Pire qu’Ortega, l’opposition à Ortega ?

, par CETRI , DUTERME Bernard

En se réjouissant publiquement de l’élection à la présidence de l’Argentine du libertarien d’ultra-droite Javier Milei, les principales figures de l’opposition nicaraguayenne se sont définitivement discréditées. Et, dans le même mouvement, elles ont conforté comme jamais le récit d’autolégitimation du régime ortéguiste.

Manifestant au Nicaragua contre le gouvernement Ortega, mai 2018.

Rappel des épisodes précédents, pour celles et ceux qui n’ont plus entendu parler du Nicaragua depuis des lustres. Années 1980, la révolution « sandiniste » – du nom de Sandino, héros nicaraguayen tué en 1934 pour s’être opposé à la mainmise des États-Unis sur ce petit pays d’Amérique centrale – est en marche. À sa tête, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) qui a réussi à renverser la dictature dynastique des Somoza (1934-1979). Au programme, récupération en souveraineté nationale, campagnes massives d’alphabétisation et de vaccination, réforme agraire et justice sociale. Mais aussi, hélas, guerre à la « contre-révolution », la « Contra », ce mouvement, essentiellement paysan, armé par le président yankee, Ronald Reagan, pour stopper « le péril communiste » qui, à ses yeux, menace toute la région, « l’arrière-cour » (patio trasero) de l’Amérique du Nord.

Le Nicaragua, présidé par le commandant Daniel Ortega, est alors un phare pour une génération d’« internationalistes » du monde entier, d’Europe en particulier, de Belgique donc, d’où débarquent à rythme cadencé des « brigadistes », des syndicalistes, des militant·es de toutes les organisations progressistes – dont le « tiers-mondiste » Centre tricontinental (CETRI) bien entendu –, solidaires de cette expérience grandeur nature, sous les tropiques, de libération nationale et d’émancipation sociale. Le 25 avril 1990 toutefois, dos au mur, les sandinistes quittent le pouvoir au terme d’élections faussées par la promesse états-unienne d’arrêter la guerre – et donc, au Nicaragua même, les pénuries, l’hyperinflation, les politiques d’austérité, le « service militaire patriotique » obligatoire, les morts… – en cas de victoire de l’opposition au FSLN.

L’après-1990

Dans la foulée, de 1990 à 2006, trois administrations néolibérales de l’État nicaraguayen vont se succéder, en bonne intelligence avec les fédérations patronales nationales, la toujours très influente Église catholique, le Fonds monétaire international et… Washington. Les politologues parlent alors de « normalisation démocratique » de l’Amérique centrale, pour nommer ce double processus concomitant (ou presque) de libéralisation politique et économique. Certes, les « externalités négatives », sociales et environnementales, de la dynamique vont affecter durablement les sociétés centro-américaines. Et les taux d’inégalité, de violence et d’émigration, repartir à la hausse. Mais les guerres contre les révolutionnaires nicaraguayens, salvadoriens, guatémaltèques… ont expiré.

Entretemps, dans les coulisses et les structures affidées, avec le butin emporté au sortir du gouvernement, Daniel Ortega et ses proches opèrent – graduellement mais résolument – une confiscation clanique du FSLN. Objectif assumé : en faire un instrument de reconquête du pouvoir, quel que soit le prix éthique et idéologique à payer. Déçus ou déchus par leur líder máximo qui se succède à lui-même au fil des scrutins internes, « la toute grande majorité des intellectuels et des mandataires politiques sandinistes des années 1980 ont quitté le parti durant ces années-là », reconnaîtra en 2017 Orlando Núñez, l’une des rares figures révolutionnaires à être restées fidèles à « Daniel ». [1]

L’après-2007

Et pour cause. L’opportuniste Ortega et sa femme Rosario Murillo (vice-présidente putative du Nicaragua dès 2007 et officielle depuis 2017) ne reculeront devant aucun pacte contre nature, aucune conciliation douteuse, aucune compromission licite ou illicite, aucun arrangement constitutionnel pour remporter les élections présidentielles de fin 2006 (avec 38% des votes valides [2]), reprendre la tête de l’État et s’y installer. De renoncements en voltefaces pour s’arroger les faveurs du très conservateur cardinal Obando y Bravo, surnommé à raison « le faiseur de présidents », le nouveau couple régnant va aussi pactiser avec l’élite financière du pays, en se partageant officiellement le pilotage du « modelo de diálogo y consenso » au mieux de leurs intérêts réciproques. Ortega lui-même expliquera, en juillet 2018, qu’aucune des 128 principales décisions économiques prises entre 2007 et 2018 ne l’a été sans l’approbation de la très libérale fédération patronale nicaraguayenne, le COSEP. [3]

Bref, sur le plan politique, le clan Ortega va très vite bétonner son hégémonie, en concentrant et exerçant l’ensemble des pouvoirs – exécutif, législatif, judiciaire, etc. – à partir de son vaste complexe résidentiel familial (« El Carmen ») sis au centre de la capitale, tout en confiant à un Conseil suprême électoral (CSE) aux ordres le soin d’organiser périodiquement des simulacres d’élections dont les résultats, chaque fois plus favorables, absolutisent son emprise. [4] Sur le plan économique, le couple Ortega-Murillo va gouverner à droite toute, au moins jusqu’à son divorce en 2018-2019 d’avec une partie du patronat nicaraguayen, dont il finira par « illégaliser » l’organisation faîtière, le COSEP, en 2023. Pour autant, les félicitations annuelles du FMI à l’endroit de la gouvernance ortéguiste ne faibliront pas, jusqu’à aujourd’hui.

Il faut dire que l’ancien révolutionnaire peut s’enorgueillir d’un relatif « miracle économique », basé pour l’essentiel sur les conditions hautement favorables offertes aux investissements directs étrangers (états-uniens, canadiens, mexicains, centro-américains et espagnols en tête) et à l’extraversion de la matrice productive nationale. Depuis le retour d’Ortega à la tête de l’État en 2007, le PIB a été multiplié par trois : de 5 à 15 milliards de dollars ! [5] Et ce, en dépit des récessions de 2009 (crise financière mondiale) et de 2018 à 2020 (répression des contestations internes et crise du covid), ainsi que de la chute puis de la volatilité des cours (très élevés jusqu’en 2015) des matières premières exportées : or, viande, café, sucre, arachides, tabac, etc. [6]

Joue également un rôle capital dans le financement du « modèle » nicaraguayen, ces trois dernières années plus que jamais, l’ampleur des « remesas », ces envois d’argent des émigré·es à leurs familles restées à domicile. Ils tutoient en 2023 les 5 milliards de dollars (83% en provenance des États-Unis), c’est-à-dire près d’une fois et demie le budget national, un tiers du PIB ! [7] On comprend mieux la tendance si l’on considère que les Nicaraguayens et les Nicaraguayennes sont environ 700 000 – 10% de la population nationale – à avoir fui le pays depuis l’emballement répressif entamé en 2018, doublant ainsi le nombre de compatriotes vivant à l’extérieur, à savoir approximativement 1,5 million de personnes, 22% du total. [8]

Le bilan social du triplement en une quinzaine d’années du revenu national est largement en deçà de ce que des politiques « inspirées de valeurs chrétiennes, d’idéaux socialistes et de pratiques solidaires » selon le refrain de la vice-présidente Rosario Murillo [9], auraient dû garantir. Comme presque partout en Amérique latine, le « boom des matières premières » a permis de diminuer sensiblement les taux de pauvreté, à coup de mesures assistancialistes et de largesses clientélistes. Mais l’après-2015 a vu repartir les inégalités à la hausse. [10] Et la concentration des richesses au sein des 300 familles les plus riches du Nicaragua, battre des records historiques. [11]] D’après la BCN [12] elle-même, la proportion de la population active dépendant du secteur informel est passée de 60% en 2009 à 80% en 2016. Et le salaire moyen réel est allé en diminuant, laissant ces dernières années 60% des familles nicaraguayennes avec des revenus en dessous du coût de la « canasta básica » (les produits vitaux du quotidien). Et environ une sur deux, sans accès sécurisé à l’eau potable.

Le bilan environnemental des politiques ortéguistes est d’ailleurs plus problématique encore. Près de 22% du pays – 28 000 km², presque la superficie de la Belgique – est aujourd’hui sous concessions minières, dont les trois quarts ont été livrées par le régime Ortega-Murillo au « grand capital » transnational, majoritairement occidental. Le Salvador et le Panama voisins se sont efforcés, eux, dans le même temps, d’interdire ou, pour le moins, de réguler la poussée « extractiviste ». Selon le Centro Humboldt Nicaragua (banni par l’Assemblée nationale ortéguiste en 2022), un tiers du couvert forestier nicaraguayen aurait fait les frais depuis le début du siècle de ce « capitalisme de prédation », c’est-à-dire de la colonisation de nouvelles terres pour l’extraction, l’élevage, la plantation de palmiers à huile, etc., à destination prioritaire du marché international.

Une série de gestes du binôme Ortega-Murillo corroborent aussi le profil résolument conservateur, mâtiné d’accents théocratiques et de providentialisme médiéval, des politiques menées depuis 2007 en matière familiale, morale et sociétale. L’inauguration en grande pompe à Managua en 2016, par le président lui-même, du somptueux Musée Saint Jean-Paul II, celui-là même qui avait ostracisé en mondovision le Nicaragua révolutionnaire des années 1980, en demeure l’exemple le plus spectaculaire. Mais la confirmation, notamment dans le code de la famille, du caractère patriarcal, voire sexiste et homophobe, de la culture dominante nicaraguayenne, tout comme la perpétuation de l’une des législations les plus prohibitives et répressives au monde en matière de contraception en sont d’autres expressions auxquelles on ne pensait pas que le « sandinisme » d’hier pouvait mener.

L’après-2018

C’est en opposition aux effets de l’une ou l’autre de ces politiques que de timides contestations – d’environnementalistes, de retraité·es, d’étudiant·es, de féministes… – ont émergé en avril 2018. Violemment réprimées par un pouvoir qui les jugea d’emblée intolérables, elles ont très vite été suivies par la mobilisation de dizaines, puis de centaines de milliers de Nicaraguayens et de Nicaraguayennes dans les rues, outrés par les niveaux disproportionnés de la répression subie. Parfois violentes à leur tour, ces protestations qui se mirent à demander le départ du couple présidentiel vont être étouffées en trois ou quatre mois à peine. Plus de 300 meurtres par balles, des centaines d’emprisonnements politiques, des milliers d’opposants poussés à l’exil. Un bilan qualifié par l’ONU de « crime contre l’humanité ». Dix à quinze fois plus de victimes civiles que lors des soulèvements réprimés de 2019 au Chili, en Bolivie ou en Équateur, des pays deux à trois fois plus peuplés que le Nicaragua.

Basculement ? Partiel. Les grands alliés du régime – Église catholique, haut patronat, droite politique… – doivent s’en désolidariser, le condamner… précautionneusement, inégalement, sans donc rallier les appels à la grève générale des contestataires anti-ortéguistes. L’ambivalence de la « communauté internationale » occidentale – sanctions individuelles d’un côté, business as usual de l’autre – laisse Ortega et sa femme poursuivre : nouvelle mascarade électorale en 2021, avec arrestation préalable de tous les candidats présidentiels potentiels, condamnés à huit ans et plus d’enfermement, puis bannis, déchus de leur nationalité et expulsés en 2023, avec deux ou trois centaines d’autres opposants. C’est la fuite en avant, paranoïaque : harcèlement et éradication systématique de tout foyer critique supposé, illégalisation et confiscation de plus de 3000 organisations sociales, médiatiques, confessionnelles, universitaires [13], traitement odieux des dizaines de prisonniers d’opinion non expulsés, etc.

Une spirale répressive dont personne n’avait prédit l’ampleur ; une fuite en avant dont, surtout, on peine à comprendre l’utilité pour un régime dont l’immunité de fait, l’impunité pleine et les coudées franches semblent assurées depuis 2018. Depuis qu’il est parvenu à établir et boulonner, avec l’écrasement dans l’œuf des contestations d’alors, un rapport de force totalement déséquilibré. Et ce, d’autant plus facilement que la « communauté internationale » a, de son côté, bien d’autres priorités sur le feu que de réfléchir aux conditions d’une démocratisation d’un (petit) pays et d’un gouvernement… dont elle continue à apprécier l’orthodoxie et l’ouverture économiques. Certes, elle en déplore les rodomontades anti-occidentales, les violations des droits humains et, surtout, le relâchement des vannes migratoires… Mais elle n’a ni la légitimité morale ni les moyens juridiques ni la nécessité politique d’y provoquer un bouleversement à la tête de l’État. Ortega et Murillo le savent et en abusent.

L’après-Ortega ?

Le couple présidentiel sait également que le changement viendra difficilement de l’opposition ou, plutôt, des oppositions, internes ou exilées, de ce qu’il en reste, de ce qu’il en a fait et de ce qu’elles se sont fait à elles-mêmes. Il sait d’abord qu’en s’affichant toujours aux couleurs du FSLN – même s’il en a trahi les orientations progressistes, socialistes et souverainistes initiales –, en ciblant la répression contre ses anciens camarades dissidents, leurs organisations ou leurs enfants [14], en clientélisant tout ce qui reste des bases populaires de ce mouvement jadis révolutionnaire, il a tué politiquement et socialement le sandinisme. Et étouffé durablement, à gauche, toute menace de poids. L’opposant ou l’opposante se réclamant aujourd’hui d’une filiation sandiniste est tenu à distance par le reste de l’opposition et décrié par cette part de l’opinion publique nicaraguayenne pour laquelle tous les malheurs du pays proviennent de la révolution rojinegra des années 1980.

Subsistent dès lors, au centre ou à droite, des oppositions composites, inconsistantes, légitimement paniquées par le climat de terreur, et donc exilées pour échapper à la prison. Une part d’entre elles a collaboré ouvertement avec l’ortéguisme jusqu’en 2018, voire, pour quelques individualités restées sur place, hésitent encore à le faire, à retenter des conciliations, à s’accorder avec le pouvoir sur de nouveaux modus vivendi ou autres « atterrissages en douceur ». Au mieux, hors Nicaragua, les tentatives d’articulation sur un plus petit dénominateur commun se succèdent, dissimulant péniblement les divergences et les rivalités d’ego. Pas de réel projet alternatif donc. Restaurer la démocratie certes, mais pas la moindre proposition en rupture avec le modèle de développement dominant, injuste et prédateur. [15]

Pire, plusieurs des principales figures de cette opposition – d’anciens candidats empêchés à l’élection présidentielle, souvent présentés par les instituts de sondage comme recueillant l’assentiment d’une majorité de Nicaraguayens – affichent résolument des positions d’ultra-droite. Comme en témoignent – exemple désastreux parmi d’autres – ces applaudissements appuyés et argumentés à l’adresse de Javier Milei, le nouveau président argentin entré en fonction en décembre dernier, dont le logiciel politique, aussi incohérent qu’extrême, outrepasse celui de ses référents Trump et Bolsonaro.

Applaudissements prodigués par l’académique Felix Maradiaga notamment, l’un des leaders les plus en vue de l’opposition nicaraguayenne, emprisonné puis expulsé du Nicaragua : « Félicitations à Javier Milei (…). Sa victoire est une brise d’air frais pour les Amériques, elle annonce des temps meilleurs face aux absurdités du socialisme qui a tant appauvri les Argentins et d’autres nations du continent. Nos meilleurs vœux ! Vive la liberté ! » [16] Ou sous la plume de l’économiste et homme d’affaires Juan Sebastián Chamorro, lui aussi pré-candidat à la présidentielle de 2021, emprisonné puis banni et expatrié : « Félicitations à Javier Milei (…) d’être le premier libertarien au monde à accéder à la présidence. Je souhaite que les Argentins puissent enfin trouver la voie du développement, une voie que les populistes leur ont refusée. (…) Le programme économique libéral de Milei est ce dont ce pays a besoin. » [17]

Ces déclarations – et d’autres, tout aussi aberrantes, relayées aux États-Unis, la main sur le cœur, par les élus républicains les plus rances – ne justifient bien sûr en rien les emprisonnements et les expulsions dont leurs auteurs ont été les victimes avant qu’ils ne les prononcent, mais elles achèvent de discréditer définitivement cette opposition aux yeux des observateurs qui, comme le Centre tricontinental, aspirent à une véritable démocratisation politique et sociale au Nicaragua. Pire, dans le même mouvement, elles confortent comme jamais le récit d’autolégitimation du régime Ortega-Murillo. Celui qu’il rejoue, à bride abattue, depuis 2018, et la tentative de « coup d’État orchestré par l’empire yankee » dont il répète avoir été victime. Le récit d’un petit pays du Sud, souverainiste et socialiste, harcelé par l’Occident impérialiste.

L’imposture, l’opération mystificatrice est d’autant plus aisée à mener par l’ancien commandant révolutionnaire qu’elle fait toujours sens pour une part significative de la gauche latino-américaine, nord-américaine et européenne qui en est restée au schéma « révolution vs contre-révolution » des années 1980-1990. Tellement aisée qu’en matière de relations internationales, de votes à l’ONU, de rapprochements diplomatiques, le Nicaragua ortéguiste s’affiche désormais, sans plus la moindre inhibition, dans le « camp » des ennemis de l’Occident. Plus solidaire même que n’importe quel autre pays, à coup de surenchère déclaratoire, avec la Russie de Poutine, l’Iran des ayatollahs, la Syrie de Bachar el-Assad, la Corée du Nord de Kim Jong Un, la Chine de Xi Jinping… [18] Tout en gardant – sans s’en vanter – comme principal partenaire commercial, les États-Unis, d’où proviennent et où partent toujours, bon an mal an, la moitié des importations et des exportations nicaraguayennes.

Bref, tant qu’au Congrès des États-Unis, les vieux ennemis de ce qu’ils appellent « la troïka de la tyrannie » (Cuba, Venezuela, Nicaragua… toujours amalgamés) ne parviennent pas à refaire de leur croisade « anticommuniste » latino-américaine une priorité nationale, le couple Ortega-Murillo n’a pas trop de soucis à se faire du côté des menaces extérieures. Quant à l’opposition interne, il l’a muselée, étouffée, dissuadée, expulsée, éparpillée, quand elle ne s’est pas rendue elle-même infréquentable. Il ne pourra y avoir un « après-régime actuel », déduit-on de certaines analyses sous cape, que si les soutiens nationaux au clan présidentiel – militaires, policiers, institutionnels… – en viennent à se fracturer, à se jalouser, à anticiper la sénilité d’Ortega, à se méfier de Murillo, à déjouer les plans dynastiques. Il faudrait alors, pour peser dans le rapport de forces, pour renverser le pouvoir illégitime, que des centaines de milliers de Nicaraguayens et de Nicaraguayennes redescendent dans la rue, comme en 2018. Mais avec la promesse cette fois que le bras armé du régime – les paramilitaires ortéguistes, la police et l’armée – n’utilise pas ses fusils. Ou qu’il les retourne.

Voir l’article original sur le site du CETRI

Notes

[1Dans B.Duterme, Toujours sandiniste, le Nicaragua ?, Bruxelles, Couleur Livres, 2017. Entièrement accessible ici : https://www.cetri.be/Toujours-sandiniste-le-Nicaragua-4475

[2L’un des résultats du « pacte » passé en 1999-2000 entre le président d’ultradroite Arnoldo Alemán et Daniel Ortega fut la modification de la loi électorale, abaissant le seuil d’éligibilité pour l’élection présidentielle à 40 % (à 35% en cas d’écart d’au moins 5% sur le deuxième candidat) des votes exprimés dès le premier tour.

[4Avec, pour les trois dernières élections présidentielles, 62,5 % des votes exprimés en faveur d’Ortega en 2011, 72,4 % en 2016 et 75,9% en 2021 (chaque fois en un seul tour). À noter également que, depuis les dernières élections municipales de 2022, la totalité des 153 municipalités du Nicaragua sont désormais officiellement gouvernées par le parti présidentiel.

[6Lire notamment Mónica Baltodano, « Nicaragua : el caníbal neoliberalismo de Ortega », 11 décembre 2023, https://www.cetri.be/El-canibal-neoliberalismo-de.

[7Banco central de Nicaragua – BCN, https://www.bcn.gob.ni/.

[8https://confidencial.digital/migrantes/.

[12Banco central de Nicaragua – BCN, https://www.bcn.gob.ni/.

[13Dont, par exemple, en août 2023, l’Universidad Centroamericana (UCA) elle-même, la plus importante du pays, proche des idéaux sandinistes de libération nationale et d’émancipation sociale, dont six responsables jésuites ont été massacrés (en raison de cette proximité idéologique) par un « bataillon d’élite » de l’armée salvadorienne le 16 novembre 1989 sur le site frère de la UCA à San Salvador. Le régime ortéguiste accuse aujourd’hui la UCA de « terrorisme », de « trahison de la confiance du peuple nicaraguayen » et de « transgression de l’ordre constitutionnel ». Le CETRI qui a régulièrement coopéré avec la UCA en recherches, enseignements et publications, depuis les années 1980 jusqu’il y a peu, a notamment signé et relayé cet appel collectif : https://www.cetri.be/Nicaragua-Declaration-sur-la.

[14Un indicateur parmi d’autres : selon l’ex-commandante guérillera Mónica Baltodano, au 31 décembre 2018, le dernier jour de l’année de l’écrasement des contestations, quelque 70% des prisonniers politiques d’Ortega étaient… sandinistes. Lire notamment : https://www.cetri.be/Nicaragua-a-40-ans-de-la. Un autre indicateur : le profil des organisations interdites ou confisquées par le régime depuis 2021. La majorité de celles-ci ont été créées pendant la révolution des années 1980 ou par la suite, par des acteurs de parenté ou d’affinité sandiniste. C’est par exemple le cas de la plupart des (anciens) partenaires au Nicaragua, aujourd’hui « illégalisés », des ONG progressistes belges : Oxfam-Solidarité, CNCD-11.11.11, Entraide et Fraternité, Solidarité socialiste…

[15Lire aussi Jimmy Gómez Rivera, « Où en est l’opposition nicaraguayenne ? », CSPN, 23 octobre 2023, https://www.cetri.be/Nicaragua-1979-2023-De-la ; ou encore María Teresa Blandon, « Épineuse, la question de l’opposition au Nicaragua », CETRI, 4 janvier 2021, https://www.cetri.be/Epineuse-la-question-de-l.

[17Le 20 novembre et le 10 décembre 2023 sur X (ex-Twitter).

[18À propos du rapprochement avec la Chine, ce n’est que le 10 décembre 2021 que le Nicaragua ortéguiste a annoncé reconnaître Pékin et non plus Taipei : « La République populaire de Chine est le seul gouvernement légitime qui représente l’ensemble de la Chine, et Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois » (cité par Le Monde du 11 décembre 2021). Daniel Ortega a ainsi tourné le dos, du jour au lendemain, au premier donateur bilatéral du Nicaragua, Taïwan, après en avoir chanté les louanges et soutenu la souveraineté publiquement et à moult occasions, depuis son retour au pouvoir en 2007. Le Guatemala et le Belize sont les deux derniers pays de l’isthme qui reconnaissent encore l’île.

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Cet article a été publié le 25 janvier 2024 sur le site du CETRI, avec lequel ritimo a établi un partenariat éditorial.