Cet article fait partie d’un numéro sur l’eau et la privatisation de l’eau en Afrique, produit dans le cadre d’une initiative conjointe par Transnational Institute, Ritimo et Pambazuka News. Cette édition spéciale est aussi publiée en anglais.
La représentation écologique que les peuples se font de l’eau, à savoir un bien commun, explique leur opposition à la création de « marchés de l’eau ». Mais la logique marchande des « partenariats public-privé » est toujours là, se développant sous des couverts de bonne gouvernance et d’efficacité de gestion, alors qu’on assiste à une démarche prédatrice des richesses d’autrui à travers des privatisations pourtant totalement délégitimées en Afrique depuis les années 80.
De nos jours, de façon générale en Afrique, les politiques se préoccupent davantage de l’efficience des marchés, du taux de croissance économique, de la productivité du capital financier et de la sécurité des riches que des droits humains et la sécurité des peuples. Cette identification du progrès à la seule croissance économique se traduit, dans les pays africains, par une perte graduelle de représentativité de leurs institutions et un fossé grandissant entre institutions publiques et citoyens, transformés en consommateurs, clients et épargnants, au bénéfice des seuls marchés boursiers.
En effet, sur le plan humain, les crises interconnectées (alimentaire, énergétique, financière, migratoire, démocratique…) et l’échec des Conférences de Copenhague en décembre 2009 et de Cancun 2010 sur le réchauffement climatique sont l’expression de la croissance de la « marchandisation de la vie » matérielle et immatérielle (la terre, l’air/CO2, les forêts, les minerais, les gènes, l’école, la santé, les sources d’eau…).