En Colombie, la société civile se bat pour la paix

, par NACLA , CHOHAN Jaskiran Kaur, RAMIREZ MONTENEGRO Veronica

Cet article du NACLA propose un retour (important) sur les récentes mobilisations qui ont secoué la Colombie depuis le début de l’année 2019. La « Minga » (ce qui veut dire « travail collectif » en quechua), principalement composée de paysan·nes indigènes et Afro-colombien·nes rurales·aux, bloque depuis plusieurs mois l’axe routier principal qu’est la Panaméricaine. Ce mouvement social dénonce le démantèlement des accords de paix de 2016 et le blocage de la Juridiction spéciale pour la paix de la part du gouvernement d’Ivan Duque.

Le texte analyse dans un premier temps les forces qui ont oeuvré à la victoire du « Non » au référendum de 2016 au sujet des accords de paix. L’instrumentalisation de la désinformation au sujet de « l’idéologie de genre » et la renaissance d’un puissant sentiment anti-communiste de la part de la droite dure a joué un rôle important.

Dans un second temps, les autrices analysent les enjeux politiques autour de la mise en place du système et des institutions qui devront mener les politiques de justice et réparations aux victimes du conflit armé. La nomination du directeur du Centre national de la mémoire historique, la création de « circonscriptions spéciales pour la paix » au Congrès, ou encore le renouvellement de la Loi des victimes et de la restitution des terres [qui assure le financement des institutions clés qui mènent les politiques de réparations, dont la restitution des terres que les déplacé·es ont dû abandonner pour fuir le conflit], qui arrivera a terme en 2021.

Enfin, l’article rappelle que la pression des mouvements sociaux (assemblées populaires de rue, manifestations, Camp de la paix, blocages de route) est cruciale pour la survie du processus de paix, tout comme la solidarité de la diaspora colombienne dans le monde. Cependant, les personnes mobilisées pour la paix paient un lourd prix, puisque des défenseur·es des droits humains et activistes sont systématiquement assassiné·es dans ce pays, à un rythme qui s’est accéléré depuis l’arrivée au pouvoir de Duque. Ce sont particulièrement les représentant·es de communautés rurales, indigènes et afro-colombien·nes, qui sont les premier·es touché·es.

Malgré la violence systémique exercée contre elle, la société civile ne démobilise pas. Une grande grève nationale unit les étudiant·es, syndicats, ONG, Minga, organisations politiques. Des rencontres nationales s’organisent pour exiger la protection des défenseur·es des droits. « Entendre leurs voix et se souvenir de leur histoire n’a jamais été aussi important qu’au moment où le fait de réduire au silence les dirigeant·es sociales·aux et les activistes de la société civile est une stratégie centrale dans la prolifération du conflit ».

Lire l’article en anglais sur le site de NACLA