En avril 2009, la brûlante actualité du conflit cingalais-tamoul donnait un coup de projecteur sur Sri Lanka, ex-Ceylan. En France, la diaspora tamoule se mobilisait. Des voix, persistant à revendiquer l’auto-détermination pour les Tamouls, criaient au génocide. Une grève de la faim commençait à Paris le 6 avril. Et pendant ce temps, « le conflit » était devenu « la guerre », avec son cortège d’horreurs, la centaine d’enfants tués dans les bombardements, les 50 000 civils pris au piège, l’eau potable qui manquait dans les camps de réfugiés…
Les hommes politiques y allaient de leurs visites, de leurs déclarations, dénonçant « la situation humanitaire alarmante ». Les médias s’interrogeaient : l’armée sri lankaise allait-elle venir à bout des dernières poches de résistance des Tigres tamouls ? D’aucuns regrettaient l’absence de réaction de la communauté internationale. Et quand le drame s’est dénoué, le 11 mai 2009, on comptait les morts : 2 000 en quelques jours, près de 30 000 depuis le début de l’année y compris l’offensive finale de l’armée sri lankaise. Malgré les menaces et pressions exercées auprès des journalistes, plusieurs témoignages accablants sont venus confirmer les exactions commises par l’armée sri lankaise.
Dès le mois d’août 2009, les premières élections se sont déroulées dans deux provinces du Nord tenues durant onze ans par le LTTE (Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul) avec seulement 25 à 50 % de participation. Sans surprise, les partis représentant la majorité gouvernementale sont en tête mais des formations politiques tamoules ont également obtenu des sièges.
Ces élections, qui se sont déroulées sans heurts, étaient peut-être néanmoins prématurées au vu de la situation de crise dont le pays sort à peine, avec encore des milliers de personnes (de l’ordre de 300 000) dans des camps où le droit humanitaire n’est pas appliqué.
Au final, une question taraude l’esprit de quelques-uns : pourquoi la communauté internationale s’est-elle si peu mobilisée ? Au-delà de la cruauté de ce conflit, quelles stratégies internationales, auxquelles Sri Lanka n’est pas étranger, se jouent dans l’océan Indien ? Il reste encore bien des zones d’ombre.