Le G8 : Un mode de gouvernance oligarchique et illégitime

Rinoceros, août 2004

, par MASSIAH Gustave

Le G8 est une tentative, engagée il y a trente ans, pour imposer une nouvelle « gouvernance mondiale » contrôlée directement par les chefs d’État et de gouvernement des pays les plus riches et les plus puissants de la planète. Cette manifestation d’un pouvoir oligarchique impliquait la marginalisation des Nations Unies.

Une première version de ce texte a été publiée par Le Monde Diplomatique en mai 2003 sous le titre : « Le G8, un club de riches très contesté » (http://www.monde-diplomatique.fr/20...).

Comment caractériser le G8 ? [1] Ce n’est pas un gouvernement mondial, d’autant qu’il n’existe pas d’état mondial. Mais, faute d’être l’exécutif mondial, il n’est pas un pour autant un simulacre. C’est un club, le cercle des dirigeants des pays dominants, le syndicat des actionnaires majoritaires de l’économie mondiale. Avec ses réunions périodiques des chefs d’État et des ministres, les « sherpas », conseillers permanents qui en assurent le secrétariat, la mobilisation très large des experts de toute nature, les relais dans les institutions internationales économiques, financières, commerciales et militaires, l’accès permanent et privilégié aux médias et à tous les supports de communication, le club est devenu une institution mondiale permanente.

Au départ, l’objectif du club était de permettre aux dirigeants de discuter ensemble, et entre eux, de leurs problèmes et de trouver des solutions à leurs conflits et leurs contradictions. Deux questions majeures ont été, dès l’origine, au centre des discussions du G8 : l’organisation et l’évolution de l’économie mondiale ; l’avenir des institutions internationales. Il s’agissait de discuter au départ de la récession des années soixante-dix, des crises monétaires et pétrolières. Dans un deuxième temps, et surtout avec l’effondrement du système soviétique parachevé en 1989, la discussion a été marquée par la montée en puissance de l’hégémonie des États-Unis.

Aujourd’hui, avec la crise de l’économie mondiale et de la pensée libérale et, surtout, avec la guerre américaine voulue et imposée, les contradictions reprennent le dessus et pèsent sur l’avenir de l’institution. Ces contradictions sont aiguisées par les résistances et les contestations au G8 qui ont pris un nouvel élan avec l’émergence du mouvement altermondialiste.

La transition au néolibéralisme

En novembre 1975, le président français, Valéry Giscard d’Estaing invite les chefs d’Etat des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la France et du Japon, rejoint par l’Italie, puis par le Canada, en 1976. Le Président de la Commission Européenne est un invité permanent. En 2000, les sept pays qui regroupent 12% de la population mondiale, totalisent 45% de la production mondiale et 60% des dépenses militaires mondiales [2]. En 1997, l’arrivée de la Russie, sans supprimer le G7, inaugure le G8.

Nous nous sommes réunis parce que nous partageons les mêmes convictions et les mêmes responsabilités... Chacun d’entre nous a la responsabilité d’assurer la prospérité économique d’un pays industriel important. La croissance et la stabilité de nos économies aideront à la prospérité de l’ensemble du monde industriel et des pays en développement... Nous sommes décidés à intensifier notre coopération ...au sein de toutes les organisations internationales. [3]

Les trente années qui ont suivi la guerre ont été marquées par un nouvel équilibre résultant de trois grands affrontements : la décolonisation et l’irruption des nouveaux pays sur la scène mondiale ; la géopolitique définie à Yalta et la guerre froide muée en coexistence pacifique ; la permanence des luttes sociales qui accompagnent l’industrialisation. Cette situation marque les institutions internationales partagées entre le système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods, particulièrement la FMI et la Banque Mondiale. Le modèle de développement qui sert de référence est un modèle social-libéral que l’on qualifie aussi de keynésien pour souligner l’importance de l’intervention de l’Etat dans l’économie à travers les systèmes de protection sociale fondés sur la gestion publique du salaire indirect, la recherche du plein-emploi et les politiques économiques fondées sur la souveraineté monétaire. On la qualifie aussi de fordiste pour souligner le compromis social qui lie la productivité aux salaires en contrepartie de l’acceptation de l’organisation taylorienne du travail et des limites à la démocratisation dans les entreprises.

De 1975 à 1980, le néolibéralisme se dégage progressivement du modèle keynésien. Les déclarations parlent de l’énergie, du système monétaire et du financement des balances de paiement, du commerce international et des méfaits du protectionnisme, de la croissance et de l’emploi, des relations Nord-Sud. Le tournant est complet en 1979 lorsque la FED, la Banque Centrale des Etats-Unis, décide d’augmenter brutalement les taux d’intérêt. Dès 1980, au sommet de Venise, la lutte contre l’inflation devient la priorité, la référence à l’emploi devient platonique, la crise de la dette du Tiers Monde est ouverte [4]. La phase néolibérale de la mondialisation est commencée.

Le pilotage de la mondialisation néolibérale

Le G8 joue un rôle actif dans l’imposition d’un credo, un véritable dogme, et dans le pilotage de la phase néo-libérale de la mondialisation. Il met en avant les politiques de libéralisation fondée sur la prééminence de l’investissement international et des entreprises dites multinationales, sur l’ajustement au marché mondial et l’élargissement du commerce mondial, sur le désengagement des États et la réduction des dépenses publiques, sur les privatisations et la remise en cause du statut du salariat et de l’emploi, sur la régulation de l’économie mondiale par le marché mondial des capitaux. La doctrine qui guide les interventions du FMI et de la Banque Mondiale repose sur le triptyque : stabilisation - libéralisation - privatisations. Le dogme sera formalisé en 1990, pour répondre aux critiques qui montent, par l’économiste John Williamson sous l’appellation du Consensus de Washington. Il repose sur sept principes : discipline fiscale (équilibre budgétaire et baisse des prélèvements fiscaux) ; libéralisation financière (taux fixés par le seul marché des capitaux) ; libéralisation commerciale (suppression des protections douanières) ; ouverture totale des économies à l’investissement direct ; privatisation de l’ensemble des entreprises ; dérégulation (élimination de tous les obstacles à la concurrence) ; protection totale des droits de propriété intellectuelle des multinationales [5]. Pour imposer ces politiques, il s’appuie sur les institutions financières internationales, Fonds monétaire international et Banque mondiale, dans lesquelles il dispose de la majorité du capital. Il construit avec constance le cadre institutionnel de la mondialisation néo-libérale, dont l’élément déterminant est l’Organisation mondiale du commerce.

Le G8 n’est pas une instance supérieure de pouvoir. Il ne s’impose pas aux États et, particulièrement, aux gouvernements des pays qui le constituent. De même, il ne faut pas sous-estimer totalement l’autonomie des bureaucraties qui gèrent le FMI, la Banque mondiale et l’OMC. Enfin et surtout, le pouvoir économique bien que moins apparent n’est pas subordonné aux gouvernements, et encore moins au G8. Mais aucune économie ne peut fonctionner sans régulation politique, sans adaptation des cadres institutionnels et sans des instances qu portent des visions stratégiques à long terme. La mondialisation est un processus contradictoire, le G8 a assuré une double fonction de reproduction de l’ordre existant et de sa profonde remise en cause au bénéfice de ses membres. Il a orchestré la mise en œuvre par les dirigeants des pays dominants d’une stratégie de reconquête. Il s’est attaqué à la décolonisation, à travers la gestion de la crise de la dette et en s’appuyant sur le discrédit de régimes répressifs et corrompus. Il s’est attaqué au soviétisme, à travers la course aux armements et l’idéologie spectaculaire des droits de l’homme, en s’appuyant sur le discrédit des régimes qui avaient nié les aspirations démocratiques. Il s’est attaqué au compromis social de l’après-guerre, à travers une offensive contre le salariat, en tant que statut social, et en s’appuyant sur les politiques de libéralisation et les privatisations, l’affaiblissement de la régulation publique, des États et du contrôle citoyen.

La contestation du G8

La contestation croissante du G8 offre une autre lecture de la phase néolibérale de la mondialisation [6]. Elle permet de remettre les enjeux en perspective. Jusqu’en 1984, le G7 n’a fait l’objet d’aucune contestation. Pourtant, l’impact social des mesures de réajustement économique imposées aux pays endettés du tiers-monde, validées par le G7, conjuguées à la chute du prix des matières premières, devient très vite insupportable. « Dès 1980, que ce soit en Afrique, en Amérique latine ou en Eurasie, l’application de ces mesures provoqua une série de soulèvements populaires - grèves et manifestations dégénérant en émeutes, pillages - entraînant des milliers de morts. La cause immédiate de ces explosions sociales urbaines était généralement la hausse du prix des denrées alimentaires et des transports, à quoi s’ajoutait la corruption des régimes en place [7] » Ces explosions mettent en cause nommément le FMI et, indirectement, le G7.

A partir de 1984 plusieurs ONG commencent à cibler directement le G7 pour exercer des pressions et/ou pour s’y s’opposer. Le premier rassemblement, à l’occasion du G7 de 1984, à Londres, a été organisé par « The Other Economic Summit » (« l’autre Sommet économique »), plus connu sous le nom de TOES, devenu plus tard la New Economic Foundation. Progressivement, les coalitions d’ONG de solidarité internationale, de développement et d’environnement des pays-hôtes qui accueillent le G7 le désigneront comme symbole de la « mondialisation et du néolibéralisme [8] ».

En 1989, bicentenaire de la Révolution française, le sommet a été contesté au nom du « tiers-état » de la planète. Cette contestation a fait suite à la mobilisation qui a accueilli l’assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale, en 1988 à Berlin. L’appel « ça suffat comme ci » organise un concert géant à la Bastille. Le « premier Sommet des Sept peuples parmi les plus pauvres » les 15 et 16 juillet 1989, dénonce la philosophie même du G7 et prend son contre-pied. « C’est à l’occasion du Bicentaire de la Révolution française que des témoins de sept peuples parmi les plus appauvris du monde, tout comme les sept pays les plus riches, sont réunis à Paris. Les uns et les autres tirent leur légitimité de cet événement historique, mais ces légitimités sont opposées. Car si la Révolution française a élargi le champ du capitalisme moderne, elle a en même temps proclamé les principes de liberté et d’égalité comme fondement du droit des pauvres et des opprimés à lutter contre la misère et l’oppression. [9] »

A Lyon, en 1996, le « Sommet des sept résistances » est organisé par le Cedetim et Agir ici. La coalition « Les autres voix de la planète » se constitue en 1995, dans la continuité de la campagne « 50 ans ça suffit », menée à l’occasion des cinquante ans des accords de Bretton Woods. Son homologue des Etats-Unis jouera un rôle essentiel dans l’organisation de la manifestation contre le FMI et la Banque mondiale, en avril 2000, à Washington. À partir de 1996, le G7 est pris à partie systématiquement. Après la chute du mur de Berlin, en 1989, le « Consensus de Washington » généralise les politiques néo-libérales à l’ensemble des pays et continents. Les mouvements sociaux des années 1994 et 1995, en Italie, en France, en Allemagne, en Corée du Sud, aux Etats-Unis, vont converger avec les mobilisations contre le G7.

La réunion du G7 à Birmingham, en 1998, voit la montée en puissance de Jubilee 2000. Cette campagne décide de centrer ses revendications sur le G-7, structure où siègent les chefs d’État et de gouvernement « actionnaires majoritaires des institutions financières internationales » et, à ce titre, en situation de grande responsabilité vis-à-vis de la situation d’endettement des pays du tiers-monde. Deux ans plus tard, des coalitions Jubilee 2000 existaient dans 66 pays et font signer une pétition par 24 millions de signatures en provenance de 166 pays. La mobilisation sur la dette continue à Cologne en 1999 ; Le G7 y annonce alors l’engagement d’un processus de réduction - conditionnelle - de la dette des pays les plus pauvres.

En 1999, une « caravane » de paysans indiens du Karnataka, membre de Via Campesina, vient populariser, en Europe, la lutte des paysans du Sud. Reclaim the Street, un mouvement né à partir des mouvements écologistes « Friend of the Earth » et « Greenpeace » décide, au lendemain de la crise asiatique, comme ATTAC en France, de mener campagne contre les marchés et institutions financières. Il organise l’occupation de la « City » de Londres. En 2000, le G8 se réunit au Japon, à Okinawa. La mobilisation met en avant l’annulation de la dette des pays pauvres, mais aussi la lutte contre le maintien sur place d’importantes bases militaires américaines. Le Forum international d’Okinawa sur la sécurité des peuples, met en avant les thèmes de la coopération et du désarmement.

C’est en 1999, à Seattle que le mouvement de contestation prend un nouveau tournant à l’occasion de la Conférence de l’OMC. De Seattle à Porto Alegre en 2001, le mouvement de contestation entame le passage de l’antimondialisation à l’altermondialisation. La réunion du G8 à Gênes, en 2001, voit s’imposer les nouvelles caractéristiques du mouvement de contestation : une capacité de contre-expertise qui permet de remettre en cause l’évidence du credo néolibéral ; l’apparition, dans la jeunesse, d’une nouvelle génération militante ; la sympathie d’une opinion publique inquiète de l’impact négatif de la mondialisation libérale sur le plan social, environnemental et démocratique.

La convergence avec le mouvement anti-guerre se manifeste d’abord à Florence, en 2002, au Forum Social Européen, à Porto Alegre, en janvier 2003, et avec les dix millions de manifestants dans le monde entier contre la guerre, le 15 février 2003. Le contre-sommet du G8, en juin 2003, à Genève et Annemasse, le Forum Social Européen de Paris et Saint-Denis, en novembre 2003 et le Forum Social Mondial de Mumbaï, en janvier 2004 témoignent de la vigueur et de l’ampleur de la contestation.

L’hégémonie américaine

La prise de conscience des dégâts provoqués par la gestion économique, politique et militaire du monde est devenue si forte et si sensible que l’on peut parler, aujourd’hui, de l’expression d’une opinion publique mondiale. La contestation qui s’affirme ne porte pas seulement sur la nature des politiques, et donc de leurs conséquences, sur les conditions de vie des populations du monde ; elle porte sur la nature du G8 en tant qu’institution mondiale. Un petit groupe de chefs d’État représentant les privilégiés de la planète ne peut pas s’arroger le monopole de décider pour tous. Il y a un déni profond de la démocratie par une institution internationale qui se réfugie derrière un contestable pouvoir des experts, qui ne connaît aucun contrôle et qui est coupée de toute instance représentative. Certes les dirigeants du G8 ont été élus démocratiquement, mais s’ils ont été élus pour gouverner leur pays, personne ne peut les mandater pour gouverner le monde. C’est ce qui fonde la mise en avant de l’illégitimité du G8 à s’arroger un rôle dirigeant dans la conduite d’une politique mondiale. Sa disparition n’entraînerait pas une dérégulation supplémentaire ; cette instance n’a pas empêché les guerres et les désordres, elle a au contraire affaibli le système des Nations unies, certes critiquable et imparfait, mais combien plus légitime.

La nouvelle situation pose la question des institutions internationales. Dans la conception qui prédominait au sein du G8, il y avait une nette préférence pour les institutions de Bretton Woods considérées comme efficaces et contrôlables. La nouvelle institution de référence est l’Organisation Mondiale du Commerce, avec son Organe de Règlements des Différents. Elle devait servir de modèle pour une réforme du système des Nations Unies accusé de bureaucratie, d’inefficacité et considéré avec une grande méfiance depuis la décolonisation.

La guerre américaine en Irak ouvre une nouvelle période. Plusieurs éléments l’annonçaient : la persistance des crises financières, et notamment la crise argentine ; la décision des états du Sud, le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde, de ne pas faire passer, dans le cas des médicaments génériques, le droit des affaires avant le droit à la santé ; la crise de la pensée libérale à partir de la transition ultralibérale et contestée en Russie [10].

Le système international est confronté à la question de l’hégémonie américaine. Comment apprécier cette hégémonie ? Comme une nouvelle forme impériale d’hégémonie par le désordre comme le propose Alain Joxe [11]. Faut-il considérer avec Immanuel Wallerstein [12], que les Etats-Unis ont perdu l’hégémonie économique et idéologique et qu’il leur reste l’hégémonie militaire, ce qui est le propre des puissances en déclin ; déclin qui peut durer fort longtemps et qui accroît tous les dangers.

Dans cette situation les Nations Unies ont démontré leur intérêt. Au delà des ambiguïtés et des louvoiements, elles n’ont pas été la chambre d’enregistrement que certains souhaitaient et que d’autres craignaient. Les Nations Unies sont à la croisée des chemins. Sans réforme radicale, il leur sera très difficile de résister à l’hégémonie et d’esquisser la démocratie mondiale qui pourrait donner un nouveau sens à la mondialisation. Le mouvement citoyen mondial ne pourra pas ignorer ce nouveau défi.

Notes

[1ATTAC, Le G8 illégitime, Ed. Mille et une nuits, 2003

[2Gérard Duménil et Dominique Lévy, L’histoire et la nature du G8, CEPREMAP, 2003

[3Déclaration de Rambouillet du 17 novembre 1975. On peut trouver toutes les déclarations sur le site officiel de la présidence française : http://www.g8.fr/evian/english/home.html. On pourra aussi les trouver, avec des analyses sur le site d’information sur le G8 de l’Université de Toronto : http://www.library.utoronto.ca/g7/g....

[4Il existe plusieurs analyses des déclarations du G8. René Deschutter, Analyse des déclarations de 1975 à 1995, GRESEA, Bruxelles ; Gérard Surdez, à partir de 1996, déclarations, extraits et analyses sur les site : http://france.attac.org.

[5On trouvera une analyse du consensus de Washington dans : ATTAC, Que faire du FMI et de la Banque Mondiale, Mille et Une Nuits, 2002

[6On trouvera des éléments sur les mouvements de contestation du G8 dans John HATHAWAY, Jubilee 2000 and the G8, Nason Press, Londres, 2000 ; Cristophe AGUITON, Le monde nous appartient, Plon, 2001 ; Philippe LE PRESTRE, Les relations entre le G8 et la société civile, Observatoire de l’écopolitique internationale de l’Université du Québec à Montréal, au Canada, 2002 et aussi sur le site du CEDETIM http://www.cedetim.org/ : pages analyses et mobilisations G8

[7Serge Cordellier (sous la dir.), Le nouvel État du monde. Bilan de la décennie 1980-1990, La Découverte, 1990

[8Mary Kaldor (sous la dir.) Global civil society 2001, Oxford University Press, 2002

[9Extrait de la déclaration du Premier Sommet des 7 peuples, parmi les plus pauvres

[10Joseph Stiglitz, La grande désillusion,Paris, Fayard, 2002

[11Alain Joxe, L’empire du Chaos, Ed La Découverte, 2002

[12Immanuel Wallerstein, Extraits de Foreign Policy, traduits dans Le Courrier International n°629, du 21 nov 2002