En décembre 1984, la ville indienne de Bhopal était le théâtre d’une des plus importantes catastrophes industrielles de l’histoire, dont les terribles conséquences humaines et environnementales se font encore sentir aujourd’hui. Bhopal apparaît aussi comme un cas d’école de la difficulté pour les victimes d’obtenir justice face aux entreprises multinationales et à leurs dirigeants, particulièrement lorsqu’il s’agit de populations pauvres d’un pays du Sud de la planète. Bilan du trentième anniversaire de Bhopal, par Sunita Narain et Chandra Bhushan du Center for Science and Environment de New Delhi.
C’est dans la nuit du 2 décembre 1984 que Bhopal est morte un million de fois. Le produit chimique, l’isocyanate de méthyle (MIC), qui s’est déversé depuis une usine de pesticides d’Union Carbide India Ltd (UCIL) a transformé la ville en une vaste chambre à gaz. Prise de vomissements, la population s’enfuyait dans les rues et mourait. La ville s’est trouvé à court d’incinérateurs. Ce fut la première (et jusqu’à présent, la seule) catastrophe industrielle majeure qu’ait connu l’Inde. Auparavant, les gouvernements successifs avaient dû faire face à des inondations, à des cyclones et même à des tremblements de terre, mais ils ne savaient absolument pas comment réagir face à un tel événement. La société multinationale américaine Union Carbide Corporation (UCC), propriétaire de l’usine par l’intermédiaire de sa filiale UCIL, n’a pratiquement rien fait pour aider l’Inde à faire face à cette tragédie humaine. Trente ans plus tard, la tragédie continue. Non pas à cause de ce qui s’est passé durant cette nuit fatidique, mais à cause de l’incompétence et de l’indifférence qui ont suivi.
Bhopal a été frappé d’une double catastrophe : l’une s’est déroulée sur le moment, l’autre au cours des trente années qui ont suivies.
Sommaire :
Un impact sanitaire encore mal évalué
Combat inachevé pour la réparation
La catastrophe de Bhopal 2.0
Pourquoi cette tragédie ininterrompue ?
Des dizaines de Bhopal en puissance à travers toute l’Inde
Des lois renforcées mais pas respectées
Des catastrophes en puissance comparables à celle de Bhopal
Les trente prochaines années
La question de la responsabilité doit être tranchée
Indispensable responsabilité des entreprises
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