Victoire de Milei en Argentine : « c’était une construction médiatique soigneusement planifiée »

, par CDHAL

Le Cdhal a réalisé une interview pour Correo del Alba le 20 novembre 2023 avec le politologue et intellectuel Atilio Boron qui revient sur les causes et les implications de cette victoire de l’extrême droite. Synthèse.

Comment expliquer la victoire de Javier Milei ?

Considéré comme un "outsider" politique, il a été préparé médiatiquement avec de nombreuses apparitions dans les médias : il était l’économiste le plus consulté dans les émissions de radio et de télévision en 2018 et depuis lors.
La jeunesse a joué un rôle clé dans la victoire de Milei, avec un fort soutien des jeunes de 18 à 29 ans représentant plus de 24% des listes électorales nationales. Atilio Boron estime que la vieille garde péroniste, déconnectée de la société contemporaine, est responsable du désastre politique. Il suggère que Milei a réussi à attirer une jeunesse déçue par le gouvernement d’Alberto Fernández, une jeunesse vulnérable, affectée par la pandémie, la quarantaine et une politique économique exacerbant l’exclusion sociale et la pauvreté.
Milei représente un changement de paradigme, présenté comme un homme nouveau sur tous les réseaux sociaux, influençant le vote de la jeunesse.

Elections en Argentine - 18/10/2023 - Buenos Aires

En ce qui concerne l’opposition à Milei, Atilio Boron souligne la nécessité d’une réorganisation du camp populaire avec des propositions concrètes de lutte et des leaders crédibles. Il décrit l’effondrement du système des partis, notamment du radicalisme et du péronisme, avec la fragmentation en 24 partis prêts à négocier leur vote en fonction des circonstances.
Concernant la relation potentielle de Milei avec les forces armées, la victoire de Milei pourrait conduire à une collaboration étroite, en particulier avec la nomination de Victoria Villarruel, une apologiste de la dictature génocidaire, au poste de ministre de la Défense et de la Sécurité.

Enfin, sur le plan géopolitique, Atilio Boron avance l’idée que la victoire de Milei pourrait nuire à l’Argentine en la transformant en un acteur clé pour réduire la présence chinoise dans la région, aligné sur les souhaits de Washington. Bien que considérée comme un rêve pour l’establishment américain, cette victoire pourrait également entraîner l’exclusion de l’Argentine de l’Unasur et de la Celac, retardant également son adhésion aux BRICS+. Au niveau international, la crédibilité de l’Amérique latine et des Caraïbes pourrait être compromise avec Milei à la tête de l’Argentine.

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