Halte au sexisme et aux inégalités de genre dans les médias français !

Une initiative sur l’information

, par Agenda de la Solidarité Internationale

« Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les opprimés et aimer ceux qui les oppriment. « 
Malcolm X, militant des droits civiques, cité dans Propaganda Review, printemps 1989.

Depuis 2014, le collectif « Prenons la Une [1] », créé sous l’impulsion d’une vingtaine de femmes journalistes, dénonce la trop grande invisibilité des femmes dans les médias, lutte contre les inégalités professionnelles et les propos et attitudes sexistes au sein des médias. Dans leur manifeste, ces femmes journalistes rappellent quelques chiffres édifiants : les femmes ne représentent que 18 % des experts invités, 7 directeurs de rédaction sur 10 sont des hommes, les salaires des femmes journalistes restent inférieurs de 12 % en moyenne à ceux de leurs confrères... Elles entendent également « pointer au quotidien les propos et stéréotypes sexistes dans les médias et dénoncer les inégalités tant qu’elles seront encore présentes ».

Profitant d’une campagne nationale lancée par l’ex-ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes (11 février 2016 - 10 mai 2017) et journaliste juridique, Laurence Rossignol, « Sexisme, pas notre genre », le collectif organise en novembre 2016 une table-ronde sur le traitement médiatique des violences faites aux femmes. Le débat porte sur la façon la plus juste de raconter ces événements. « Nos conseils aux médias pour traiter des violences faites aux femmes qui ont suivi ont été approuvés par une dizaine de médias [2] », raconte Claire Alet, co-fondatrice du collectif. On y recommande, par exemple, de bannir les termes « crime passionnel » ou « drame familial » qui minimisent l’acte de l’agresseur et d’éviter de donner des précisions sur les vêtements ou les habitudes de vie de la victime, qui induisent qu’elle peut être responsable de son agression. « Depuis ce colloque, nous sommes régulièrement interpellées sur les réseaux sociaux quand il y a des traitements médiatiques défaillants et nous exerçons - de fait - un rôle de vigie ».

Ce buzz fait prendre conscience aux journalistes de tout bord mais aussi aux usagers des médias qu’il est grand temps de changer les pratiques journalistiques. Afin de traiter le meurtre et les violences conjugales comme un problème de société et non pas comme des faits divers…