La force de l’obéissance

Par Béatrice Hibou

, par CETRI

De la remise en cause profonde du système autoritaire de gouvernance politique et économique Tunisien.

« Révolution tunisienne », « transition démocratique » ? Selon Béatrice Hibou, auteure de La force de l’obéissance [1], la question de la qualification du mouvement de révolte tunisien importe moins que l’analyse des mécanismes d’une économie politique de la domination qu’elle nomme aussi « pacte de sécurité ». Celui-ci, par ses « mécanismes d’inclusion » de la demande sociale (emploi, intégration, citoyenneté), a permis au régime de Ben Ali de tenir dans le temps, mais pour Béatrice Hibou, c’est principalement par ses effets inverses et simultanés de marginalisation, cumulés à l’échec de son modèle économique, que le régime tunisien prendra fin.

« Le mouvement a été vraiment un mouvement social des classes populaires marginalisées au départ, et ce n’est que très tardivement dans l’extension et l’arrivée à Tunis qu’il y a eu cette rencontre (avec les classes moyennes déçues NDLR) ».

Béatrice Hibou attire ensuite l’attention sur les enjeux majeurs auxquels se trouve confronté le peuple tunisien désormais, après le succès du combat mené par le mouvement social.

« Finalement les concepteurs du modèle économique sont toujours en place (…) on ne prend jamais le maquis quand on est grand entrepreneur (…) Là ou nous pouvons être très positivement impressionnés, c’est de voir comment ce mouvement populaire qui a ciblé ces lieux de l’exercice de la domination continue jusqu’à aujourd’hui ».

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