Le rapport montre l’imbrication entre la stratégie militaire de l’État français et la politique énergétique de Total au Yémen depuis les années 1980 et plus récemment sur l’Est Africain (Kenya, Ethiopie, Mozambique…). Les positionnements de la société, qui se cristallisent sur des zones en conflit, sont toujours appuyés par la mise en place d’une infrastructure militarisée (site gazier aux allures de base militaire, checkpoints…) et la politique militaire de l’Etat français (formation des forces spéciales et gardes-côtes yéménites, intervention de sociétés militaires privées, investissement par la marine du Golfe d’Aden et de l’Océan indien…). Selon les auteurs du rapport, cette « militarisation » ira jusqu’à l’hébergement d’une milice (à partir de 2016) et d’une prison secrète (à partir de 2017).
L’existence d’une base militaire et d’une prison dans la ville de Balhaf a déjà été évoquée par d’autres rapports ; celui-ci confirme leur présence sur le site dirigé par Total et fournit pour la première fois des éléments de témoignage détaillés. Il interroge par ailleurs la dépendance de la France aux hydrocarbures et ses implications en matière de politique étrangère. (...)