Guide de survie des aventures sur Internet

Des réseaux sociaux alternatifs

Fiche n°9 du Guide de survie des aventures sur Internet

, par CECIL, LDH, ritimo , Sylvain Steer

9.1 Promouvoir et défendre des réseaux sociaux respectueux des personnes

Il ne semble pas nécessaire de rappeler les dangers potentiels de Facebook pour les libertés tant ceux-ci sont documentés, et ce même si on configure correctement son compte. Un téléchargement de ses données devrait permettre de s’en convaincre, si nécessaire.

Voir par exemple les explications du site Sortir de Facebook, ou Days Since Last Facebook Scandal... et ce même pour les personnes non inscrites à Facebook.

Pour une internaute qui utilise fréquemment un réseau social, en changer est loin d’être évident. En effet, l’intérêt de tels réseaux est directement lié au nombre d’inscrit·es. Ainsi, à service équivalent ou même supérieur, beaucoup préfèrent rester sur Facebook, Twitter (ou « X »), Snapchat, Instagram, YouTube, etc. où sont présentes un grand nombre de leurs connaissances (c’est « l’effet de réseau »), plutôt que de migrer vers un autre réseau plus respectueux. Cela ne doit pas servir d’excuse, critiquer les dangers de Facebook, Twitter, Tiktok... tout en continuant d’y participer, en dévoilant sa vie privée et en travaillant bénévolement pour cette société sans chercher d’alternative a ses limites.

Pour ceux et celles convaincues de l’intérêt des réseaux sociaux, mais qui souhaitent lutter contre cette hégémonie des « réseaux publicitaires » et utiliser des services plus respectueux des libertés, ce guide recommande les alternatives suivantes.

9.2 Mastodon : une alternative décentralisée à Twitter

Si autrefois beaucoup voyaient en Twitter un moindre mal : une importante communauté, des facilités de diffusions de contenus qui ont pu jouer un rôle politique important, une praticité d’usage et des limites dans les abus capitalistes de l’entreprise par rapport à Facebook et Google – ses problèmes étaient déjà nombreux : logique publicitaire et exploitation de données, modération « obscure », design poussant à des rapports conflictuels, etc.

Depuis son rachat par le milliardaire Elon Musk et ses multiples choix idéologiques graves en faveur notamment de l’extrême droite, il parait clair que cette plateforme est désormais dangereuse à bien d’autres égards et il semble plus que temps d’arrêter de continuer à lui conférer de l’importance en lui donnant de l’effet de réseau... et ce sans pour autant retourner dans le giron d’un autre GAFAM. 

Pour qui souhaiterait limiter ce pouvoir, des alternatives plus respectueuses existent :

Si les deux premiers réseaux ont leurs intérêts, force est de reconnaitre qu’ils ne constituent pas encore une alternative complètement fonctionnelle et employée, mais ils peuvent être soutenus.

Créé fin 2016, Mastodon a toutefois réussi à réaliser une véritable percée en développant un véritable réseau social libre et décentralisé. En effet, le logiciel Mastodon permet d’installer une instance qui sera fédérée à d’autres instances indépendantes (de Mastodon, Pleroma ou autre) sur le «  Fédivers  ». Une instance est une implantation nouvelle du logiciel maintenue par une ou quelques personnes, une entreprise, une association, avec plus ou moins de rigueur quant au suivi des mises à jour, à la modération, à la stabilité du service, etc. Il existe de nombreuses instances plus ou moins grandes et, sur chacune, les gestionnaires de l’instance fixent les règles.

À l’instar des courriels, les membres d’une instance peuvent discuter avec celles et ceux d’autres instances et suivre leurs messages.

Le logiciel est libre, décentralisé et le réseau peut perdurer même si l’une des instances rencontre un problème. La multitude d’instances qui ont été créées évite de rendre les participant·es au réseau dépendant d’un seul prestataire ou organisation et ces dernier·es peuvent choisir une instance conforme à leurs valeurs. La quasi-totalité des instances ne diffuse aucune publicité ni ne trace leurs membres. Cerise sur le gâteau les «  pouets  » (équivalents des tweets) peuvent faire 500 caractères (paramètre par défaut modifiable) et être précédés si besoin d’un avertissement relatif au contenu si l’on souhaite éviter d’imposer la vision de contenus spécifiques à qui ne le souhaiterait pas.

L’intégralité du Fédivers a dépassé (en aout 2023) les deux millions de membres actifs mensuellement et continue de croitre. Il ne faut pas s’attendre à retrouver Twitter, car la configuration par défaut du logiciel Mastodon et les communautés qui y sont présentes sont différentes, mais c’est pour le mieux.

Pour le rejoindre, il faudra choisir une instance selon ses intérêts et préférences (linguistiques, de modération, de sujets...). Il est possible de les découvrir sur Joinmastodon.org/servers ou Joinfediverse.org.

Par exemple, le CECIL est sur Mastodon.xyz gérée par The Kinrar, Ritimo sur Mamot.fr (fermée aux inscriptions) gérée par La Quadrature du Net, la LDH sur Piaille.fr gérée par Thibaut et Benjamin, Root66 sur Mastodon.social et de nombreux « CHATONS » en proposent comme pouet.chapril.org géré par l’association April.

9.3 Mobilizon : rassembler, organiser, mobiliser

Financé et développé au travers de l’association Framasoft, le logiciel libre et fédéré Mobilizon est un outil qui permet de trouver, créer et organiser des évènements.

On peut aussi y publier une page pour un groupe où les membres pourront s’organiser ensemble. Conçu pour sortir du monopole de services type groupes et évènements Facebook, Mobilizon ne vise pas à accaparer l’attention ni à être centralisé. Sa conception vise à libérer l’attention des mécanismes d’auto-mise en scène et à rester focalisé sur l’essentiel : gérer les évènements, groupes, et mobilisations.

Pour découvrir cet outil, direction Mobilizon.org, en utilisant la recherche Search.joinmobilizon.org ou sur l’instance déployée par Framasoft Mobilizon.fr.

9.4 PeerTube : reprendre le contrôle de ses vidéos

PeerTube est un outil libre de partage de vidéos en ligne conçu, là encore, par Framasoft. Ce logiciel permet de créer une instance d’hébergement où des inscrit·es pourront publier des vidéos, qui pourront être regardées, partagées et commentées facilement et de fédérer ces différentes instances. C’est une alternative fonctionnelle à Youtube et même à Twitch permettant également la diffusion de contenus en direct.

De nombreu·ses vidéastes l’utilisent déjà pour permettre à leur public d’éviter d’aller sur Youtube et c’est aussi un outil très pratique pour partager de l’hébergement de vidéos entre différentes structures.

Pour découvrir Peertube, direction Joinpeertube.org, ou les instances de l’association Globenet : Videos.globenet.org ou celle du collectif Skeptikon.fr (vidéos spécialisées sur les questions d’esprit critique). Il existe aussi un moteur de recherche indexant la majorité des instances de Peertube qui peut être interrogé pour voir les vidéos existantes : Sepiasearch.org.

9.5 Diaspora, une alternative à Facebook

Le logiciel Diaspora est une alternative à Facebook. Il s’agit d’un logiciel libre, développé par la fondation Diaspora, sans but lucratif et qui a dans sa construction même la volonté de protéger la vie privée.

Ses trois concepts clés sont la décentralisation, la liberté et la confidentialité.

L’originalité de Diaspora est qu’il s’appuie sur de nombreux petits serveurs sur lesquels les données vont être réparties de façon chiffrée. On peut participer à ce réseau sans connaissance particulière en utilisant n’importe lequel des points d’inscription (appelés Pod) disponibles sur The-federation.info ou sur fediverse.observer.

Si l’on souhaite même éviter que ses données soient hébergées par un tiers, Diaspora permet de stocker ses propres données sur son serveur personnel (ce qui demande toutefois une compétence technique non négligeable). De cette structure en réseau découle la multiplication des serveurs d’hébergement de Diaspora.

Les paramètres du logiciel permettent de gérer facilement ses propres critères de diffusion (quel public, durée de visibilité...), l’outil est fluide et pratique. Sa seule limite est son faible nombre d’utilisat·ices acti·ves. En rejoignant ce réseau et en invitant ses ami·es à en faire de même on peut toutefois changer cet état de fait et continuer de bénéficier de cet outil sans voir ses données offertes en pâture aux publicitaires, aux data brokers et en reprendre un peu de contrôle.

Il est par exemple possible de créer un compte sur le pod diaspora de l’association drômoise G3L ou sur Diaspora-fr.org administré par Fla, membre de Framasoft.

L’inscription est libre !