Les langues, outils d’oppression ou de résistance ?

Une expérience pour échanger sur le statut des langues dans nos espaces sociaux

Langues et espaces sociaux

Contexte
Cette expérience a été menée lors des échanges au sein de la commission « démarches éducatives de solidarité internationale » de ritimo.

Public cible
A partir du collège

Objectifs visés

  • Prendre conscience de la multiplicité des langues parlées au sein d’un groupe donné
  • Rendre visibles les hiérarchies créées entre elles et les espaces sociaux auxquelles elles sont assignées
  • Interroger la notion d’oppression linguistique et illustrer les luttes pour la reconnaissance de toutes les langues.

Étape 1 : Prendre langue

L’atelier démarre par un exercice de connaissance. Les participant·es sont invité·es à répondre à trois questions :

  • Quelle est la langue « rare » que j’ai pu apprendre/découvrir
  • Quel est le mot d’origine « étrangère » que j’utilise tous les jours
  • Quelle est la langue que je choisirais comme langue de travail si j’étais diplomate/commerçant-e
    Après avoir pris un temps de réflexion, les participant·es sont invité·es à échanger en binôme sur leurs réponses.

Étape 2 : Cartographier nos langues

Les participant·es sont invité·es à dessiner leurs différents « cercles d’appartenance » linguistiques (autant que l’on souhaite) et y préciser la langue qu’ielles y parlent. Par exemple, dans la famille, on parle arabe/chinois ; avec les ami·es, on parle un français « populaire » ; avec les enseignant·es/employeur·es, un français soutenu ; avec les collègues, on parle en anglais ; avec ses enfants, on parle une langue inclusive...
Quand chacun·e a établi sa carte, les volontaires peuvent la présenter aux autres.

Cercles d’appartenance linguistique - ritimo

Il est possible de compléter cette étape en travaillant sur la carte linguistique d’un mot, choisi par les stagiaires ou mentionné à la 1e étape, et selon les langues mentionnées par les stagiaires.

Étape 3 : Trois façons de parler anglais

Visionnage du poème de Jamila Lyiscott « Trois façons de parler anglais » et échange entre participant·es :

« je parle 3 langues :
Une langue pour la maison,
une pour l’école et une pour les amis (...)
Et la raison pour laquelle je parle
une version composite de votre langue,
c’est parce que la mienne,
on l’a violée, avec mon histoire.
 » [1]

Conclusion : Débat sur les luttes et résistances linguistiques

La séance se termine par un débat mouvant.
Les trois affirmations sur lesquelles les participant·es doivent se positionner sont extraites du Manière de voir n°186, de décembre 2022, consacré au « pouvoir des langues ».

  • « Instrument de communication, la langue est aussi signe extérieur de richesse et un instrument du pouvoir. » (Bourdieu, Ce que parler veut dire, Fayard, Paris, 1982.)
  • « Quand nous défendons le français chez nous, ce sont toutes les langues du monde que nous défendons contre l’hégémonie d’une seule » (essayiste québécois Pierre Bourgault)
  • « L’anglais plus le Minitel plus l’ordinateur, c’est pour le futur comme lire, écrire et compter. » (Claude Allègre, 1997)