En 1992, selon le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), les 40 % les plus nantis de la population mondiale produisaient et consommaient 94,4 % de la richesse, alors que les 60% les plus pauvres se contentaient de 5,6 %. En 2004, ces chiffres étaient, respectivement, 77,9% et 22,1%. La situation s’est donc légèrement améliorée, à cause de l’émergence de nouveaux pays industrialisés. Par contre le dynamisme du développement des pays les plus riches s’est, pendant cette période, renforcé bien plus que celui des pays pauvres : les PIB (Produit intérieur brut) annuels per capita qui, en 1992, étaient, chez les plus riches, de 40 à 45 fois supérieurs à ceux des plus pauvres, le sont devenus, en 2004, de 70 à 75 fois. Relativement, les pauvres sont un peu moins pauvres, certes, mais les riches sont beaucoup plus riches !
La question du développement n’a cessé de me préoccuper pendant quarante ans ; c’est, au départ, pour contribuer à la résoudre que je suis devenu sociologue. Quelles sont les conditions et les processus qui expliquent le dynamisme relatif de développement d’une collectivité, et quels sont les acteurs qui lui insufflent ce dynamisme ? Pourquoi celui-ci est-il plus fort dans certaines collectivités que dans d’autres, produisant ainsi, à la longue, des inégalités gigantesques de conditions d’existence de leurs populations ? Pourquoi est-il pratiquement inexistant dans certaines d’entre elles, qui continuent à stagner depuis des siècles ? Pourquoi, dans une même collectivité, ce dynamisme est-il fort à certaines époques et s’essouffle-t-il à d’autres, jusqu’à la faire, parfois, régresser ? Ces questions sont terriblement complexes et, malgré tous mes efforts, je ne crois pas être parvenu à leur donner une réponse satisfaisante.
Pour les aborder, je pense qu’il faut d’abord rappeler ce qu’a été le colonialisme, qui a duré jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, et le néocolonialisme qui lui a succédé ; nous examinerons ensuite les modèles de développement, par lesquels on a cru pouvoir résoudre l’immense problème des inégalités entre le Nord et le Sud. Enfin, je tenterai de proposer, ma propre conception de ce que devrait être un développement éthique et durable.
Sommaire :
– La question du développement
Quelles sont les conditions qui expliquent le développement ?, par Guy Bajoit
– Le colonialisme et le néocolonialisme
On peut faire l’hypothèse qu’il existe une relation entre colonisation et sous-développement puisque les pays jadis colonisés sont les les plus pauvres de la planète, par Guy Bajoit
– Le temps du développement
Comment expliquer les profondes inégalités de développement entre les sociétés humaines ?, par Guy Bajoit
– Les deux premières conceptions : 1950-1975
Comment les États-Unis et l’Union Soviétique après avoir défait le nazisme ont réorganisé le Monde, par Guy Bajoit
– Les trois conceptions suivantes : 1975-2005
La crise économique, la révolution technologique et l’effondrement des pays communistes provoquent le retour triomphant du néolibéralisme, par Guy Bajoit
– Pour un développement éthique et durable
Six leçons à retenir des innombrables tentatives de développement entreprises dans les pays du Sud, par Guy Bajoit
– Le retour de l’État en Amérique Latine
Plutôt que de résoudre les contradictions du développement, les gouvernements latino-américains ont choisi de privilégier une des deux dimensions du développement éthique et durable, par Guy Bajoit
– Conclusion
Comment conduire la relation de collaboration et de conflit entre une élite dirigeante et un peuple organisé, par Guy Bajoit
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