« 20h, un drôle de camping-car entre dans la cité. Chamarré de jaune, de vert et de rouge, de dessins et de citations, il se repère de loin. » Voilà quelques mots qui accompagnent le concept de médiation nomade sur le site de l’association fondée en 2012 par Yazid Kherfi, ancien braqueur, « repris de justesse » comme le définit le titre d’un livre paru en 2003. L’idée est simple : ouvrir un espace convivial en soirée au cœur de la cité afin d’accueillir des publics parfois en errance, notamment des jeunes, et d’impulser des dynamiques préventives qui tiennent compte des difficultés de ces territoires. Un programme d’intervention fondé sur des valeurs de fraternité, de partage et reposant sur le principe de non-violence. L’objectif : désamorcer les éventuelles tensions en favorisant le dialogue et la convivialité.
C’est donc équipé·es d’un camion, de thé, de musique que les médiateur·rices de l’association viennent à la rencontre des habitant·es d’un quartier et abordent différents thèmes comme la non-violence, l’importance de la parole, le respect, le pouvoir d’agir. À travers l’exemple de Yazid, il s’agit de montrer qu’il n’existe aucune fatalité ; que, malgré des conditions de vie difficiles, il existe d’autres chemins que ceux de la délinquance et la violence. Il s’agit aussi de retisser du lien social et d’instaurer un climat de confiance qui fait souvent défaut entre les habitant·es des quartiers et les institutions locales.
L’année 2020 a été une année difficile. Les mesures prises pendant le confinement ont été durement ressenties dans les quartiers et n’ont fait qu’accroître les inégalités et des tensions déjà vives. L’action de la médiation nomade est donc précieuse. La preuve, depuis sa création en 2012, l’association a « essaimé » bien au-delà de la région parisienne puisque des comités locaux existent désormais dans la métropole lyonnaise, à Châtellerault, Nice, Marseille, Carcassonne, La Rochelle et même… à Mayotte.