Dans les années 70 et 80, après les décolonisations, les pays dits du tiers-monde étaient vus comme des pays pauvres, qu’il fallait assister. Cette vision a mis au premier plan l’aide et bien souvent entraîné des démarches caritatives qui ne permettaient pas d’analyser les causes de la pauvreté ni d’envisager des solutions durables.
Changer le regard du Nord sur le Sud
De nombreux acteurs : anciens coopérants, chercheurs, militants, syndicalistes, paysans etc., issus du mouvement tiers-mondiste caritatif et/ou du mouvement anti-impérialiste, ont pensé qu’il fallait briser cette vision misérabiliste du Sud pour passer à la construction de relations politiques, économiques et sociales plus justes. Ils ont appelé à d’autres relations Nord-Sud et d’autres formes de solidarité.
Donner accès à une autre information
La première étape pour modifier les regards est d’informer les populations des pays riches pour permettre au plus grand nombre de comprendre les causes de la pauvreté et des inégalités et favoriser des relations de partenariat justes et réciproques entre les populations. D’où la nécessité de construire une information différente, donnant la parole aux voix des sociétés civiles du Nord et du Sud, parlant de pays ou de sujets ignorés par les médias traditionnels, permettant de décentrer les regards et de découvrir des alternatives pour construire un monde plus juste, plus soutenable et solidaire. C’est pour répondre à ces objectifs que naissent en France les centres de documentation tiers-monde.
Travailler en réseau
En 1985 est créé ritimo (Réseau d’Information Tiers-Monde des centres de documentation pour le développement), pour permettre l’accès à une information plurielle et diversifiée sur les décolonisations, les relations Nord/Sud et la solidarité internationale.
Riches de leur diversité, nos membres, qui animaient tous des centres de documentation au départ, se sont coordonnés pour constituer une base de données bibliographique (d’abord physique, puis numérique !) et mutualiser une documentation alternative, intégrant la littérature grise et des documents inédits.
Le travail en réseau chez ritimo ne s’est pas arrêté là ! Nos membres et relais ont diversifié leurs pratiques et modes d’intervention : aux côtés des documentalistes sont arrivé.e.s des animateur·rices et éducateur·rices pour se mobiliser autour des questions de citoyenneté et de solidarités. Nos membres ont alors développé des commissions de travail pour réfléchir à leurs pratiques éducatives, à leurs pratiques documentaires, à leurs activités d’accueil et d’orientation des publics...
Par le biais de listes de diffusion, de deux AG annuelles, de commissions de travail, de formations et rencontres en région, notre réseau prouve que fonctionner de manière collective, horizontale, démocratique n’est pas une utopie !
Informer, animer, former
Ainsi, aux centres de documentation sont venus s’ajouter, au fil de l’histoire, des lieux ressources pour la solidarité mettant au cœur de leur activité l’animation, la sensibilisation, la mobilisation citoyennes. Nos membres actuels sont donc également :
- des lieux de rencontre et de formation
- des lieux d’animations, d’organisation de débats, de témoignages, d’expositions
- des producteurs de documents pédagogiques et de référence
- des acteurs de la solidarité internationale
- des médias et des acteurs du numérique
- des lieux culturels
- des éco-lieux...
Nous avons reçu en 2000 l’agrément de l’Éducation Nationale au titre des Associations éducatives complémentaires de l’enseignement public (agrément renouvelé en 2008 et 2014) et pouvons, à ce titre, intervenir dans les écoles, lycées, organismes de formation etc.
Ritimo en 10 dates
1985 : dépôt des premiers statuts ritimo
et adoption de la charte
1996 : création du 1er site Internet
2001 : lancement du dispositif relais
2004 : parution du premier guide, « Partir pour être solidaire ? »
2006 : premier agenda de la solidarité internationale
2008 : premier numéro de la collection Passerelle
2009 : première participation au Forum social mondial et premier Forum des médias libres (Bélem, Brésil)
2010 : premier cycle de formations sur Internet destiné à des publics extérieurs
2015 : adoption de la charte des médias libres à Tunis
2017 : ouverture de ritimo aux coopératives
La frise historique de ritimo
Cette frise chronologique replace l’évolution de ritimo au cœur d’une succession d’événements mondiaux politiques et sociaux classés par décennie depuis 1970. Elle a été réalisée de façon collaborative en 2018.
Y sont associés des événements liés à l’histoire de la solidarité internationale en France. La frise permet ainsi de visualiser dans leur contexte les étapes clés de l’histoire de notre réseau, depuis la création des centres de documentation tiers-monde, jusqu’à la montée en puissance par la professionnalisation, l’adaptation aux nouvelles technologies et notre participation aux mouvements altermondialiste et aux mobilisations citoyennes.
Frise à télécharger :
Sa fiche d’accompagnement :