Au sud du Chili, dans le Wallmapu, des projets extractivistes couplés à un travail de sape des cultures autochtones affectent les communautés mapuches rurales. Dans les communautés de Curacautin et Cholchol s’expérimente un projet d’école sur l’eau à destination des enfants et adolescent·es. Après des années de confrontation à un système éducatif qui occulte la diversité des savoirs culturels et nie d’autres façons d’être au monde, le collectif écoféministe Sur Territoria propose des ateliers à ce jeune public pour leur transmettre des savoirs sur Ngen Ko, l’esprit de l’eau, pour reconstruire une identité ancrée sur le territoire qui prenne racine dans la culture ancestrale. Dans cette école, les enfants découvrent les récits qui font la mémoire orale mapuche et apprennent à se familiariser avec les éléments naturels qui composent leur territoire. Ces connaissances culturelles reflètent une vision du monde dans laquelle les divers éléments qui composent le vivant sont reconnus comme des sujets. Une perception aux antipodes de la vision utilitariste charriée par le système de pensée néolibéral qui en fait des objets disponibles et exploitables à loisir. À l’école de l’eau, c’est la conscience que l’être humain est partie intégrante du tissu du vivant, un élément parmi tant d’autres reliés et interdépendants qui est au cœur des apprentissages à la fois spirituels et concrets. Ce sont d’autres relations avec leurs milieux de vie et de nouvelles manières d’y habiter qui sont partagées avec les enfants. Participant activement à leurs apprentissages, à travers un dialogue intergénérationnel, ils se réapproprient leur identité culturelle et proposent des projets concrets pour pousser vers une politique de l’eau communautaire durable. L’objectif : faire de cette jeune génération des gardien·nes de leurs milieux de vie puisant dans leur culture mapuche les ressources pour défendre le vivant.
Une école de l’eau pour se reconnecter au vivant et à la culture mapuche
Une initiative sur les luttes décoloniales