D’autres journalismes sont possibles

, par NACLA , HERNÁNDEZ Lizbeth

Partageant ses réflexions autour de son expérience dans le média indépendant Kaja Negra, une journaliste mexicaine revient sur les bases oppressives de nos médias. Son aspiration : réimaginer.

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Manifestation contre la violence de genre dans la ville de México. Les féministes ont lourdement souligné le fait que les médias tendent à taire les exigences des femmes, et à discréditer leur propositions. Crédit : Una Isla (CC BY-SA 4.0)

Tout a changé avec la Covid-19 : le monde, nous toutes, nous tous. Certains de ces changements sont plus perceptibles que d’autres. À plus d’un an du début de la pandémie, dans les différents contextes que l’on a dû traverser, nous avons vécu différentes émotions, questions, deuils, douleurs, peurs, besoins, joies et surprises. La grande constante reste l’incertitude. Qu’est ce qui vient après ? Comment se situer face au présent et face à une idée que l’on peut se faire du futur ? Ces questions, émotions et incertitudes touchent également les journalistes et les médias.

Selon le rapport El periodismo y la pandemia, (« Le journalisme et la pandémie ») réalisé par le Centre International pour le Journalismpe (ICFJ) et le Centre Tow pour le Journalisme Numérique de l’Université de Columbia, pendant la première vague de la pandémie, on a découvert que 70 % des personnes interrogées (sur 1406 entretiens en anglais) soulignait l’impact psychologique et émotionnel d’avoir à gérer la crise de la Covid-19. Rajoutons à cela les préoccupations liées à la charge de travail intense, l’isolement social et le risque de contracter le virus. La « désinfodémie » et la prolifération des fausses nouvelles ont également intensifié le stress dans le panorama journalistique. En Amérique Latine, on a pu observer un scénario semblable : en outre, on a vu des licenciements massifs, le manque de ressources et/ou de formation pour que les journalistes continuent de faire leur travail pendant la pandémie. Tout cela, dans un contexte polarisé ou de luttes sociales, ou encore dans des pays où, d’emblée, le fait d’exercer son travail de journaliste implique des risques graves liés aux agressions de la part de gouvernements locaux ou de groupes criminels, comme au Mexique.

Tout ceci pose un cadre pour l’émergence de plusieurs questions. Quel journalisme voulons-nous et de quel journalisme avons-nous besoin présentement ? De quel type de média et de journalistes ont besoin les personnes aujourd’hui ? Combien de médias et de projets indépendants survivront dans les prochaines années ? Les transformations profondes au sein des médias concernant les conditions de travail, auront-elles lieu ? Est-ce que les obsessions et les tentatives frénétiques de nombreux médias, traditionnels et en ligne, de dépasser ou de prospérer sur Twitter, TikTok et Instagram, vont continuer ? Comment se transforment les concepts d’information, de vérité, de nouvelles, entre autres ? Est-il possible de tracer de nouvelles routes pour le journalisme ? Ce ne sont que quelques-unes des interrogations que j’ai vu passer, et que je me suis moi-même posées.

Pour celles et ceux qui, comme moi, travaillons dans des médias alternatifs, il est coutume de dire que nous cherchons à rompre avec les logiques imposées par les médias traditionnels et le « véritable journalisme ». Est-il réellement possible de rendre cela viable ? Qu’est-ce que cela implique ? A Kaja Negra, nous avons toujours cherché à raconter des histoires sous différents angles, différents formats, différents lieux d’énonciation et à des rythmes très différents de ceux des médias traditionnels aux mains des grands groupes économiques.

Nous avons mis des années à imposer de façon plus claire notre pari, non seulement en termes de contenus/d’histoires, mais aussi en allant au-delà : en termes de structures, de motivations plus essentielles comme la philosophie qui sous-tend un projet, et ce que chaque membre désire, personnellement et collectivement. Le processus suit son cours.

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