Comment les femmes au Pakistan luttent contre les disparitions forcées et les assassinats

, par Waging NonViolence , FOUTREL Emilie (trad.), MITRA Esha

Alors que des centaines de personnes ont investi les rues de Karachi, la plus grande ville du Pakistan, le 12 janvier, une marée de manifestant·es, majoritairement des femmes, a continué à scander "le Balochistan demande justice", même face à une forte présence policière.

Pendant ce temps, dans la province agitée mais magnifique du Baloutchistan, au sud-ouest du pays, des milliers d’autres personnes ont envahi les rues. Leur manifestation contre les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires dans leur province n’est que la dernière mobilisation d’un mouvement qui a connu une croissance exponentielle au cours du mois dernier.

Suite à l’assassinat de Balaach Mola Baksh, 22 ans, en novembre, des centaines de femmes - accompagnées de certains de leurs enfants - ont entamé une marche d’environ 1 600 kilomètres depuis sa ville natale de Turbat à Islamabad le 6 décembre. Arrivées dans la capitale du Pakistan, elles ont installé un camp devant le Club national de la presse.

Depuis près d’un mois, ces manifestantes - issues de près de 300 familles dont les proches sont victimes de disparitions forcées et d’assassinats - vivent dans des tentes en tissu et en bâche, alors même que les températures approchent du gel. Avec l’apparition de nouvelles manifestations dans tout le pays et l’intérêt croissant des défenseur·ses des droits humains du monde entier, ce mouvement dirigé par des femmes montre sa force face à la répression gouvernementale inflexible.

« Ils l’ont tué »

« Quand je suis allée voir son corps, les agents m’ont dit de l’enterrer, mais j’ai répondu "Non, je veux justice" », a expliqué Najma Baloch par téléphone depuis le sit-in d’Islamabad. « Ce n’est pas seulement mon frère, c’est le frère de tout le peuple baloutche. »

Balaach a été enlevé par des hommes en civil chez lui à Turbat à 1h du matin le 30 octobre. La famille pense que ces hommes - arrivés dans un convoi de huit voitures - faisaient partie du Département de lutte contre le terrorisme du Pakistan (CTD).

« Quand il est rentré du travail ce soir-là, on n’aurait jamais pu imaginer le perdre quelques heures plus tard », a déclaré Najma à propos de son frère, qui travaillait comme brodeur dans un magasin d’artisanat.
« Ma mère a dit que les tyrans l’avaient pris », a poursuivi Najma. Mais lorsqu’ils ont contacté la police, on leur a dit que Balaach n’était pas sous leur garde. « J’ai dit "Alors où est-il ? La terre l’a-t-elle englouti, ou le ciel l’a-t-il avalé ?" »

Ce n’est que près d’un mois plus tard, le 21 novembre, que Balaach est apparu au tribunal, où il a été placé en détention provisoire du CTD pendant 10 jours.

« Quand on l’a vu au tribunal, ma mère et moi l’avons serré dans nos bras », a déclaré Najma. « Nous étions tellement heureux pour ma mère, c’était comme s’il renaissait. Deux jours plus tard, ils l’ont tué. »

Le 24 novembre, le CTD a publié une déclaration affirmant que Balaach avait avoué être impliqué dans une « opération terroriste », leur fournissant des informations qui ont conduit le CTD à la cachette de ses associés. Arrivés sur place, selon le communiqué, un « échange de tirs » a eu lieu et quatre corps sans vie ont été retrouvés, dont celui de Balaach.

« Ils ont dit qu’il était mort dans une embuscade, mais on l’a vu au tribunal - alors comment aurait-il pu mourir dans une rencontre ? C’était une fausse rencontre... ils l’ont tué », a déclaré Najma. « Je suis complètement dévastée. »

Najma a décrit Balaach comme un frère et un fils aimant. « Il a toujours pris soin de notre mère. Il était encore si jeune, et il n’était pas impliqué dans ce qu’ils racontent. Il n’a jamais été impliqué avec quelqu’un de mauvais, il était complètement innocent. »

Alors que le CTD nie les accusations d’enlèvement et de meurtre, il insiste également sur le fait que Balaach n’a été arrêté que le 20 novembre - la veille de sa présentation au tribunal - et non le 29 octobre, lorsqu’il a été enlevé de son domicile. Pour les militant·es, ce n’est qu’une preuve supplémentaire que Balaach est devenu l’une des milliers de personnes au Baloutchistan à avoir subi une disparition forcée et une exécution extrajudiciaire.

Photo Voice of America via Wikimedia Commons - CC-0 public domain

Un mouvement est né

Lorsque la famille de Najma a reçu le corps sans vie de Balaach, elle a refusé de l’enterrer pendant sept jours, s’asseyant en signe de protestation devant sa maison avec son corps. Les habitant·es de Turbat ont rejoint la manifestation, et c’est ainsi qu’a commencé la vague de protestations dont le Pakistan est aujourd’hui témoin.

Des centaines de femmes comme Najma se mobilisent pour exiger le retour de leurs proches disparu·es de force depuis des années, parfois depuis plus d’une décennie, et enlevé·es de leurs maisons de la même manière que Balaach. Ces femmes ont continué à protester malgré l’opposition farouche des forces de police.

Lors du rassemblement du 12 janvier à Karachi, la police a publié un rapport d’incident accusant les manifestant·es d’émeute, de trouble à l’ordre public, de rassemblement illégal et d’incitation à la discorde. Si les manifestant·es sont reconnu·es coupables de ces infractions, ils et elles risquent une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans, une amende, ou les deux.

Malgré l’intimidation, les manifestant·es sont resté·es jusqu’à la tombée de la nuit, allumant les torches de leurs téléphones tout en scandant "Nous soutenons Mahrang Baloch" - en référence à l’une des leaders du mouvement contre les disparitions forcées. Elle n’avait que 10 ans lorsque son père a été enlevé pour la première fois par les forces de sécurité en 2006. Il a été libéré trois ans plus tard, pour être à nouveau enlevé sept mois après. Deux ans plus tard, son corps mutilé a été retrouvé.

Si son visage est devenu synonyme du mouvement, l’histoire de Mahrang n’est pas unique. L’association Voix des personnes baloutches disparues affirme avoir enregistré 8 000 cas de disparitions forcées depuis 2013, conformément à la méthode recommandée par l’ONU pour l’enregistrement de tels incidents.

« Les disparitions forcées sont utilisées comme un outil de terreur pour intimider les gens ordinaires », a déclaré Mahrang, « pour écraser leurs mouvements politiques, pour exploiter les ressources du Baloutchistan et pour soumettre le Baloutchistan au contrôle du Pakistan, à la manière d’un régime colonial ».

Comment le Baloutchistan en est arrivé là

En 1948, le Baloutchistan a été annexé par le Pakistan, offrant au pays l’une de ses plus importantes réserves de gaz naturel. Ces dernières années, son port de Gwadar, situé sur la mer d’Arabie, est devenu un maillon crucial du corridor économique Chine-Pakistan — permettant au Pakistan d’étendre ses corridors commerciaux et à la Chine de contourner le détroit de Malacca patrouillé par les États-Unis et d’accéder au Moyen-Orient.

Malgré l’importance du Baloutchistan pour le Pakistan, beaucoup d’habitant·es estiment que le territoire n’aurait jamais dû être annexé. Certains groupes séparatistes - l’Armée de libération du Baloutchistan (BLA) et le Front de libération du Baloutchistan (BLF) - continuent de lutter pour cette cause.

Selon le journaliste baloutche et analyste politique chevronné Malik Siraj Akbar, le gouvernement pakistanais a toujours craint que le Baloutchistan ne devienne un autre Bangladesh, qui était autrefois le Pakistan oriental et est devenu indépendant en 1971, après une guerre de libération sanglante. M. Akbar estime que c’est cette peur - le besoin de réprimer toute dissidence et de maintenir le contrôle des ressources naturelles du Baloutchistan - qui explique les politiques répressives de l’État.

« L’armée pakistanaise détient de facto le pouvoir », a-t-il déclaré. « Elle contrôle tout, surtout depuis le 11 septembre [2001], lorsque le Pakistan a reçu de nombreux fonds antiterroristes, ce qui a permis la modernisation de l’armée et le maintien du Baloutchistan "sous contrôle" ».

En 2006, les forces de sécurité pakistanaises ont tué Akbar Bugti, ancien Premier ministre et leader séparatiste populaire du Baloutchistan. Cet événement est décrit par Akbar comme le « 11 septembre » du Baloutchistan. « Tout a changé », a déclaré Akbar. « Lorsque Bugti est mort, les habitant·es du Baloutchistan ont commencé à se demander ce qui leur arriverait si quelqu’un comme Bugti, un ancien Premier ministre, pouvait être tué. ». Après sa mort, les groupes séparatistes du Baloutchistan ont répliqué en attaquant les infrastructures pakistanaises, et l’armée pakistanaise a répondu en procédant à de nouvelles disparitions forcées.

« Cela a marqué le début de la politique connue sous le nom de "tuer et jeter" » a expliqué Akbar, faisant référence au type de disparitions et d’assassinats que Balaach et des centaines d’autres ont subis. La position officielle du Pakistan, cependant, est qu’il s’agit simplement d’un élément de sa lutte contre les acteurs anti-étatiques. Même l’actuel Premier ministre par intérim, Anwaar-ul-Haq Kakar, originaire du Baloutchistan, s’est prononcé contre les récentes manifestations, qualifiant les femmes et leurs familles de « fausses héroïnes des droits humains » et leur demandant « d’aller rejoindre le BLF ou le BLA pour que l’État sache de quel côté elles sont ».

Au cours de la semaine dernière, le Baloutchistan s’est retrouvé au cœur des attaques aériennes entre l’Iran et le Pakistan. Au milieu de ces échanges, l’Iran a lancé ce qu’il a appelé une « action préventive » contre le groupe militant sunnite musulman Jaish al-Adl, tandis que le Pakistan a frappé des cachettes qu’il présumait utilisées par le BLF et le BLA. Les trois groupes visés sont d’origine ethnique baloutche mais, selon les manifestant·es, ce sont des civil·es, et non pas des terroristes, qui ont été tué·es lors des attaques.

Comme l’a fait remarquer Sammi Deen Baloch, leader du mouvement de protestation, « le peuple baloutche est toujours celui qui se retrouve pris en tenaille, ce sont ses vies qui sont perdues. ».

Un combat qui dure depuis des générations

Comme Mahrang, Sammi Deen - la secrétaire générale de « Voix pour les personnes Baloutches disparues » - s’est également engagée dans le mouvement suite à l’enlèvement de son père. Elle marche pour le ramener à la maison depuis 2009, alors qu’elle n’avait que 10 ans.

« C’est le même mouvement qui se poursuit depuis des décennies », a expliqué Sammi Deen. « Il n’a pas éclaté soudainement. ».

En 2010, elle s’est rendue pour la première fois dans la capitale, Islamabad, participant à une marche accompagnée de sept autres familles dont des proches avaient été victimes de disparition forcée. Elles sont revenues en 2011 avec quelques familles supplémentaires. Puis, en 2013, elles ont organisé une « longue marche » de la ville de Quetta au Baloutchistan jusqu’à Islamabad, voyageant à pied pendant trois mois et 18 jours.

Grâce à la constance des protestations au fil des ans, 300 familles, selon Sammi Deen, se sentent désormais légitimes pour parler au nom de leurs proches. « En 2013, peu de gens étaient au courant des disparitions forcées au Baloutchistan », a-t-elle expliqué. « Mais aujourd’hui, nous avons un outil important avec les médias sociaux, que nous pouvons utiliser pour faire entendre notre voix aux gens de tout le pays et du monde entier. ».

Mahrang et Sammi Deen s’accordent à dire que les médias sociaux ont joué un rôle important dans leur activisme. De l’utilisation coordonnée de hashtags comme #MarchAgainstBalochGenocide et #IStandWithBalochMarch aux mises à jour quotidiennes du site de protestation, le partage de leurs voix en ligne est devenu un moyen crucial pour les manifestant·es de rassembler du soutien à travers le Pakistan.

« Les médias traditionnels ne couvrent pas ceci », a déclaré Mahrang, « donc les gens n’ont aucun moyen de savoir... mais aujourd’hui, les gens ordinaires au Pakistan sont obligés de regarder le rôle qu’ils jouent dans le génocide du peuple baloutche ».

Pour Mahrang et toutes les familles qui protestent, il s’agit bel et bien d’un génocide - une destruction ciblée du peuple baloutche et de son identité qui se déroule depuis des décennies. Cependant, lors d’une conférence de presse le 1er janvier, le Premier ministre par intérim Kakar a décrit « son combat » non pas contre une race ou une caste particulière, mais contre les diverses organisations anti-étatiques du Baloutchistan.

Les femmes aux commandes

Outre les réseaux sociaux, une autre caractéristique unique de ce mouvement contre les disparitions forcées est qu’il est dirigé par des femmes, comme Mahrang et Sammi Deen.

« Ce mouvement est l’aboutissement de deux décennies de souffrances des femmes, et ce sont elles qui le dirigent maintenant », a déclaré Mahrang. « Il y a des mères, des sœurs, des grand-mères, des demi-veuves... et cela montre aux gens que nous ne sommes pas des agents d’une quelconque organisation mais simplement des gens ordinaires du Baloutchistan qui exprimons notre douleur et notre oppression. ».

Une autre raison pour laquelle les femmes ont pris la tête du mouvement, selon Sammi Deen, est de protéger leurs sympathisants et les membres masculins de leur famille. « Au Baloutchistan, les hommes ne sont pas en sécurité de quelque façon que ce soit, qu’il s’agisse d’activisme ou simplement d’aller au marché », a-t-elle déclaré. « Nous ne savons jamais s’ils rentreront sains et saufs. »

Cela étant dit, les femmes elles-mêmes ont été loin d’être en sécurité face aux interventions policières. Le soir du 20 décembre, lorsque la marche a atteint la périphérie d’Islamabad, leur entrée a été bloquée par les forces de police.

Une pétition déposée le 3 janvier par Sammi Deen auprès de la Haute Cour d’Islamabad décrit l’interaction, déclarant que « la police a chargé les manifestant·es à coups de matraque et a utilisé des canons à eau contre ces marcheur·ses et leurs partisan·es ». Pendant ce temps, lors de sa conférence de presse, Kakar a décrit l’utilisation de canons à eau comme une « pratique standard des forces de l’ordre dans le monde entier ».

Mahrang et 52 autres femmes et enfants manifestant·es ont été détenu·es pendant plus de 24 heures et n’ont été libéré·es qu’après l’ordre de la Haute Cour. 290 autres étudiant·es, femmes et enfants ont ensuite été détenu·es pendant cinq jours avant d’être libéré·es. Selon la pétition, « les femmes et les enfants baloutches ont été brutalisés par la police d’Islamabad », et une tentative a été faite de les forcer à monter dans des bus et de les renvoyer à Quetta, au Baloutchistan. La police d’Islamabad a rejeté ces accusations sur le réseau social X, affirmant qu’il n’y avait « aucun mauvais traitement envers les femmes ou les enfants. »

Une fois que les manifestant·es se sont installé·es au sit-in du Club national de la presse à Islamabad le 23 décembre, les familles des personnes disparues ont été menacées d’arrestation si elles ne quittaient pas le lieu de protestation, et la police a bloqué à plusieurs reprises l’arrivée de nourriture et de couvertures, essentielles dans l’hiver pakistanais. Elles ont également été ciblées par des hommes cagoulés en civil, qui leur ont volé leur haut-parleur tout en pointant des armes chargées - le tout en présence de la police et de multiples caméras de surveillance.

Avec des caméras de surveillance présentes presque partout autour du sit-in, la police - selon Mahrang - tente clairement d’intimider le groupe de manifestant·es, majoritairement féminin. Pour leur part, Mahrang a été accusée de sédition et Sammi Deen a été la cible d’une « campagne de propagande vile et sale » utilisant de fausses photos la représentant avec des groupes militants avec lesquels elle n’a aucun lien. Cet incident a contraint Sammi Deen à enlever son niqab (le couvre-visage porté par certaines femmes musulmanes) qu’elle portait auparavant lors des conférences de presse. Néanmoins, Sammi Deen promet de ne pas se laisser réduire au silence.

Changement de cap et des demandes qui ouvrent la voie

Cette Marche contre le génocide baloutche - comme les manifestant·es appellent souvent leur mouvement - a reçu un soutien sans précédent sous la forme de manifestations de solidarité dans diverses parties du Baloutchistan, d’autres provinces pakistanaises et même devant le 10 Downing Street à Londres, où les manifestant·es ont organisé un sit-in de cinq jours.

Selon Mahrang, cette réponse est due au fait que la protestation fait en sorte que les gens se sentent entendus pour la première fois depuis des décennies. « Il y a toujours eu une négativité répandue selon laquelle les gens ordinaires n’ont aucun pouvoir face à l’establishment pakistanais et doivent simplement les suivre aveuglément » a-t-elle déclaré.

Selon Akbar, l’analyste politique, c’est aussi parce que, pour la première fois, la confiance des gens dans l’armée a faibli. « Il y a une partie de la population qui a commencé à réaliser que l’armée n’est pas si propre », a-t-il dit. « Dans le passé, les gens ne croyaient peut-être pas à toutes ces allégations contre l’armée. Mais maintenant qu’ils et elles voient que l’ancien Premier ministre Imran Khan a été réduit au silence, au point de ne même pas pouvoir se présenter aux prochaines élections - malgré qu’il soit le leader le plus populaire du pays, - les gens commencent à se poser des questions. ». Akbar a également souligné le rôle que les médias sociaux ont joué en donnant aux gens de l’extérieur du Baloutchistan une fenêtre sur leurs souffrances.

Selon Sammi Deen, l’un des principaux objectifs du mouvement est de collecter des données. En moins d’un mois, alors qu’ils et elles marchaient du Baloutchistan à Islamabad, ses membres ont rassemblé des preuves sur environ 600 personnes disparues. « À Dieu ne plaise, si quelqu’un·e meurt demain dans une fausse rencontre, nous saurons au moins s’il ou elle était [déjà] porté·e disparu·e auparavant. »

En plus de collecter des données, le mouvement s’efforce également de traduire en justice les coupables des assassinats de personnes comme Balaach. Le 9 décembre, après une résistance initiale, la police a enregistré une plainte contre quatre membres du CTD sur instruction d’un tribunal inférieur. Puis, deux jours plus tard, la Haute Cour a ordonné la suspension immédiate des quatre membres du CTD. Une commission d’enquête sur le décès a également été créée. Toutefois, aucune arrestation n’a encore été effectuée.

« Nous voulons que toutes les personnes disparues du Baloutchistan soient libérées et... nous voulons voir des progrès dans leurs affaires judiciaires », a déclaré Sammi Deen avant d’ajouter que le CTD et les « escadrons de la mort » (ou milices privées) parrainés par l’État, responsables de ces disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires, devraient être dissous.

Le 10 janvier, Mahrang et Sammi Deen ont pu s’entretenir avec la Rapporteuse spéciale des Nations unies sur les Défenseur·es des Droits Humains, Mary Lawler, au sujet de la nécessité d’une mission d’enquête des Nations unies au Pakistan pour examiner les violations des droits humains et le génocide au Baloutchistan. Écrivant sur X, Lawler a déclaré : « Les informations faisant état de harcèlement policier sont très préoccupantes. Les plaintes pénales fallacieuses déposées contre des manifestant·es pacifiques devraient être abandonnées. »

Selon M. Akbar, s’il y a une « volonté réelle de la part de l’armée », il est possible que les personnes disparues soient ramenées chez elles, à condition qu’elles n’aient pas déjà été tuées. « L’armée est une institution très organisée, donc elle a certainement des rapports sur ces personnes disparues. » Akbar a également noté qu’un grand nombre de personnes disparues ont été libérées dans le passé lorsque le gouvernement voulait apaiser le peuple baloutche. Toutefois, Akbar ne croit pas que le Pakistan autorisera une mission d’enquête indépendante des Nations unies au Baloutchistan, car le Pakistan considère que c’est une question qui relève de sa propre souveraineté.

« C’est une punition collective, car lorsqu’un membre de la famille disparaît, tous ses proches en souffrent », a déclaré Sammi Deen. « C’est l’incertitude, l’attente continue, la douleur torturante qui est insupportable. »

Malgré tout cela, ou peut-être à cause de cela, Sammi Deen et Mahrang pensent que ce mouvement ne s’éteindra pas, mais qu’il continuera et développera son important travail.

« Nous sommes en train d’élargir ce mouvement dans tout le pays et dans le monde entier », a déclaré Mahrang. « À tous·tes celles et ceux qui sympathisent avec nous, nous leur demandons de protester en solidarité, d’envoyer des pétitions à l’ONU, d’écrire à vos parlements pour lancer des discussions. Ce n’est que le début, et nous continuerons pacifiquement. »

Lire l’article original en anglais sur Waging Non-Violence