Le déclencheur des manifestations
Les récentes manifestations ont été déclenchées par la révision du salaire minimum en 2018. Les travailleurs demandaient un salaire minimum de 16 000 Taka (188 CHF). Le Gouvernement n’a pas donné son feu vert, et proposé un salaire minimum de 8 000 Taka pour les travailleur.se.s les moins qualifiés de la branche textile. Pour la majorité d’entre eux, cela signifie qu’il n’y aura aucun changement notable. Pour certains niveaux de salaire, les minima n’ont pas augmenté du tout ; d’autres critères ont été adaptés. Le paiement des heures supplémentaires, les indemnités et les primes restent cependant calculés sur la base du salaire minimum – qui reste majoritairement inchangé.
Ces manifestations se déroulent sur fond de la crise non résolue depuis décembre 2016. A cette époque déjà, les travailleur.se.s se mobilisaient pour une augmentation du salaire, ce à quoi le gouvernement avait déjà répondu par des violences, des emprisonnements de leaders syndicaux sur des motifs fallacieux ou inexistants. Il échoue depuis à répondre à la légitime demande des travailleur.se.s pour un salaire qui permette de vivre dignement, face au refus de la puissante fédération patronale de l’habillement, et au modèle économique inchangé des grands donneurs d’ordre dans le secteur.
Le silence des marques de mode
Pendant le processus de révision, le Collectif Éthique sur l’étiquette et la Clean Clothes Campaign ont appelé les marques et les distributeurs à soutenir publiquement un salaire minimum à 16 000 takas. Certaines marques ont exprimé le souhait d’une révision juste des salaires certes, mais aucune n’est allée jusqu’à mentionner un montant spécifique. Elles ne se sont pas non plus exprimées sur la mise en œuvre du nouveau salaire minimum, bien en deçà de toutes les revendications des travailleur.se.s, et leur demande pour un salaire vital.
La situation nationale en matière de droit syndical et de droit du travail
Dans les réunions institutionnelles internationales, le gouvernement du Bangladesh a plusieurs fois assuré que la situation des syndicats allait s’améliorer dans le pays, mais les dernières révisions de la loi du travail n’ont rien changé ou presque. La liberté d’association est toujours très limitée, ce qui nuit à la représentation des intérêts des travailleurs. Certains témoignages évoquent des tentatives d‘intimidation des syndicats, et des procès contre les travailleur.se.s ayant participé aux manifestations lors de la dernière vague de protestations.
Ces manifestations interviennent dans un climat politique tendu au Bangladesh, et alors que l’Accord, qui sécurisait depuis 2013 et l’effondrement du Rana Plaza les usines textiles au Bangladesh, est menacé d’expulsion, hypothéquant des années de travail pour rendre les usines moins dangereuses.
Le Collectif Éthique sur l’étiquette condamne fermement la restriction violente du droit de manifester. Le gouvernement doit mettre un terme à la violence et à l’intimidation quasi-systématique des travailleurs et des syndicats, comme l’y contraignent les conventions internationales du travail, et respecter désormais leurs revendications. Il doit aussi s’assurer que l’Accord Bangladesh demeure dans le pays et puisse continuer à mener ses actions.
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