Le Sud face à la crise du Nord

CADTM

, par MILLET Damien, TOUSSAINT Eric

La crise actuelle a-t-elle des répercussions spécifiques sur les pays du Sud ?

Au Sud, la crise de la dette du début des années 1980 a été provoquée par l’augmentation unilatérale des taux d’intérêt décidée par les États-Unis, entraînant une explosion des remboursements demandés aux pays du tiers-monde que les banques avaient incités à emprunter à taux variables. Dans le même temps, l’effondrement des cours des matières premières les empêchait de pouvoir faire face, les plongeant de manière brutale dans la crise. Le FMI et la Banque mondiale au service des gouvernements pays les plus industrialisés ont alors imposé des réformes néolibérales qui ont aggravé les conditions de vie de la majorité des populations du Sud.

Oui, la crise actuelle a des conséquences spécifiques au Sud. Alors que les gouvernements du Nord baissent les taux d’intérêts, ceux payés par le Sud augmentent car les banques privées du Nord rechignent à leur prêter de l’argent et durcissent les conditions de prêts : les taux d’intérêts et les primes de risque grimpent. Par ailleurs, la chute de la croissance économique au Nord entraîne une réduction de la demande de matières premières, à commencer par le pétrole, ce qui à son tour fait baisser leur prix depuis quelques semaines. En conséquence, pour rembourser leurs dettes, les pays du Sud vont devoir puiser fortement dans les réserves de change qu’ils ont accumulées au cours des dernières années (en raison de la hausse des prix de leurs exportations entre 2004 et mi-2008), celles-ci vont fondre. La crise mondiale dont l’épicentre se trouve aux Etats-Unis et en Europe va toucher très durement les populations du Sud : baisse des dépenses sociales des gouvernements du Sud et augmentation du chômage. Or les populations sont déjà directement affectées par l’augmentation brutale des prix alimentaires et par les effets du changement climatique. Lire