Mer semi-fermée, la mer Méditerranée représente seulement 1 % de la surface des mers et des océans sur la planète. Les pays bordant la Méditerranée concentraient en l’an 2000 7 % de la population mondiale. Ses eaux sont aujourd’hui lourdement touchées par différentes formes de pollutions liées à l’activité humaine, alors même que les eaux de la mer mettent plus de 100 ans à se renouveler entièrement et qu’elles abritent une biodiversité riche qui représente 4 à 18 % des espèces connues dans le monde.
Les sources de pollution sont diverses, leurs effets aussi. Une pollution tellurique — déchets, rejets industriels et des eaux usées. Une population qui augmente chaque été du fait de la fréquentation touristique. Une pollution parfois invisible faite de microparticules plastiques, principale source de pollution de la mer. Des plateformes d’exploitation des ressources en hydrocarbures, un trafic maritime important avec son lot de dégazages et déballastages, des rejets de produits utilisés dans l’agriculture, la liste est longue. Ces nombreuses sources de pollution alertent scientifiques, organisations de la société civile et États. Car leurs effets sur les écosystèmes et sur la biodiversité mettent en danger les ressources en poissons, la richesse de la biodiversité mais aussi notre santé.
Ici nous avons tenté d’analyser l’impact de la pêche, des hydrocarbures, du tourisme et des micro-plastiques sur la qualité de l’eau. Nous vous emmenons au large des côtes françaises, dans les profondeurs des eaux libanaises, sur les sentiers maritimes de la Tunisie, à la rencontre des pêcheurs espagnols, mais aussi dans le port algérien de Skikda victime d’une marée noire il y a quelques années. Au fil des articles, nous dressons un constat, mais nous présentons également des initiatives locales ou régionales qui permettent de donner des pistes de réflexion vers des solutions durables. Des mobilisations politiques à celles de la société civile, nous posons la question des luttes en place et de leur efficacité, comme à Gabès, en Tunisie, où les associations appellent désormais à une grève générale pour pousser les autorités à agir face à la pollution générée par l’usine de phosphates.
La France est loin d’être épargnée par les pollutions industrielles générées par ses usines : reportage dans le golfe de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, où la pétrochimie d’hier et d’aujourd’hui a un impact sur la biodiversité marine, d’après des chercheurs passionnés et passionnants. L’industrie, mais aussi l’agriculture qui, elle, est responsable de la pollution des sources d’eau, des eaux souterraines et des cours d’eau sur l’ensemble du territoire. Ce qui nous emmène en Alsace où un jeune agriculteur a décidé de planter des herbes bénéfiques pour les sols sur les zones de captage d’eau. Rejets industriels et agricoles se retrouvent dans les fleuves et rivières qui terminent leur course dans la mer. Ce voyage en eaux troubles se poursuit en Turquie où les détroits du Bosphore polluent la mer mais suscite la mobilisation active des associations pour faire appliquer les lois.
De la Turquie à l’est, nous poursuivons notre voyage en Méditerranée vers l’Ouest avec une escale en Italie, où de Venise au Canal de Suez, les dégradations liées à la pollution, les destructions d’habitats, la présence d’espèces exotiques envahissantes, le changement climatique et la sur-exploitation des ressources appauvrissent la biodiversité, en perpétuelle lutte grâce à des citoyens mobilisés.
Une lutte qui se poursuit au cœur de la mer sur les îles, fragilisées par l’absence de stations d’épuration dans les villes du pourtour méditerranéen et du déversement des déchets primitifs en quantité dans certaines villes. Fragilité retrouvée dans les 626 lagunes abritées par la Méditerranée et où la sensibilisation « anti-pollution » auprès du grand public permettra leur sauvegarde. La prévention des risques pour la santé fait partie des enjeux grâce à la mise en place d’un programme de recherche.
“Ne demandez pas toujours aux autres ce qu’ils peuvent faire pour protéger la planète. Demandez-vous, chacun, ce que vous pouvez faire au quotidien pour protéger la planète. Soyez les acteurs de votre propre destin ”, a déclaré Nicolas Hulot lors du sommet pour le climat à Paris en 2017 et interrogé dans ce dossier sur plusieurs questions environnementales. Une déclaration qui fait écho aux lanceurs d’alerte qui ont réussi à faire de la pollution un débat public en Algérie et en Tunisie, et aux faibles actions des politiques en matière d’environnement.