La satisfaction du client, c’est l’obsession affichée de Jeff Bezos patron d’Amazon, le géant du e-commerce aux 180 millions de références. Sa stratégie : le "day one", soit maximiser les cadences de préparation des colis pour livrer en moins d’un jour, moins d’une heure et peut être moins d’une demi-heure grâce à des drones de livraison. Son ambition : créer un écosystème complet avec des maisons connectées, des e-books, de la musique, des séries, des films... pour générer toujours plus de commandes de ses produits à bas prix. Mais, derrière le héros du néolibéralisme 2.0, se cache une vision du monde que nous devons combattre.
Malgré les récentes promesses de Jeff Bezos sur les énergies renouvelables ou la compensation de ses émissions, le monde d’Amazon reste un désastre écologique. La multinationale a vendu plus de 11 milliards de produits l’année dernière. Ses prix bas, ses promotions quotidiennes poussent à la surconsommation et contribuent à la hausse des émissions de CO2 en démultipliant l’extraction des ressources, les transports par bateaux, avions ou camions. Amazon Web Services (AWS) est également numéro un mondial du cloud et ses data centers, ont généré autant de gaz à effet de serre que le Portugal en 2018. AWS fournit ses services à Palantir, une société sulfureuse qui aide Donald Trump à identifier et arrêter des migrants traversant illégalement la frontière.
Un monde sans emplois. On estime que pour un emploi créé par la firme de Jeff Bezos, deux emplois sont détruits dans le secteur commercial. Les salariés d’Amazon, dont de nombreux intérimaires, enchaînent des tâches cadencées par les algorithmes de leurs scanners. Dans ses nouveaux entrepôts, ils deviennent des auxiliaires de 100 000 robots de préparation des commandes. Et, bientôt, les livreurs, déjà nombreux à être ubérisés, pourront être remplacés par des drones.
Un monde sans fiscalité, ni démocratie. Échapper à l’impôt et aux contraintes légales est une véritable obsession pour le libertarien Jeff Bezos. En bonne multinationale, Amazon déclare artificiellement ses profits dans des paradis fiscaux comme le Luxembourg en Europe ou le Delaware aux Etats-Unis. En France, Amazon a annoncé unilatéralement qu’elle répercuterait la modique taxe GAFA sur ses fournisseurs. A Seattle, son siège, Amazon a fait annuler une taxe sur les multinationales en faveur des sans abris pourtant votée à l’unanimité par le conseil municipal.
Douze ans après l’ouverture de son premier entrepôt français à Saran (Loiret), Amazon a inauguré, en présence du secrétaire d’État au numérique Cédric O, un entrepôt géant équipé de 4 000 robots à Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne. De nouveaux sites doivent voir le jour à Fournès dans le Gard et près de Metz en Moselle. Nous ne nous mobilisons pas contre les 7 500 salariés d’Amazon qui cible des bassins d’emploi sinistrés pour s’implanter à moindre frais. Mais les emplois promis par Amazon conduisent à l’aveuglement des élus et des membres du gouvernement qui préfèrent couper le ruban plutôt que de s’interroger sur la disparition de milliers de commerces de proximité pourvoyeurs d’emplois et de lien social partout en France.
Ce monde va une nouvelle fois s’incarner le vendredi 29 novembre prochain avec le Black Friday. Préparée à coups de publicités massives et de promotions extrêmes, cette journée incite les consommateurs à se ruer sur des millions de produits dont ils n’ont pas forcément besoin. Le Black Friday est un des vecteurs de la stratégie de prix cassés et de vente à perte qui a permis à Amazon de devenir le premier distributeur de textile et d’électronique en France. Cette vision du monde est en totale contradiction avec la profonde aspiration à une vie décente sur une planète vivable, exprimée notamment par les gilets jaunes ou les marcheurs pour le climat.
Il est urgent de stopper la construction des nouvelles infrastructures d’Amazon et des autres entreprises du e-commerce et de nous mobiliser pour le développement d’une économie locale créatrice d’emploi, génératrice de lien social tout en étant compatible avec les impératifs climatiques. Pour porter cette exigence et ne plus laisser Amazon balayer d’un revers de main les droits sociaux et environnementaux, nous appelons à transformer le Black Friday 2019 en un « Vendredi noir pour Amazon ». Le 29 novembre, nous mènerons des actions citoyennes partout en France pour perturber l’activité d’Amazon et promouvoir des alternatives afin de libérer toujours plus de monde de son emprise néfaste.
Premier·es signataires :
Nayla Ajaltouni (coordinatrice du collectif Éthique sur l’étiquette)
Christophe Alévêque (humoriste)
Alice Brauns et François Dubreuil (Unis pour le climat)
Jean-Christophe Angaut (philosophe et traducteur)
Sara Angeli Aguiton (sociologue CNRS)
Geneviève Azam (économiste)
Marie-Hélène Bacqué (Professeure des universités)
Ingrid Balazard et Marie Hermann (éditrices pour les éditions Hors d’atteinte)
Jacques Baujard et Fred Giacomoni (librairie Quilombo)
Jean-Paul Barriolade (éditions Libre & Solidaire)
Miguel Benasayag (philosophe)
Dominique Bourg (philosophe)
Alexandra Casenave-Camgasto (librairie des Éditeurs associés)
Eric Beynel et Cécile Gondard-Lalanne (porte-paroles de l’Union syndicale Solidaires)
Manuel Cervera-Marzal (sociologue)
Michèle Chadeisson (librairie Texture)
Patrick Chamoiseau (écrivain)
Maxime Combes, Raphaël Pradeau & Aurélie Trouvé (porte-paroles d’Attac France)
Sandra Cossart (directrice de Sherpa)
Marin Cousin (présidente de Résistance à l’agression publicitaire)
Thomas Coutrot (économiste)
Stéphane Cuttaïa (co-fondateur de Gilets Verts)
Alain Damasio (écrivain)
Laurence De Cock (historienne)
Carlo De Sacco (chanteur de Grèn Sémé)
Laurent Degousée (co-délégué de SUD Commerce)
Antoine Deltour (lanceur d’alerte)
Olivier Dubuquoy (géographe documentariste)
Cédric Durand (économiste)
Margot Duvivier (présidente du REFEDD)
Jean-Baptiste Eyraud (porte-parole de Droit au logement)
Guillaume Faburel (enseignant-chercheur)
Olivier Favier (journaliste indépendant)
Maya Flandin (vice-président du Syndicat de la librairie française / librairie Vivement dimanche)
Fabrice Flipo (philosophe)
Eric Floury, Hervé Floury & Chloë Bénéteau (librairie Floury-Toulouse)
Pascal Franchet (président du CADTM France)
Jean-Baptiste Fressoz (historien)
Iris Frey (chargée de campagne pour Attac Autriche)
Bruno Gaccio (auteur)
Khaled Gaiji (président des Amis de la Terre)
Guillaume Gandelot (librairie La Friche et président de l’INFL)
François Gemenne (chercheur en sciences politiques)
Susan George (écrivain)
Nicolas Girod (porte-parole de la Confédération paysanne)
Barbara Glowczewski (directrice de recherche au CNRS)
Pierre-Henri Gouyon (professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle Paris)
Anahita Grisoni (sociologue et urbaniste)
Victoire Guillonneau (organisatrice pour 350.org)
Kaddour Hadadi (artiste)
Anaïs Henneguelle (maîtresse de conférences en économie à l’université de Rennes 2)
Mathilde Houlès (librairie la Friche)
François Jarrige (historien)
Kévin Jean (président de Sciences Citoyennes)
Marie Antonelle Joubert (coordinatrice de l’Alliance Mondiale pour la Justice Fiscale)
Jean-François Julliard (directeur de Greenpeace France)
Stéphen Kerckohve (délégué général d’Agir pour l’environnement)
Marie-Pierre Lajot (éditrice)
Mathilde Larrère (historienne)
Sonia Larue (réalisatrice)
Paul Laverty (scénariste)
Stéphane Lavignotte (théologien protestant et militant écologiste)
Yvan Le Bolloc’h (chanteur comédien)
Nicolas Lefort (librairie Les Guetteurs de Vent)
Geneviève Legay (porte-parole d’Attac 06)
Elliot Lepers (directeur exécutif de l’ONG - Le Mouvement)
Les Ogres de Barback (musiciens)
Li-Cam (autrice de science-fiction)
Ken Loach (réalisateur)
Joëlle Losfeld (éditrice)
Priscillia Ludosky (gilet jaune)
Josépha Mariotti et Pauline Fousse (éditions Passager Clandestin)
Dominique Méda (sociologue)
Cécile Menanteau et Géraldine Schiano de Colella (librairie-café Les bien-aimés)
Fabrice Michaud (secrétaire général FNST / CGT)
Xavier Moni (président du Syndicat de la librairie française / librairie Comme un roman )
Gérard Mordillat (écrivain et cinéaste)
Corinne Morel-Darleux (autrice)
Tatiana Moroni & Amandine Guichon (librairie Les villes invisibles)
Mr Mondialisation (journaliste indépendant)
Philippe N’go (éditions Moltogone)
Claire Nouvian (fondatrice de BLOOM)
Rebecca O’Brien’s (producteur)
Sandy Olivar Calvo (ANV-COP21)
Maxime Ollivier (La Bascule)
Yves Pagès (écrivain & éditeur aux éditions Verticales)
Emmanuel Poilane (président du CRID)
Thomas Porcher (économiste)
Julie Potier (directrice générale de Bio Consom’Acteurs)
Lison Rehbinder (coordinatrice de la plateforme Paradis Fiscaux et Judiciaires)
Cécilia Rinaudo Cécilia (coordinatrice générale de Notre Affaire à Tous)
Marie-Monique Robin (documentariste et écrivaine)
Jérôme Rodrigues (gilet jaune)
Roland Nivet & Edith Boulanger (porte-paroles du Mouvement de la Paix)
Olivier Rouard (directeur de la librairie Charlemagne à Toulon et Vice-Président du Syndicat de la librairie française)
Christel Rouma (coordination de Bizi !)
Liliane Rovere (actrice)
Samuel Sauvage (président de l’association Halte à l’Obsolescence Programmée)
Agnès Sinaï (enseignante à Sciences Po)
Yves Sintomer (politologue)
Sylvain Steer (La Quadrature du Net)
Bernard Stephan (directeur des éditions de l’Atelier)
Henri Sterdyniak (membre des Économistes Atterrés)
Jacques Testart (biologiste et écrivain)
Alexandra Tobelaim (metteure en scène)
Sezin Torçu (chercheuse au CNRS)
Usul (youtubeur)
Alain V. (Décroissance IDF)
Paco Vallat (librairie Terre des livres)
Victor Vauquois (Il est encore temps)
Léa Vavasseur (Alternatiba)
Vincent Verzat (Partager c’est sympa)
Denis Vicherat (co-président éditions Utopia)
Patrick Viveret (essayiste philosophe)
Peter Wahl (Attac Allemagne)
Youth For Climate (groupe locaux de Grenoble Lyon Paris/IDF et Saint-Quentin-en-Yvelines)