Rien de bon ne vient de la France

, par Africa is a Country , CHAMPION Eva (trad.), MBAYE Bashir Lo

La France n’est pas un problème nouveau pour l’Afrique. Depuis le XIXe siècle, elle fait obstacle à l’autodétermination du continent.

Près de la moitié des 54 États membres de l’Union africaine sont d’anciennes colonies françaises. La langue française et les intérêts économiques de la France continuent de dominer 20 pays situés au sud du Sahara. Un élément inquiétant apparaît lorsqu’on regarde le paysage économique : le français n’est parlé dans aucune des 10 plus grandes économies africaines. Et même, 6 des 10 pays les plus pauvres sont à majorité francophone. Sur les 14 pays qui utilisent le franc CFA, soutenu par la France, 11 font partie des pays les moins développés selon l’ONU.

La France est en effet un problème pour l’Afrique. Cela n’est pas nouveau : plusieurs dirigeants d’Afrique de l’Ouest ont été confrontés au « problème français » au cours du XIXe siècle. La France s’est tout d’abord enrichie pendant quatre siècles de participation au commerce triangulaire. Lorsque cette traite des esclaves africain·es a commencé à décliner au début du XIXe siècle, les bâtisseurs·es de l’empire français ont alors ouvert une nouvelle ère de conquêtes coloniales en Afrique. Iels ont joué un rôle essentiel dans l’organisation de la Conférence d’Afrique de l’Ouest, communément appelée la Conférence de Berlin, laquelle a abouti à la répartition des territoires africains entre différentes puissances européennes.

Les dirigeants d’Afrique de l’Ouest qui ont été aux prises avec la puissance des troupes coloniales françaises ont refusé de se rendre et beaucoup ont proclamé le djihad contre les Français. Cette réponse était alors d’usage, puisque la plupart des habitant·es de la région étaient musulman·es et que les guerres traditionnelles en Islam étaient de facto justifiées par le concept de djihad. Néanmoins, les dirigeants d’Afrique de l’Ouest ont fait valoir des arguments différents pour résister aux conquêtes françaises. Mā al-‘Aynayn, le leader mauritanien et saharien, a rejeté avec virulence toute tentative de compromis avec l’armée d’invasion française. Son traité de 1885 intitulé Hidāyat man Ḥāra fī Amr al-Naṣārā (Conseils pour qui est concerné·e par le problème des chrétien·nes [français·es]), explique avec ferveur que, face à l’injustice que représente la présence française, résister est un devoir et la responsabilité de tous et toutes.

De même, Samory Touré, de Guinée du Nord, célèbre chef de guerre anti-français de la région, et Al-Hājj Umar Fuuti Taal, autre personnage influent d’Afrique de l’Ouest, ont choisi de contraindre leur peuple à migrer hors des territoires occupés par les Français plutôt que de se soumettre à leur ordre colonial. Après de nombreuses batailles contre les forces coloniales françaises et une succession de trêves manquées, Lat Dior Diop, chef du dernier royaume traditionnel de la région de Sénégambie, a rejeté la présence française sur son territoire. Il a déclaré que les Français·es n’étaient les bienvenu·es que comme des étranger·es en visite, mais pas comme des résident·es permanent·es. Comme le dit le proverbe Wolof « gan du-tabakh » (un·e étranger·e en visite ne se construit pas de maison). Or, en construisant une ligne de chemin de fer entre Dakar et Saint-Louis, laquelle traverserait son royaume de Cayor, les Français·es s’étaient bien déclaré·es résident·es et non plus seulement visiteur·ses. Lat Dior a déclaré à son peuple que, lui vivant, aucun chemin de fer ne serait construit, car le train symboliserait le contrôle de la France sur un territoire colonial et ses sujets. Mais Lat Dior est mort en 1886 lors de son dernier combat contre l’armée coloniale française, connu sous le nom de bataille de Dekhele.

Autre personnage obstiné, Mamadou Lamine Dramé du Mali et du Sénégal, a refusé la présence française dans la région, et a riposté à de nombreuses occasions, en assiégeant l’administration coloniale française dans le fort de Bakel. Le destin de ces grandes figures de l’histoire d’Afrique occidentale ayant fait acte de résistance pendant les guerres menées par la France en Afrique subsaharienne a été dramatique et souvent sanglant, puisque tous ont péri en combattant pour la dignité. L’armée française a décapité Mamadou Lamine et renvoyé sa tête coupée en France comme trophée ; son crâne est d’ailleurs toujours visible au musée de l’Homme à Paris.

Au fur et à mesure que la France a consolidé son contrôle sur les huit territoires coloniaux qui formeront par la suite l’Afrique-Occidentale française (AOF), les dirigeants d’Afrique de l’Ouest ont cherché des moyens de sauver ce qu’il restait de leurs communautés. Ils sont passé alors de la résistance armée à d’autres formes d’opposition pacifique. Ils ont adopté une approche davantage centrée sur la cohabitation avec les forces coloniales, tout en rejetant fondamentalement toute soumission à l’hégémonie française. Shaykh Sa‘dbu en Mauritanie par exemple, dans une approche pragmatique dans ses relations avec les Français·es, a refusé d’utiliser des termes religieux telles que les Naṣārā (Chrétiens) pour préférer se référer à l’identité ethno-raciale de « peuple Français ». Selon lui, les avantages liés au fait d’éviter la confrontation avec les Français·es étaient supérieurs aux dommages pouvant résulter d’un éventuel conflit. Dans son traité publié en 1895, intitulé Al-Naṣīḥah : al-‘āmmah Wa al-Khāṣṣah Fī al-Tahdhīr min Muḥārabat al-Faransah (Conseils publics et privés visant à avertir contre tout combat contre les Français·es), il explique que les principes musulmans de la Muṣlaḥah, ou de l’intérêt général, déconseillent de mener une guerre de destruction si la perspective de faire la paix ou une trêve est viable.

Musa Kamara, un autre intellectuel, a défendu ardemment la séparation de la politique et de la religion afin de supprimer le concept de djihad de la stratégie régissant les relations avec la puissance coloniale d’occupation. Il a expliqué que la politique est « une scène ouverte pour ceux cherchant le pouvoir et la célébrité », ce qui va donc à l’encontre de l’essence du djihad. Son livre, intitulé Akthar Al-Rāghibīn Fi-l-Jihād (La majorité des pseudo-djihadistes), écrit entre 1895 et les années 1920, est une puissante déclaration en faveur de cette cause.

À l’inverse, le cheik Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie des Mourides, a défendu, quant à lui, une stratégie de dialogue prudent avec les autorités coloniales françaises, appelant souvent à un retrait [de la population] de l’État colonial. Dans l’un de ses poèmes, il écrit que les Français accusent souvent leurs opposants d’être djihadistes comme moyen de justifier leur violence. Il a appelé donc à un retrait de ses fidèles Mouride de l’État colonial, dans le but de préserver leurs intérêts.

Tout comme l’expérience des groupes de résistance, la stratégie de cohabitation poursuivie par ces dirigeants pacifistes se révéla inefficace à mettre un terme à l’hégémonie française, ou à réorienter ses actions agressives en Afrique de l’Ouest. En effet, de 1895 à 1958, la France a perpétué son sinistre héritage issu de sa participation au commerce triangulaire. Elle a poussé les agriculteur·ices africain·es à cultiver des ressources pour soutenir l’économie française, tout en mettant en place des politiques fiscales visant à financer ce qu’elle appelait les « fardeaux de la colonisation ». Par ailleurs, la France a enrôlé des centaines de milliers d’Africains, rebaptisés « le Corps des Tirailleurs Sénégalais », pour participer aux guerres tribales européennes, les déployant pour défendre la France contre l’Allemagne pendant la Première et la Deuxième guerres mondiales. Un nombre similaire de soldats a été envoyé dans d’autres zones de guerres coloniales, comme en Indochine et en Algérie.

La première fois que j’ai entendu les histoires d’anciens combattants africains des guerres françaises, c’était dans les années 1980, alors que je passais l’été dans le village de Sam-Sam dans la région du Diourbel au Sénégal. Abdou Ndiaye, également connu sous le nom de Baay Faal, était un ancien combattant des guerres coloniales françaises qui en était revenu en boitant. Ses souvenirs étaient encore vifs : il a raconté comment ses officiers français ont battu en retraite à la hâte alors que les soldats allemands avançaient vers leur tranchée dans la ville française de Buzançais. Ils ont mis des balles de tennis sur leurs poitrines pour se déguiser en femmes et ainsi passer les lignes allemandes. Dans cette situation désespérée, seuls ses compagnons d’armes africains sont restés pour repousser les Allemands. Quand, des années plus tard, je suis entré à l’Université, je n’ai jamais eu l’occasion de pouvoir corroborer la triste histoire de Baay Faal. Toutefois, je me suis retenu de penser qu’elle était fausse, car il existe d’autres versions de son récit dans d’autres contextes et aucune information disponible dans la culture populaire ne la contredit. Par exemple, lorsque les anciens combattants ayant survécu à ces guerres sont rentrés en Afrique de l’Ouest et ont demandé le paiement de leurs indemnités, ils ont subi un sort terrible désormais connu sous le nom de massacre de Thiaroye. Leurs compagnons d’armes et officiers supérieurs français ont perpétré ce massacre brutal en décembre 1944.

Fait regrettable, les décennies qui ont suivi l’année 1960, largement célébrée comme celle de l’indépendance de l’Afrique, n’ont pas donné lieu à d’importants changements dans les actions répressives de la France en Afrique. Mise à part la Guinée, aucun ancien territoire colonisé n’a réussi à achever une indépendance claire et nette de la France. Ils ont été intégrés dans ce que l’on appelle aujourd’hui l’Afrique francophone, ou cyniquement rebaptisée ces 20 dernières années « la Françafrique ». Reconnaissant le désir de l’Afrique d’obtenir une véritable indépendance, Charles de Gaulle, président de la République de 1959 à 1969, a agité le mirage de l’auto-détermination sans pour autant accorder à ces nations une véritable souveraineté économique ou politique. Tout comme la destruction historique menée par la France en Afrique, ce nouvel arrangement a marqué le début d’une troisième phase du « problème français » en Afrique. Cela a pris la forme d’un réseau complexe d’accords néocoloniaux mettant en place de façon tacite des mesures militaires et politiques visant à empêcher toute tentative de se libérer de la mainmise de la France.

France-à-Fric
"France-à-Fric", photo Gwenael Piaser via flickr - CC-BY-NC-SA

La persistance de cet arrangement néocolonial peut être attribué à deux principaux facteurs. En premier lieu, le fait que la diplomatie française de l’ombre soit en contradiction flagrante avec les déclarations publiques de Paris sur son soutien à la démocratie et à l’auto-détermination en Afrique. Concrètement, cette diplomatie clandestine s’appuie sur des bureaucrates officieux de l’Élysée agissant sous couverture, qui influencent de manière significative la politique des pays francophones. Les grands dirigeants africains et intellectuels publics qui se sont opposés à la structure néocoloniale de la France ont connu trois sortes de destin : retrait du pouvoir politique, renvoi de leur poste et emprisonnement, ou, plus tragiquement, assassinat. Il convient de noter que, depuis 1990, sur les 27 coups d’État ayant eu lieu dans les pays au sud du Sahara, environ 78 % se sont déroulés dans des pays francophones.

Le deuxième facteur important est le maintien de l’utilisation du franc CFA, monnaie employée par 14 pays francophones au sein de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le franc CFA a été créé le 26 décembre 1945 sur décret colonial et a alors été défini à un taux d’échange fixe avec le franc, une relation qui perdure aujourd’hui avec l’euro. De récentes contributions universitaires publiques ont largement démontré l’effet préjudiciable du franc CFA sur ces pays, jouant un rôle central dans la soumission de la politique monétaire de l’Afrique à celle de la France, empêchant la diversification économique plus que nécessaire dans cette région, et perpétuant les déséquilibres commerciaux et la dépendance. Pour bien comprendre ce problème, il convient de savoir que les pays membres de cet accord économique avec la France doivent déposer 50 % de leurs réserves de change à la Banque centrale française et 20 % pour leurs dettes financières, ce qui ne leur laisse donc que 30 % sur leurs comptes à l’intérieur des frontières nationales. Lorsque les pays d’Afrique de l’Ouest ont envisagé de mettre fin à ce colonialisme monétaire en 2021, le Président Macron a recouru à la diplomatie de l’ombre pour saper cette tentative. Il s’est rapidement entendu avec le Président de Côte d’Ivoire Alassane Ouatara, et a annoncé des changements superficiels dans l’accord colonial, tout en préservant l’essentiel.

Le problème posé par la France en Afrique va au-delà de l’aspect économique et englobe aussi des dimensions culturelles et éducatives. Les critiques libérales de la domination culturelle française ont tendance à traiter l’Afrique avec condescendance : elles dénigrent souvent l’influence de la France, mais échouent à fournir une feuille de route claire pour la libération. De nombreuses élites tirent leur inspiration du livre de Frantz Fanon Les damnés de la terre, mais n’annoncent pas pour autant d’étapes concrètes pour démanteler l’hégémonie économique de la France dans la région.

La France elle-même s’enorgueillit de promouvoir les valeurs des Lumières dans la littérature africaine. Cependant, il convient de noter que malgré sa domination historique dans la littérature africaine francophone, il n’y a encore eu aucun Prix Nobel de littérature africaine francophone. La liste des lauréats du Nobel en littérature inclut de célèbres auteur·ices comme Wole Soyinka au Nigéria (1986), Naguib Mahfouz en Égypte (1988), Nadine Gordimer en Afrique du Sud (1991), JM Coetzee en Afrique du Sud (2003), Doris Lessing au Zimbabwe (2007), et plus récemment, Abdulrazak Gurnah en Tanzanie (2021). En plus de 100 ans d’histoire, le prestigieux prix Goncourt n’a été attribué pour la première fois à un auteur subsaharien qu’en 2021, le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr.

Cette observation montre que l’influence de la France ne permet pas l’excellence littéraire ni la production d’idées originales au sein de sa sphère d’influence. Par ailleurs, il est de plus en plus clair qu’il n’existe pas de démocratie libre et vivante en l’Afrique francophone, telle qu’on pourrait la comparer, malgré leurs lacunes, à celle du Kenya, de la Tanzanie, du Botswana, de l’Afrique du Sud ou du Ghana. Les pays francophones épargnés par les régimes militaires sont gouvernés par des dirigeants s’accrochant au pouvoir pendant de longues années, organisant leur propre réélection à vie ou modifiant leurs constitutions pour étendre leurs mandats. Dans le meilleur des cas, ils contrôlent l’opinion publique en empêchant toute éventuelle élection libre et juste et en arrêtant leurs opposants politiques sérieux.

Le discours actuel sur la résurgence des régimes militaires dans la région du Sahel (Mali, Burkina Faso et Niger), ignore la persistance de l’hégémonie, de la répression et de l’exploitation de la France depuis plusieurs siècles. En réalité, la seule difficulté qui perdure depuis 500 ans est véritablement cette hégémonie.

De nos jours, les commentaires néolibéraux dans les médias déplorent l’état de la démocratie au Niger, tout en essayant de justifier la pauvreté persistante vécue par ses 27 millions d’habitant·es. Nelson Mandela a observé un jour avec sagacité la nature banale de l’oppression : elle normalise la souffrance africaine et nous désensibilise à la détresse du peuple Noir. Alors que nous lisons des articles sur la quantité de cadavres en décomposition de migrant·es africain·es éparpillé·es dans le désert libyen, en Tunisie, et en mer Méditerranée, dénoncer le rôle du Président déchu Mohamed Bazoum n’est que l’aspect visible d’autres tragédies, plus significatives et ignorées, qui se déroulent en Afrique. Dans de nombreuses apparitions publiques, ce[t ex-]dirigeant semble dénigrer son armée nationale, défendre les intérêts néocoloniaux français, et refuser de négocier un accord juste avec les entreprises françaises qui exploitent les ressources du Niger. Pour celles et ceux d’entre nous qui ont visité la République du Niger et ont vu les désastreuses conditions de vie de la population, la démocratie libérale apparait comme une coquille vide et une gouvernance civile reste un mirage à défaut d’apporter de la dignité à sa population. Le néocolonialisme connait plusieurs formes et se déploie en plusieurs étapes et je crains que la démocratie libérale ne fusionne peu à peu avec l’une de ces formes néocoloniales.

Dans son documentaire de 2005, Arlit, deuxième Paris, Idrissou Mora-Kpai révèle tout le mal causé par les entreprises françaises opérant dans les mines d’uranium au Niger. Ce qui profite à la France aboutit bien trop souvent à un appauvrissement et à des souffrances pour les communautés africaines locales. L’alternative au régime militaire réside non pas dans un arrangement colonial normalisé et déguisé en démocratie, mais dans l’établissement d’un gouvernement civil juste. Alexis de Tocqueville avait raison : les gens « veulent l’égalité dans la liberté et, s’ils ne peuvent pas obtenir cela, ils veulent quand même l’égalité dans l’esclavage ». La demande d’aide à la Russie provenant des partisan·es de la junte reflète leur déception vis-à-vis du soutien tacite des Américain·es à la Françafrique, que ce soit par leur « observation » passive de l’héritage du pacte colonial, ou par leur complicité perçue avec ce que Charles W. Mills évoque comme « Le contrat racial ».

Au vu de toutes ces complexités, la seule constante au Sahel est l’omniprésence de l’hégémonie française, jetant une ombre délétère sur la vie de ses peuples. Les Afro-américain·es et les universitaires en études africaines doivent s’engager activement à aborder ce problème. Leur engagement ne doit pas uniquement être motivé par la solidarité africaine mais aussi par la reconnaissance du fait que les études humanistes ont toujours défendu des causes justes. La difficile situation des anciennes colonies françaises en Afrique en matière de développement économique et de dignité s’aligne sur les principes de justice et mérite donc d’être soutenue.

Malheureusement, la solidarité africaine a quelque peu été oubliée dans le mouvement des droits civiques afro-américain depuis la mort de Malcolm X en 1965. La version la plus répandue du message de Martin Luther King qui s’est imposée dans le monde politique et universitaire dominant américain a souvent été perçue du point de vue nationaliste. Mais il est temps de faire le lien entre le message de justice et d’égalité de Martin Luther King et une attention renouvelée sur la solidarité africaine, et de lui redonner tout son sens. Comme M. King le soulignait fréquemment, « une injustice, où qu’elle se produise, est une menace pour la justice partout ailleurs ». Les États-Unis ont assisté à la Conférence de Berlin de 1884 en tant qu’observateurs, alors que la France proclamait la « légitimité » de sa part importante de ses colonies. Au XXIe siècle, les Américain·es ne doivent pas soutenir cet héritage ou son injuste perpétuation sous couvert de promouvoir la démocratie.

Les spécialistes en études africaines doivent être les agent·es du changement au lieu de suivre uniquement leur curiosité intellectuelle et de soutenir le statu quo. L’Histoire a largement montré que les véritables acteur·ices du changement en Afrique ont principalement émergé de différents secteurs, que ce soit du nationalisme, du syndicalisme, des institutions militaires ou encore de dirigeant·es pragmatiques. Si l’idéalisme intellectuel des élites éduquées a certes sa place en Afrique, il a surtout entravé la voie vers une libération et des progrès importants. Les Africain·es francophones du Sahel se tournent vers les régimes militaires à cause de leur déception vis-à-vis de la démocratie libérale, laquelle est de plus en plus devenue la voie préférée du néocolonialisme français.

Lire l’article original en anglais sur le site Africa is a Country