Le problème du lithium : entretien avec Thea Riofrancos

, par Dissent Magazine , BATTISTONI Alyssa

Est-il possible de réduire rapidement les émissions de carbone tout en minimisant les dommages provoqués par l’extraction des ressources ? Ritimo vous propose l’introduction d’un entretien (en anglais) avec Thea Riofrancos, politologue et autrice principale d’un rapport sur différentes visions "vertes" du futur, qui revient sur les conséquences de ces résultats pour les politiques en faveur du climat aux États-Unis et dans le monde.

Vue aérienne d’une mine de lithium dans le Salar d’Uyuni, Bolivie.

Après des années de climato-scepticisme et de politique de l’autruche, le développement des énergies renouvelables est enfin en marche. En ce qui concerne le transport –la principale source d’émissions de carbone aux États-Unis – la stratégie de décarbonisation a priorisé le remplacement des voitures à combustible par des véhicules électriques (V.E.). L’Inflation Reduction Act (projet de loi sur la réduction de l’inflation) offre des milliards de dollars de subvention, tant aux producteurs qu’aux consommateur·rices de V.E., avec notamment 7500$ de réduction d’impôts à l’achat d’un V.E. produit aux États-Unis. La loi d’infrastructure adoptée fin 2021 comprend 5 milliards de dollars dédiés à soutenir la construction d’un réseau de stations de recharge électrique pour ces véhicules. Les États de New York et de Californie ont annoncé des interdictions sur la vente de véhicules à moteur à combustion à partir de 2035. La moitié des publicités pour des voitures pendant le Superbowl [événement sportif très attendu] de cette année, présentait des véhicules électriques. On estime qu’en 2035, les véhicules électriques devraient représenter la moitié des ventes de voitures aux États-Unis.

Pour ne pas avoir à modifier notre dépendance du transport privé, tout le reste doit changer. On voit déjà émerger des inquiétudes liées aux pénuries de « minerai critique » nécessaire pour la production de batteries et d’autres technologies renouvelables. Au vu des schémas actuels de consommation, par exemple, la demande étatsunienne de lithium aurait besoin de trois fois l’offre actuelle – qui provient principalement d’Australie, d’Amérique Latine et de Chine – d’ici à 2050. Anticipant cette demande florissante, une rafale de nouveaux projets miniers ont vu le jour aux quatre coins du monde – suivi d’un déferlement de contestations de celles et ceux qui s’inquiètent des conséquences que l’activité minière aurait sur leurs écosystèmes, la pollution des ressources en eau, la production de déchets toxiques, et le bouleversement de leurs moyens de survie locaux.

Qu’implique la trajectoire actuelle des « énergies vertes de transition » pour la justice environnementale au niveau mondial ? Quelles alternatives existent ? Est-il possible de réduire rapidement les émissions de carbone tout en minimisant l’extraction et en soutenant – ou en favorisant – la faculté des peuples d’évoluer en toute liberté et en toute sécurité ?

Un nouveau rapport, provenant du think tank Climate and Community Project, présente les données qui se cachent derrière différentes visions pour un « futur vert ». Un scénario dans lequel les États-Unis réduisent leur dépendance à la voiture en améliorant les options de transport public, la densité et les distances à pied, pourrait impliquer une diminution de 66 % de la demande en lithium, en comparaison avec un modèle qui ne toucherait pas au statu quo. Ne serait-ce que réduire la taille des véhicules et des batteries étatsuniennes pourrait réduire l’utilisation de lithium jusqu’à 42 % d’ici à 2050. En d’autres termes, les décisions que les États-Unis prennent au sujet du transport local, du logement, et du développement ont un impact au niveau mondial. Dans cet entretien, l’autrice principale du rapport, la politologue Thea Riofrancos, revient sur les conséquences de ces résultats pour les politiques en faveur du climat aux États-Unis et dans le monde.

Lire l’entretien complet en anglais sur le site de Dissent Magazine