Pour se protéger contre ces intrusions liberticides dans sa vie privée, il faut essayer de quitter ces services. Malheureusement les solutions grand public équivalentes restent peu nombreuses. Il est difficile d’obtenir un service gratuit protégeant la vie privée et offrant les mêmes facilités. Par exemple, Lavabit a été contraint de fermer car il refusait de livrer les mails de ses abonné·es, dont E. Snowden, au gouvernement et à la justice étasunienne.
Il existe malgré tout de nombreux services de courriels en ligne « plus respectueux ». Ces différentes solutions ont des limites, mais parmi les services gratuits (d’autres sont présentés en fin de fiche), ce guide a retenu :
- Sud-Ouest2.org, (rien à voir avec le journal homonyme), hébergement associatif français à prix libre ;
- Mailo.com, hébergement privé français avec une offre gratuite limitée (500Mo) et une offre à 12€/an plus développée ;
- Tutanota.com, hébergement privé allemand gratuit pour les particuliers ;
- Autistici.org, hébergement associatif italien militant gratuit avec une incitation à soutenir via une donation ;
- ProtonMail.com, hébergement privé suisse avec une offre gratuite limitée et une offre payante plus développée de 48€/an ;
- Posteo.de, hébergement privé allemand engagé sur les questions de protection des données et les enjeux écologiques à 12€/an.
Citons également quelques offres françaises d’hébergement plus respectueuses, dépassant la seule gestion des courriels (hébergement de sites, stockage de données à distance, listes de diffusion...) ;
- l’offre associative de Zaclys.com ;
- l’offre coopérative d’Ouvaton.coop.
- Certaines de ces solutions sont comparées sur les aspects sécurité et vie privée sur Privacyguides.org/fr/email/.
Pour un usage classique de sa messagerie, toutes ces solutions sont fonctionnelles et offrent un meilleur respect de la vie privée.
Il faudra choisir ! Certaines de ces offres ont un engagement militant plus important, d’autres une fiabilité pratique ou des caractéristiques différentes (quantité de stockage, diversités des usages possibles), les efforts en termes de sécurité ne sont pas tous égaux... La localisation de l’hébergement est également un critère important (les hébergeurs étasuniens sont soumis aux réglementations liées notamment au Cloud/Patriot Act, les hébergeurs français réquisitionnables plus facilement…). Il faut relever que l’hébergement en ligne a un cout, si on en a la possibilité, il peut être préférable de le payer pour le soutenir ou pour « ne pas être le produit ».
Ces solutions reposent souvent sur des logiciels libres, tels RoundCube ou RainLoop, pour accéder à ses courriels sur le Web. Si on préfère gérer ses courriels en dehors de son navigateur, pour en disposer aussi hors connexion, ces solutions sont compatibles avec le logiciel de messagerie Thunderbird (accessible sur GNU/Linux, Windows et macOS) que ce guide recommande.
Une autre solution est d’installer son propre serveur local, sur un ordinateur dédié (permettant d’héberger un site Internet, un serveur mail...). Cette solution demande toutefois des compétences techniques, un serveur, une connexion fiable et implique de subir le risque d’être classé comme « spam » par les grands services commerciaux et d’autres désagréments similaires.
Force est de reconnaitre qu’il est difficile de quitter les services commerciaux peu respectueux si on s’y est habitué. Cela implique un changement d’adresse, un changement d’interface avec une potentielle perte de fonctionnalités, etc. Il s’agit pourtant d’une étape importante vers une meilleure protection.