Écofascisme(s), de quoi parle-t-on ?

Resserrer les liens entre mouvements écolos et acteur·rices de la solidarité internationale ?

, par CIDES , ROUQUETTE-CORIAT Cécile

Alors que les groupes écolo-identitaires recrutent aujourd’hui de jeunes militant·es intéressé·es par la cause écologique [1] et qu’il paraît difficile d’enrayer l’« écologisation » des groupes d’extrême droite fascistes, comment se défendre de la « fascisation de l’écologie » décrite par Antoine Dubiau ?

Pour éviter les amalgames toxiques, il nous faut éclaircir et affiner les discours écologistes sur des sujets comme la modernité, la décroissance, les questions démographique et migratoire, le cadre et les effets de la reterritorialisation des activités. Il nous faut affirmer plus nettement le modèle de société visé et la place de la solidarité entre les peuples en son sein. Peut-être aussi faudrait-il mettre plus souvent à l’ordre du jour, au sein des collectifs écologistes, les sujets tels que le racisme systémique, la (dé)colonisation et toutes les dominations systémiques.

Pour se prémunir des dérives fascisantes de certains groupes ou endiguer les hybridations conceptuelles délétères, des alliances plus nettes sont encore à tisser avec d’autres défenseur·es des luttes sociales, notamment avec les acteur·rices de la solidarité internationale, qui dénoncent et luttent depuis longtemps contre les causes – communes – qui ont engendré les désastres sociaux et écologiques en cours.
Si l’écologie est une lutte contre un modèle de développement mortifère, contre le capitalisme, qui se nourrit des écosystèmes et des corps, alors elle doit faire siennes toutes les luttes menées contre les dominations qui ont rendu possible le modèle de société en place.

Penser et agir en faveur de l’antiracisme, du féminisme, de la décolonisation, de la solidarité entre les peuples et avec les migrant·es, et pour une révision de nos rapports au Vivant, semble urgent pour éviter toutes dérives autoritaires ou totalitaires écofascisantes.