La lutte pour la survie et la justice climatique en Afrique du Nord

Le changement climatique et la lutte des classes

, par NUMSA

Déclaration du National Union of Metal Workers of South Africa (NUMSA - syndicat national sud-africain de la métallurgie) en 2012.

L’accumulation du matériel, c’est-à-dire la compilation mécanique et interminable des biens, est considérée comme du progrès, mais elle n’a aucun avenir. Si nous voulons empêcher l’effondrement de la capacité d’absorption et de la résilience de la Terre, nous devons arrêter de voir les écosystèmes comme étant seulement des ressources pour la croissance économique ou comme simplement des objets pour les politiques de développement. Bien évidemment, il faut admettre que l’humanité existe en communauté, voire en relation avec les autres êtres humains et en tant que partie prenante de la Nature, sans entrer dans un rapport de domination

Membres de NUMSA, le syndicat national sud-africain de la métallurgie, marchant à travers le quartier d’affaires au centre de Durban, le 12 septembre 2013.

Nous notons que :

1- Depuis le dernier congrès, un travail considérable a été effectué au sein du syndicat national sud-africain de la métallurgie (NUMSA) pour faire du changement climatique un enjeu syndical.

2- En août 2011, le Congrès des syndicats sud-africains (COSATU) a adopté des principes pour guider la fédération et ses affiliations dans leur engagement sur la question du changement climatique. Les affirmations ci-dessous font partie intégrante de ces principes :

2.1- L’accumulation capitaliste est la cause sous-jacente des émissions excessives de gaz à effet de serre, et par conséquent du réchauffement global et du changement climatique.

2.2- Une nouvelle voie de développement à faibles émissions de carbon devra offrir des emplois décents et qui éliminera le chômage est nécessaire.

2.3- Tous les Sud-africains ont droit à une énergie propre, saine et abordable.

2.4- Une transition juste vers une économie résiliente à faibles émissions de carbone est exigée.

2.5- La solidarité africaine est essentielle dans la lutte pour l’atténuation des émissions et l’adaptation au changement climatique.

2.6- Un accord international ambitieux et juridiquement contraignant, conçu pour limiter l’augmentation de la température globale à un maximum de 1.5°C, est essentiel.

2.7- Les pays développés doivent payer leur dette climatique.

2.8- Le transfert de technologies aux pays en voie de développement ne doit pas être entravé par les droits de propriété intellectuelle.

2.9- La position du gouvernement sud-africain dans les processus de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) doit bien représenter les intérêts du peuple.

3- Le gouvernement sud-africain dispose d’une politique sur le changement climatique sous la forme d’un Livre Blanc contenant les stratégies nationales d’adaptation au changement climatique, adopté en octobre 2011.

4- La politique du gouvernement sud-africain sur le changement climatique appelle à :

4.1- l’obtention de résultats en termes de réduction d’émissions dans chaque secteur et sous-secteur de l’économie, d’ici 2013.

4.2- des budgets carbone, d’ici 2013, pour les secteurs ou sous-secteurs responsables de grandes émissions des gaz à effet de serre.

4.3- des plans d’atténuation contraignants pour les entreprises et les secteurs (ou sous-secteurs) économiques pour lesquels les réductions nécessaires des émissions ont été établies.

4.4- des stratégies d’atténuation sectorielles et de développement à faibles émissions de carbone.

4.5- des plans sectoriels pour une résilience dans l’emploi (SJRPs), qui exploreraient la synergie entre les stratégies d’atténuation et d’adaptation, et le potentiel d’une création nette et durable d’emplois dans chaque secteur.

Nous réalisons que :

1- La manière dont nous nous détournons des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables est au centre de la question du changement climatique.

2- Le changement climatique ne peut pas être résolu séparément de la résolution de la crise capitaliste, qui est une guerre de classes globale.

3- Le changement climatique ne peut pas être arrêté sans dépasser le capitalisme.

4- Les négociations climatiques entreprises sous l’égide du CCNUCC sont en défaillance car elles ne laissent aucune place pour le dialogue et parce que le capital et le travail sont toujours positionnés l’un contre l’autre.

5- Les solutions pour le changement climatique et le réchauffement global ne viendront pas des gouvernements.

6- Seule la classe ouvrière mondiale est en mesure de se battre pour une atténuation et une adaptation au changement climatique. On ne peut pas attendre nos gouvernements pour faire ce travail.

7- Bien qu’il y ait un risque que les différentes sections de la classe ouvrière soient dressées les unes contre les autres, le changement climatique pourrait être une importante lutte unificatrice.

Par conséquent, nous avons décide que  :

1- Il est nécessaire que nos combats établissent une liaison entre les luttes pour le changement climatique et les luttes anticapitalistes globales.

2- En tant que NUMSA, nous approuvons les 15 principes adoptés par le Comité central exécutif du COSATU, comme base pour un engagement dans les pourparlers sur le changement climatique.

3- Mettre fin aux guerres (particulièrement celles menées par les Etats-Unis qui ont une empreinte de carbone très élevée, et qui sont exemptées de calculs d’émissions) doit être un élément essentiel dans nos efforts pour combattre le réchauffement global.

4- La nationalisation et la socialisation des hydrocarbures comme le charbon sont des points centraux de la lutte contre le changement climatique. Ceci permettra un contrôle politique des industries et assurera que les revenus économiques de ces combustibles fossiles restent dans le pays.

5- Pour éviter qu’une "transition juste" ne devienne un autre concept capitaliste, la voie vers une économie à faibles émissions de carbone doit être basée sur la propriété (qui est démocratique, sociale et contrôlée par les travailleurs) des moyens essentiels de production et de subsistance. Il est impératif d’avoir une planification collective à long terme, des richesses, de la production et de la façon de répondre aux besoins.

6- La planification collective et démocratique est nécessaire, afin de mettre en œuvre des interventions d’une portée considérable, aux proportions nécessaires et au rythme requis. Ceci doit être fait d’une manière qui éviterait aux travailleurs d’assumer tous les coûts de la transition.

7- Etant un syndicat, nous devons rejeter les solutions axées sur le marché et nous devons maintenir qu’il n’est pas possible de posséder la nature car nous faisons partie de celle-ci. NUMSA et COSATU doivent demander au gouvernement de revoir les Mécanismes de développement propres (MDP) et les autres éléments du commerce de carbone, promus par les institutions financières globales en Afrique du Sud.

8- Il est essentiel de développer des voies qui éviteraient les "solutions" qui dressent les travailleurs dans une partie du monde contres les travailleurs d’autres parties.

9- La question de la reproduction ainsi que celle de la terre sont centrales pour la lutte contre le réchauffement climatique. Les luttes des femmes sont donc essentielles, tout comme la lutte des travailleurs du secteur informel qui sont les plus vulnérables parmi tous les travailleurs.

10- L’alliance avec d’autres organisations, particulièrement la société civile et les communautés rurales, est cruciale dans nos efforts autour du changement climatique.

11- Une auto-éducation concertée sur le changement climatique pour nos membres est nécessaires.

12- NUMSA sera proactif dans le développement de plans d’atténuation, de budgets carbone, de plans sectoriels pour une résilience dans l’emploi (SJRPs), d’atténuation sectorielle et de stratégies de développement à faibles émissions de carbone, avancés par le Livre Blanc, et des stratégies nationales d’adaptation au changement climatique.