La parole de l’enfant

Introduction

Du côté de l’ECSI N° 28 – octobre 2019

, par ritimo

« Ce qui est pénible, c’est cette façon qu’ils ont de régler tous nos problèmes : vite et n’importe comment. Comme si tout ce qui nous concerne n’était qu’un insignifiant complément de leurs graves problèmes d’adultes. »

Janusz Korczak, Quand je redeviendrai petit.

Tous les jours, entre août et septembre 2018, une jeune suédoise de 15 ans fait « la grève de l’école pour le climat » devant le Riksdag (parlement suédois). En début d’année 2019, les « grèves scolaires du vendredi » se multiplient dans de nombreux pays européens. La 1e grève de l’école en France a lieu le 15 février 2019. Le 23 juillet 2019, Greta Thunberg est finalement invitée à exprimer devant l’assemblée nationale française son inquiétude sur l’inaction politique face aux dérèglements climatiques. Cette prise de parole d’une jeune femme est accueillie par la classe politique, adulte, avec beaucoup de férocité. Certain·es député·es allant jusqu’à boycotter son allocution, l’accusant d’être manipulée (par des adultes), d’autres refusant d’écouter « une prophétesse en culottes courtes », « sans légitimité démocratique ».

Montage manifestation des jeunes pour le climat. 20 septembre 2019. Paris

Si le discours d’une enfant, dont l’action a inspiré des milliers d’autres adolescent·es, n’est pas légitime, à quel moment la parole de celles et ceux qui ne sont pas encore adultes peut-elle être entendue ?
Et pour une Greta Thunberg, dont le discours est moqué mais largement diffusé, de combien d’autres jeunes, la voix nous parviendra-t-elle ? Celle d’Autumn Peltier, 15 ans, membre de la première nation de Wiikwemkoong (Canada) et militante du droit à l’eau ? De Christophe Yanuwana Toka, mobilisé au sein des Jeunesses autochtones de Guyane, contre le projet d’extraction de la "Montagne d’Or" ? De Binja Yalala, jeune femme de 17 ans, défenseure congolaise (RDC) du droit à l’éducation ? Ou encore celle d’Emma Gonzalez, survivante du massacre de Parkland (Floride) et militante pour une interdiction des armes à feu aux États-Unis ?

La parole des enfants doit-elle être « exceptionnelle » pour être entendue ? Dans ce qu’elle défend ? Dans son éloquence ?

Alors que le monde s’apprête à fêter les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), où en est le droit à l’expression des plus jeunes ? Qu’ont-ils·elles à nous dire ? Comment se manifeste, s’exprime cette parole des enfants ? Comment l’écoutons-nous, la prenons-nous en compte ? Et que peut l’ECSI ? Accompagner ? Faciliter ? Amplifier ?