Guide de survie des aventures sur Internet

Le système d’exploitation et le navigateur : deux outils fondamentaux

Fiche n°1 du Guide de survie des aventures sur Internet

, par CECIL, LDH, ritimo , Sx

L’achat d’un ordinateur, ou même d’un ordiphone (smartphone), se fait souvent essentiellement en fonction de caractéristiques matérielles, alors que les éléments logiciels de base sont rarement pris en compte. Il en est ainsi du système d’exploitation (Windows ou macOS) et du navigateur installés par défaut (non choisis), facturés insidieusement dans le prix total. Il reste tout de même possible de remplacer ces logiciels installés par défaut. Il existe des alternatives bien plus respectueuses des libertés, gratuites et tout aussi fonctionnelles. Ce sont les « distributions » GNU/Linux telles que Linux Mint ou Fedora pour le système d’exploitation ou Firefox pour le navigateur.

1.1 Le système d’exploitation : l’alternative des distributions GNU/Linux

Lors de l’achat d’un ordinateur, le consommateur paye, souvent sans le savoir, un système d’exploitation. Il s’agit principalement de Windows dans la majorité des cas et de macOS pour les ordinateurs Apple. Des pratiques similaires ont lieu avec les ordiphones (smartphones), qui, comme le nom français l’indique, sont en réalité bien plus des ordinateurs, capables aussi de téléphoner (voir la fiche 13). Si un système d’exploitation est nécessaire au bon fonctionnement d’une machine, rien n’oblige à recourir ou à acheter ces systèmes préinstallés. Il est possible, quoique moins commun, d’acheter un ordinateur sans ce coût supplémentaire, puis d’y installer un système de son choix compatible avec l’ordinateur.

Il existe notamment une alternative plus respectueuse des libertés des utilisateur·rices : les systèmes GNU/Linux. S’appuyant sur le même noyau Linux, de très nombreuses versions (on parle de distribution) coexistent. En plus d’être libres et gratuites, nombre d’entre elles sont d’une simplicité d’utilisation et d’installation comparable aux solutions par défaut évoquées précédemment. Il s’agit par exemple de Linux Mint, de Debian, de Fedora ou encore de Tails (The Amnesic Incognito Live System).

La deuxième fiche précise l’intérêt pour ces systèmes d’exploitation d’être «  libres  », mais au-delà ces systèmes permettent de :

  • économiser le prix d’une licence Windows ;
  • protéger des virus les plus communs (visant principalement Windows) ;
  • donner un coup de jeune à un ordinateur un peu ancien… et cela sans perdre en fonctionnalités pour les usages standards (suite bureautique, édition photo, Internet).

Envie de sauter le pas  ? Les sites des distributions précédemment citées expliquent de manière simple comment procéder (par exemple, le site doc.ubuntu-fr.org présente beaucoup d’informations et des tutoriels vidéo en français). Il en va de même pour Linux Mint. Si on redoute ces opérations qui, sans être trop complexes, demandent quand même quelques compétences, des bénévoles seront ravi·es d’aider lors d’évènements appelés «  fêtes d’installation  » (install party). La plupart sont annoncées sur « L’Agenda du libre ».

1.2 Le navigateur : un outil de base à choisir

Le passage de son ordinateur sous un nouveau système d’exploitation reste une opération qui nécessite une certaine forme d’implication et quelques efforts. À l’inverse, s’il est un outil clé sur lequel ne devrait pas transiger toute personne qui s’intéresse un peu à la protection de ses données personnelles et souhaite résister à l’emprise des monopoles, c’est bien son navigateur. Microsoft a profité de sa suprématie sur le marché des systèmes d’exploitation pour subrepticement incorporer à Windows d’autres logiciels clés : sa suite bureautique Microsoft Office et son navigateur Edge (ex Internet Explorer). Ce navigateur se retrouvait ainsi installé par défaut sur tous les ordinateurs dotés de Windows. La Commission européenne s’est saisie de ce cas et y a vu un abus de position dominante de Microsoft. Microsoft s’est alors vu contraint de proposer aux utilisateur·ices de Windows un choix entre Internet Explorer et plusieurs autres navigateurs concurrents, suggérés aléatoirement. Cette décision européenne a été inégalement respectée par Microsoft et trop de personnes n’ont pas été incitées à faire de choix. Désormais c’est l’incitation à utiliser Google Chrome qui est devenue très forte, notamment sur ordiphone. Ce pouvoir de Google s’étend même aux acteurs du marché car désormais de nombreux navigateurs (dont Edge et Brave) s’appuient sur la base de code de Chrome.

Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et donc de choisir un autre navigateur que celui imposé «  par défaut  ». Ce guide recommande le navigateur Firefox dont l’efficacité n’a rien à envier à ses concurrents. En plus d’être très performant, son éditeur, la fondation Mozilla, est à but non lucratif et place certains engagements éthiques au cœur de sa stratégie : respect des standards du Web et de l’interopérabilité, liberté et ouverture du code source, combat pour la neutralité du net, respect de la vie privée

Des éditeurs ont développé des modules complémentaires (dont le bloqueur de publicités uBlock Origin, Disconnect ou Multi-account containers qui eux aussi améliorent le respect de sa vie privée. Cela fait de Firefox un outil remarquable, qui est toutefois adopté par de moins en moins d’internautes. La fondation Mozilla n’est pas parfaite, elle a, par exemple, recours à un partenariat favorisant Google (proposé une fois encore « par défaut » comme moteur de recherche) dont elle est extrêmement dépendante financièrement. Elle a pu aussi accepter, sous la pression des industries culturelles, d’implémenter une fonctionnalité limitant les libertés (Encrypted Media Extensions). Malgré ces concessions regrettables, ce navigateur reste un très bon choix qui s’engage dans la protection des libertés et de la vie privée.

Les plus engagé·es préféreront peut-être d’autres navigateurs libres et sans concessions, tels que Palemoon ou Midori. Il est également possible d’utiliser le Navigateur Tor ou celui de Mullvad qui s’appuient sur Firefox en ajoutant des fonctionnalités de protection des communications ou même Chromium la base libre de « Chrome » sans le traçage de Google. Vous pestez contre la surveillance de masse et utilisez encore Edge ou Chrome  ! Il est temps de changer de navigateur et si possible d’aller un peu plus loin.