques auxquels ils.elles devront faire face à leur retour : santé, couverture sociale, logement, recherche d’emploi, formation et études poursuite de son engagement...
A consulter dans les centres ritimo ou bien à télécharger sur le site du Clong
La mobilité européenne et internationale des jeunes : enjeux et dispositifs
Fiches Repères, N°53, INJEP, décembre 2020, 2 pages.
« Instrument de politique éducative, d’insertion professionnelle et sociale et de coopération internationale, la mobilité à l’international constitue un champ stratégique de l’action publique en direction de la jeunesse. Reconnue par les pouvoirs publics pour ses effets positifs, elle gagne en importance dans les politiques d’éducation et de jeunesse tout en étant de plus en plus plébiscitée par les jeunes, qui sont nombreux à la considérer comme une expérience incontournable dans leur parcours d’insertion. »
https://injep.fr/publication/la-mobilite-europeenne-et-internationale-des-jeunes-enjeux-et-dispositifs/
De l’international au local : les enjeux du volontariat de solidarité
L’expérience du Forum des acteurs et des initiatives de valorisation des engagements (FAIVE)
Cahiers de l’action : jeunesses, pratiques et territoires n°46, 2015. 71 pages.
« Face aux injonctions d’efficacité et d’évaluation des politiques publiques, comment est-il possible de comprendre et de mettre en avant les répercussions du volontariat tant sur les territoires, sur la citoyenneté que dans les parcours de jeunes ? »
https://injep.fr/publication/de-linternational-au-local-les-enjeux-du-volontariat-de-solidarite/
Le guide des volontariats internationaux d’échange
Ivry sur Seine. France Volontaires, 2019, 32 pages.
« Ce guide a pour objectif d’accompagner la préparation d’un projet de volontariat et de répondre au désir d’engagement, de rencontres interculturelles et de solidarité. Le volontariat s’inscrit dans une logique de parcours d’engagement tout au long de la vie. » « A chacun son volontariat ! Les programmes JSI et VVV-SI ; Le chantier et la mission courte ; L’engagement de service civique ; Le volontariat de solidarité internationale ; Les congés de solidarité ; Le Corps européen de solidarité ; Les autres dispositifs de volontariat international »
https://www.france-volontaires.org/app/uploads/2019/07/guide-vies-2019.pdf.
Voyageur, certes ! Solidaire, vraiment ? Boîte à outils de 50 fiches
LEPLUS, Denys , LECOMTE, Bernard, SORET, Joëlle et VADON, Christophe, Grad, SCI, Ritimo, 2006, 124 pages.
50 fiches utiles pour :
• préparer ou décrire son voyage, sa mission, son projet de coopération,
• se comparer à d’autres volontaires,
• observer et analyser les contextes,
• faire son bilan personnel,
• évaluer un projet,
• capitaliser pour échanger,
• s’orienter pour le futur.
A emprunter dans les centres ritimo : https://www.ritimo.fr/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=42752