Fondé en 2014, le réseau Alarm Phone (AP) est composé de 200 activistes d’une quinzaine de pays, principalement d’Europe et d’Afrique du Nord, dont l’objectif principal est d’offrir une assistance aux migrant·es en détresse en mer. Alarm phone, c’est d’abord une ligne téléphonique disponible 24h/24, tenue par des activistes, qui recueille les appels des occupant·es d’embarcations en difficulté lors de traversées maritimes et mobilise dans l’urgence pour activer des opérations de secours dans la zone indiquée, soit en prévenant des instances locales de secours soit en contactant des navires croisant à proximité. Chaque cas de bateaux en détresse ou de naufrages fait l’objet d’un rapport de suivi, en lien avec la situation politique et géopolitique. Ce travail de documentation des naufrages et des cas de refoulement illégal a une visée politique : dénoncer l’Europe forteresse et les frontières meurtrières pour exiger la libre circulation de toutes et tous. Les activistes d’AP accomplissent d’autres tâches, comme apprendre aux migrant·es à déterminer leur localisation, à repérer les navires commerciaux à proximité, rappellent la nécessité de se munir de gilets de sauvetage, de disposer de suffisamment d’eau et de nourriture, etc. Enfin, ils et elles ont aussi un rôle psychologique essentiel pour rassurer les migrant·es en détresse. En cas de naufrage, une fois les morts identifiés, les activistes ont enfin la douloureuse tâche de contacter les proches. « Il faut aussi se préparer à ne pas tomber en dépression si on échoue de façon dramatique… C’est fort, et très émouvant, de mettre en lien ceux qui sont en danger et ceux qui peuvent leur venir en aide. », relate Newroz [1].
En 2021, Alarm Phone a réalisé 778 interventions. Un chiffre à mettre en regard des 1838 personnes mortes en Méditerranée la même année. Depuis 2014, le nombre de personnes disparues en mer est estimé à plus de 23 000.