Partir ? ou rester pour être solidaire ?

Podcast

, par Rédaction

Dans ce mini-podcast, ritimo revient sur les multiples façons d’être solidaire, sans forcément passer par un projet de solidarité international à l’étranger. De fait, pas besoin d’aller bien loin pour être solidaire ! Travailler avec des associations de défense des droits humains, militer pour la justice climatique, faire des choix différents en tant que consommatrices… Ou encore, informer et s’informer différemment !

Le guide pratique ritimo « Partir pour être solidaire ? » répond aux nombreuses interrogations que suscite le fait de mener à bien un projet solidaire dans un pays du Sud. Développant ces idées et d’autres encore, c’est un outil indispensable pour toutes celles et ceux qui veulent réfléchir avant d’agir.

TRANSCRIPTION

“— Punaise. Saleté de Covid. Les frontières du Nigéria sont encore fermées. Tellement relou...
— Ah ouais, c’est vrai, tu devais pas aller faire un séjour là bas, toi ?
— Ouais, avec la fac on a monté un projet de solidarité internationale. Punaise j’avais tellement hâte d’y aller, sérieux, j’en peux plus de la France. Et puis avec l’ambiance morose et tout, ça m’aurait pas fait de mal de me sentir utile auprès de gens qui en ont vraiment besoin, tsé...
— Ah nan mais par contre, y’a pas qu’au Nigéria qu’il y a des gens qui ont besoin d’aide ! T’as vu le nombre de tentes dans les rues de Paris ? Même si tu peux pas aller là-bas, si c’est pour être solidaire, c’est pas les initiatives qui manquent, hein ! Y’a tellement de trucs à faire pour lutter contre les injustices, en commençant en bas de chez toi..."

De fait, pas besoin d’aller bien loin pour être solidaire ! Surtout que pour changer le monde, il faut d’abord bien le comprendre. Parce qu’il ne s’agit pas de se concentrer sur les effet – que ce soit la pauvreté ou les conflits — mais bien sur les causes... qui sont multiples, complexes, et à échelle internationale ! Les racines des nombreuses injustices et violences qu’on voit de par le monde, ce sont souvent des choix économiques et de décisions politiques qui font un système, et qui sont difficiles à enrayer. 

Ici et là bas, nos histoires sont indissociables, et les pays occidentaux ont de très lourdes responsabilités...

S’engager suppose de tenir compte du contexte global. Nous vivons dans un monde interdépendant. Le changement climatique ou la pandémie de Covid-19 le démontrent aujourd’hui de façon évidente. 
Ce qui se passe quelque part – la misère, les guerres, les atteintes à l’environnement, les déplacements de populations - a des conséquences ailleurs. Nos choix, qu’ils soient individuels, comme les choix de consommation, ou collectifs, comme les modes de production agricole et industrielle– impactent aussi toute la planète. 

Nos gouvernements, et les grands groupes économiques basés dans les pays du Nord, portent une lourde responsabilité dans la marche actuelle du monde, dans la montée des injustices, de la violence et de la pauvreté. 

  • On pense à Total, fleuron de l’industrie pétrolière française, qui finance la junte militaire birmane — et ses violations systématiques sur les droits humains.
  • On pense au groupe Bolloré et l’affaire des accaparements de terre dans tout le continent africain.
  • On pense aux marchands d’armes français qui vendent, de façon plus ou moins licite, des armes dans les zones de conflit.
  • On pense à l’industrialisation européenne, et plus largement occidentale, des 150 dernières années, et à son poids dans la crise climatique actuelle.
  • On pense aux émeutes de la faim de 2008, provoquée par la flambée des prix sur les marchés internationaux, due à la spéculation... du fait d’actionnaires bien souvent occidentaux. 

Nos pays ont une lourde responsabilité dans la plupart des crises mondiales, qu’elles soient politiques, économiques ou environnementales. Or, sur ces gouvernements et ces multinationales, c’est en France, plus qu’au Burkina Faso, qu’on a des leviers d’action ! 

Et donc concrètement qu’est-ce qu’on peut faire ?

Chacun et chacune peut suivre une trajectoire différente pour commencer à agir. Même près de chez soi, on peut être utile de diverses façons  ! Pour défendre les droits, agir contre les injustices, protéger l’environnement...
La solidarité peut s’exercer localement, par le biais de nombreuses associations et organisations. 

  • C’est travailler avec les migrant·es, les réfugié·es et les exilé·es, et avec les organisations qui luttent pour que leurs droits soient respectés. De fait, celles et ceux qui fuient des situations de vie insupportables sont accueillies, comme on le sait, par des barbelés, la police aux frontières, et des OQTF. La solidarité internationale avec les femmes afghanes en proie au régime taliban, c’est d’abord assurer leur accueil en Europe ! 
  • Ou alors, c’est travailler avec des associations de défense des droits humains, par exemple en soutenant des campagnes internationales : pour l’interdiction internationale des mines anti-personnel ; pour contraindre les multinationales à respecter l’environnement et les droits humains ; ou encore pour que la France retire son soutien - politique et commercial - à tel régime autoritaire... 
  • C’est militer pour la justice climatique, pour que la France assume sa juste part dans les efforts mondiaux pour la transition énergétique. Si la crise climatique affecte en premier lieu les pays du Sud, c’est au Nord qu’il faut faire pression pour que les sommes nécessaires soient investies dans cet immense chantier international... 
  • C’est aussi faire des choix différents en tant que consommatrices. C’est privilégier certains produits issu du commerce équitable, éthique ou de filières locales ; et c’est en boycotter d’autres parce qu’ils ont été fabriqués dans des conditions inacceptables… les moyens d’être solidaire au quotidien sont nombreux et concernent (presque) tous les aspects de notre vie : comment on mange, comment on s’habille, où est ce qu’on épargne, quelle musique on écoute et quels films on regarde... 

Informer et s’informer, c’est déjà un enjeu de solidarité ! 

Changer le monde, c’est d’abord changer nos regards et nos postures. Si on fait toujours la même chose, on obtiendra pas des résultats différents ! Et le premier pas pour ça, c’est de s’informer, et de s’informer différemment. Pour mieux comprendre les causes de la pauvreté et des inégalités, et favoriser des relations justes et réciproques entre les populations. 

S’informer différemment passe aussi par le choix des sources. Il est indispensable de construire une information différente, donnant la parole aux sociétés civiles du Nord et du Sud. Ces sources alternatives abordent des sujets souvent oubliés par les médias traditionnels, et permettent de décentrer les regards, de questionner nos idées reçues, et d’écouter les premier·es concerné·es. 

Peut être vaut-il la peine, aussi, de prendre le temps de repenser ce que veut dire « être solidaire. » Pendant longtemps, la solidarité internationale s’est donné pour mission de développer des pays considérés comme « sous- ou pas assez développés », dans le but de rattraper un certain niveau de développement économique et technique. La croissance était alors le principal indicateur de progrès. 

A l’heure de la crise environnementale, sociale et politique actuelle, les dérives d’une telle approche de la solidarité et du développement sont évidentes. Il faudrait donc réfléchir à de nouvelles approches…

Par exemple, l’idée de décroissance propose de rompre avec le concept et les pratiques du « développement » fondé sur une croissance économique illimitée, au détriment de la nature et des peuples du Sud notamment. Ou encore, la perspective d’une écologie sociale et décoloniale permet de penser l’urgence. Elle cherche à préserver les écosystèmes et, dans le même temps, à s’attaquer aux structures socio-économiques responsables des oppressions et des discriminations.

De façon plus générale, face aux valeurs de compétition, de repli sur soi, ou d’appât du gain… on peut cultiver une toute autre façon d’être au monde, en mettant en pratique la solidarité et la réciprocité dans toutes nos relations. Dans cette perspective, les savoirs et les pratiques venues d’ailleurs, des pays du Sud et des peuples autochtones par exemple, sont des apports incroyablement riches et importants pour la construction de cette autre monde, où tous les mondes aient leur place. 


Le guide pratique ritimo "Partir pour être solidaire ?" répond aux nombreuses interrogations que suscite le fait de mener à bien un projet solidaire dans un pays du Sud. Développant ces idées et d’autres encore, c’est un outil indispensable pour toutes celles et ceux qui veulent réfléchir avant d’agir. Alors, rendez-vous sur la boutique du site ritimo, à www.ritimo.org