Inégalités numériques face à l’épidémie : profil de risque d’exposition au Covid-19 et nouvelles formes de vulnérabilités

Cet article a été écrit collectivement par 17 chercheur·ses : Laura Robinson, Jeremy Schulz, Aneka Khilnani, Hiroshi Ono, Shelia R. Cotten, Noah McClain, Lloyd Levine, Wenhong Chen, Gejun Huang, Antonio A. Casilli, Paola Tubaro, Matías Dodel, Anabel Quan-Haase, Maria Laura Ruiu, Massimo Ragnedda, Deb Aikat, et Natalia Tolentino.

Dans cet article, les auteur·rices soutiennent que de nouveaux types de risques sont en train d’émerger avec le virus du Covid-19, et que ces risques sont inégalement distribués. Comme ils et elles le démontrent, les inégalités numériques et sociales rendent certains sous-groupes considérablement plus vulnérables à l’exposition au Covid-19. Les populations vulnérables disproportionnément à risque sont, entre autres, les personnes isolées socialement, les personnes âgées, les personnes incarcérées, les étudiant-es en désavantage face au numérique, les intermittent-es du spectacle et les travailleur-ses en première ligne.

Ainsi, les auteur·rices dressent une cartographie de l’intersection entre les facteurs de risques pour le Covid-19 et les inégalités face au numérique pour chacune de ces populations dans le but d’étudier comment les personnes fortement dotées en ressources numériques possèdent plus d’outils pour atténuer certains risques associés à la pandémie.

Illustration d’un masque de protection contre le Covid-19 posé sur un ordinateur portable. Crédit photo : Nenad Stojkovic (CC BY 2.0)

Le dossier éclaire la façon dont la pandémie actuelle renforce des axes de différentiation sociale fondamentaux, qui n’étaient pas aussi visibles jusqu’à présent. Ces nouvelles formes de différentiation sociale peuvent être comprises en relation avec différentes dimensions connexes.
De façon plus générale et abstraite, ces risques ont à voir avec la capacité individuelle à contrôler les risques liés à l’exposition au pathogène. Afin de maîtriser au maximum l’exposition au risque, les individus doivent contrôler leur environnement physique, autant que possible, afin d’éviter d’entrer en contact avec des espaces physiques potentiellement contaminés. De plus, ils doivent contrôler leur environnement d’interaction sociale, autant que possible, afin de minimiser le contact avec des individus potentiellement contaminés.
À circonstances égales, les individus qui exercent un plus large contrôle sur leur risque d’exposition – sur la base du contrôle de leurs environnements physiques et d’interaction sociale – ont de meilleures chances de rester en bonne santé que les personnes qui ne peuvent pas contrôler leur risque d’exposition. Ainsi, les auteur·rices déduisent une variation selon les individus, en terme de ce qu’ils et elles ont appelé le « profil de risque d’exposition au Covid-19 » (CERP, selon les initiales en anglais).
Le CERP dépend de formes préexistantes de différentiation sociale telles que le statut socio-économique, puisque les individus qui disposent de plus de ressources économiques peuvent mieux se soustraire à l’exposition au risque. Outre le statut socio-économique, l’une des forme clé de différentiation sociale liée au CERP est le fait d’être (dé)favorisé face au numérique. Ceteris paribus, les individus qui peuvent plus facilement passer au numérique dans des dimensions clés de leur vie bénéficient de meilleurs CERP que les individus qui ne peuvent pas passer au numérique dans ces sphères de leur vie.

Ainsi, les auteur·rices soutiennent que les inégalités numériques sont directement et de plus en plus liées, à la fois à une exposition au Covid-19 qui peut signifier la différence entre la vie et la mort, et des chiffres de mortalité disproportionnels liés aux conditions globales causées par l’épidémie.

Lire le rapport complet en anglais sur le site de First Monday