Les langues, outils d’oppression ou de résistance ?

Introduction

Du côté de l’ECSI n°42 - mars 2023

« C’est la langue de l’oppresseur, pourtant j’en ai besoin pour te parler »

Adrienne Rich, Brûler du papier plutôt que des enfants, poème (1968).

En novembre 2022, lors du 18e sommet de la francophonie, le président français a annoncé son intention de porter « un projet de reconquête de la langue française, une francophonie d’action ». Dans la foulée, le site de l’Élysée a publié un texte précisant ses intentions : « Le français, 5e langue la plus parlée sur terre, reste l’une des grandes langues-monde d’aujourd’hui et de demain, porteuse d’une vision de l’humanité, d’aspirations et de valeurs partagées. Il constitue un atout décisif pour rassembler autour du modèle de mondialisation que la France défend et contribuer concrètement à le mettre en œuvre » [1].

Si le français est présenté comme une « grande langue-monde », il existerait donc des petites langues, moins importantes, une hiérarchie mondiale des langues ?
Notre rapport aux langues dans la vie courante reflète cet impérialisme linguistique : on parle de langues « utiles » ou « inutiles » à apprendre, de « belles » langues dans lesquelles écrire, s’exprimer...
Les langues restent au sein d’une société des marqueurs de classe, d’origine géographique, d’âge, de genre ... Leur usage ou invisibilisation influence les représentations du monde et de son organisation, la vision des autres.

Alors que s’ouvre la « semaine de la langue française et de la francophonie », comment l’ECSI peut-elle aider à la compréhension d’une « géopolitique des langues » et faciliter la déconstruction des mécanismes d’oppression linguistique ?