Dans la région de Oaxaca, au sud du Mexique, chaque mois de mars a lieu un festival organisé par le Conseil des peuples unis pour la défense du Río Verde. Ce mouvement de protection de l’eau a été formé en 2007 lorsque des dizaines de communautés autochtones se sont organisées pour empêcher la construction d’un barrage hydroélectrique qui, selon elles, allait inonder leurs maisons et contaminer leur seule source d’eau. Comme dénoncé par les associations de défense des droits humains, la construction de barrages dans ce pays est souvent synonyme de déplacements de population, d’inondations de territoires, de détentions arbitraires et d’attaques à l’encontre des défenseur·ses de la nature. Depuis toutes ces années, manifestations, blocages et assemblées ont transformé la lutte en un grand mouvement anti-barrage et ont entraîné la modification des lois locales pour interdire les projets d’extraction et exercer un plus grand contrôle sur la terre et l’eau.
Cette lutte a également renforcé les liens inter-générationnels entre les communautés, qui se retrouvent désormais autour de célébrations et de festivals pour partager et transmettre leurs pratiques culturelles traditionnelles, qui s’expriment au quotidien dans la pêche, l’agriculture et la cuisine. Les plus ancien·nes se souviennent que le fleuve offrait une telle diversité de poissons et de crustacés, qu’il permettait à des familles de vivre d’une session de pêche pendant plusieurs jours. Le Río Verde est en effet un fleuve très important du Mexique, son ruissellement joue un rôle essentiel dans la reconstitution du bassin versant du Pacifique. Mais déforestation et sécheresse ont causé la disparition de nombreuses espèces.
Les menaces sont donc nombreuses et n’ont fait que raviver les liens spirituels et culturels qu’entretiennent ces communautés autochtones avec l’eau. Les tentatives de restauration des écosystèmes, autrefois foisonnants, ne feront que les honorer.