Déchets italiens : derrière le scandale environnemental, une vaste affaire de corruption

, par inkyfada

Depuis plusieurs mois, une importante affaire d’importation illégale de déchets ménagers venus d’Italie secoue le pays. Outre le scandale environnemental, de nombreux documents obtenus par inkyfada et le réseau d’investigation italien IrpiMedia corroborent la piste d’un vaste réseau de corruption.

Capture du site d’Inkyfada

Le 26 mai 2020, alors que la Tunisie sort progressivement de son confinement et que les frontières sont encore closes, une cargaison maritime en provenance de Salerne (région Campanie, Italie), accoste au port de Sousse. À son bord, 70 conteneurs renferment quasiment 2000 tonnes de déchets. D’autres arrivages semblables suivront jusqu’à la fin du mois de juillet. Au total, près de 7900 tonnes de déchets, réparties dans 282 conteneurs, auront fait le voyage jusqu’à Sousse.

À l’origine de ce transit, l’entreprise italienne Sviluppo Risorse Ambientali Srl (SRA), spécialisée dans la valorisation et l’élimination des déchets, et SOREPLAST Suarl, une société tunisienne offshore (totalement exportatrice), active dans le domaine du recyclage des déchets plastiques.

Derrière ce qui aurait dû être un commerce comme un autre, un trafic illicite de déchets ménagers est peu à peu dévoilé : présentés par l’entreprise tunisienne comme des résidus plastiques voués à être triés, recyclés, puis renvoyés à l’étranger, ces déchets sont en réalité des ordures ménagères urbaines, collectées dans les environs de Naples et possiblement dangereuses.

Le scandale éclate publiquement le 2 novembre 2020 lors de la diffusion de l’émission les “Quatre vérités” sur la chaîne El Hiwar Ettounsi. Depuis, ces déchets font tomber des têtes, à commencer par Mustapha Laroui, ministre de l’Environnement en poste au moment de l’affaire, limogé le 21 décembre 2020.

À ce jour, 8 personnes sont emprisonnées depuis le 21 décembre 2020, parmi lesquelles des cadres de l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGED), de l’Agence nationale de Protection de l’environnement (ANPE), du ministère de l’Environnement et des Affaires locales et un chef de laboratoire. En tout, 24 personnes font l’objet d’une procédure judiciaire, soupçonnées d’avoir favorisé l’arrivée de près de 7900 tonnes de déchets non recyclables sur le sol tunisien.

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