Malgré les engagements fracassants de la marque, salaires de misère et violations des lois du travail persistent dans ses chaînes de sous-traitance
Le Collectif Éthique sur l’étiquette et la Clean clothes campaign publient le rapport « H&M Turn Around – H&M, un demi-tour s’impose » : il révèle que, 5 ans après l’engagement pris par H&M selon lequel 850 000 travailleurs chez ses fournisseurs les mieux notés gagneraient un salaire vital en 2018, des salaires de pauvreté, bien loin du niveau nécessaire pour subvenir à leurs besoins fondamentaux et à ceux de leur famille, demeurent la réalité.
L’enquête a été menée auprès de 62 travailleuses et travailleurs dans 6 usines fournissant H&M en Turquie, en Bulgarie, en Inde et au Cambodge. Les témoignages sont sans appel :
– En Inde et en Turquie, les travailleurs gagnent environ un tiers du salaire vital estimé
– Au Cambodge, les travailleurs gagnent moins de la moitié du salaire vital
– En Bulgarie, pays européen, c’est à peine 10% du salaire vital estimé que touchent les travailleurs
Corollaire inévitable de ces salaires de pauvreté : les travailleurs réalisent de nombreuses heures supplémentaires, dans le seul but de couvrir leurs besoins de base – jusqu’à 44h supplémentaires hebdomadaires en Bulgarie ; journée de travail s’étalant de 8 heures à minuit en Turquie ; 12 heures quotidiennes de travail au minimum en Inde.
De nombreux travailleurs souffrent en conséquence de malnutrition, et s’évanouissent de fatigue dans les usines.
Ces sommes sont à mettre au regard des 2,6 milliards de dollars de bénéfice réalisés par H&M en 2017, et la communication déployée par la multinationale, chantre de la fast fashion, mode jetable à bas prix, pour mettre en avant ses engagements en matière environnementale et sociale.
H&M communique volontiers sur la question du salaire vital, dont il a bien compris qu’il était un enjeu crucial. Mais au-delà des annonces fracassantes, et des mesures cosmétiques sans réel impact autre qu’alimenter une politique de communication, le modèle économique n’évolue pas : fondé sur la minimisation des coûts de production, les salaires bas en sont le pilier. C’est ce modèle qu’il faut faire évoluer.
H&M, comme l’ensemble des multinationales, doit respecter son obligation de vigilance, comme l’impose la loi française du même nom adoptée en mars 2017. Il ne peut profiter du moins disant social dans les pays de sous-traitance, et doit s’assurer que son activité économique ne se fasse pas aux dépens des droits humains fondamentaux au travail.