Les bidonvilles

, par Alliance Sud

Les chiffres varient mais le symbole est fort : le monde compte plus d’urbains que de ruraux. Parmi ces habitants des villes, plus d’un milliard habite dans ce que l’on appelle communément des bidonvilles. Le bidonville a mauvaise presse : « gangrène urbaine » (Le Figaro), « ...menace pour la santé et l’environnement » (allAfrica), « Villes de l’ombre » (La Liberté), « ...vivier des extrémismes » (Syfia), « Dans la jungle du Caire » (Jeune Afrique)... mais, commme le relève la revue Sciences humaines, le phénomène demeure beaucoup moins médiatique que les problèmes de banlieue en France ou aux Etats-Unis. Les problématiques (et les besoins) sont pourtant légion : logement, surpeuplement, hygiène, assainissement, pollution, insécurité, chômage, spéculation immoblière, corruption. Les réalités fort variées des bidonvilles échappent à l’uniformisation : au centre ou à la périphérie, formels (appartements, logements publics, locations privées) ou informels (squats, pirates, à la rue), ils (sur)vivent grâce à une économie souterraine, qui pallie les manquements de l’Etat. Crises agraires, conflits, pauvreté rurale et politique d’ajustements structurels ont précipité des millions de paysans vers des villes qui ne parviennent plus à absorber cette extraordinaire croissance.

L’ONU a consacré sa première conférence sur l’habitat, il y a plus de 30 ans déjà (Habitat I, Vancouver 1976). Face à l’urgence et à la généralisation du problème de la paupérisation urbaine, la Déclaration du Millénaire, OMD (voir notre dossier) vise, dans son objectif 7, à « améliorer la situation d’au moins 100 millions d’habitants de bidonvilles d’ici 2020 ». Le chemin est encore long : Kibera, l’un des plus grands bidonvilles africains, se trouve à Nairobi, le siège de l’Agence des Nations unies pour les établissements humains (UN Habitat) !