Application du triptyque « privatisation, libéralisation, régulation » au secteur des télécommunications. Bilan de l’expérience sénégalaise

Observatoire sur les Systèmes d’Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal (OSIRIS)

, par SAGNA Olivier

Les années 80, a eu pour conséquence la mise en œuvre de politiques axées sur le
rétrécissement du périmètre d’intervention de l’Etat, la réduction des budgets
sociaux et la déréglementation des secteurs de l’économie fonctionnant
jusqu’alors sous contrôle étatique. Dans le cadre de la mondialisation encouragée
par les grandes firmes capitalistes, ces politiques ont été relayées dans les instances
internationales par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international,
l’Organisation mondiale du commerce ou encore l’Union internationale des
télécommunications (Do-Nascimento 2003). Les pays, dont les économies étaient
sous perfusion des institutions financières internationales, furent contraints de
s’inscrire dans cette dynamique libérale au risque de se voir privés de toute aide
multilatérale voire bilatérale. C’est dans ce contexte que le Sénégal, dirigé par le
Président Abdou Diouf, qui avait fait sienne la devise « Moins d’Etat, mieux d’Etat
 », a entrepris, à partir de 1987, la privatisation d’une première série d’entreprises
publiques du secteur marchand (Samb 2009). Une seconde vague de privatisations
intervînt quelques années plus tard qui concerna les entreprises concessionnaires de
service public évoluant dans les secteurs de l’eau (Sonees), de l’électricité (Sénélec),
etc.1 Le secteur des télécommunications n’échappa pas à cette logique car pour les
institutions de Bretton Woods, l’ouverture des pays en développement ne devait pas
se limiter aux flux commerciaux, aux flux d’investissements et aux flux financiers
mais également s’étendre aux flux de technologies, d’informations et de services
(Deepak Nayyar & Amit Bhaduri 1997). Une loi fut donc votée en 1995 afin
d’autoriser la privatisation de la Sonatel2 et un code des télécommunications adopté
en 1996 afin de libéraliser le marché des télécommunications.