Ce dossier se veut un instantané de la résistance culturelle qui s’organise dans le pays, en réponse aux assauts culturels lancés par les partisan·es de l’Hindutva. Les exemples de résistance témoignent de la continuité de l’oppression et de la marginalisation que subissent certaines communautés depuis des années, et de leur soif de changement à travers la lutte.
Ce dossier rassemble des enquêtes sur les multiples facettes et aspects de la spoliation née de l’impératif de développement, dans deux contrées aux antipodes mais qui occupent la même place dans l’économie politique mondiale...
Malgré la laïcité inscrite dans sa constitution, l’histoire de l’Inde indépendante est marquée par de nombreuses tensions impliquant les diverses communautés religieuses. La situation des femmes est particulièrement difficile, notamment à cause du poids de la religion et des traditions...
Relaa, un collectif panindien d’artistes et de militant·es culturel·les dont les chansons et la musique sont imprégnées de leur vécu et de leurs luttes, peine à entretenir la flamme de son militantisme face à une pandémie qui s’éternise. Son combat trouve un écho dans une résistance culturelle globale à l’oppression d’État grandissante.
Depuis sa fondation au début des années 2000, le groupe Kabir Kala Manch a été pris pour cible par l’État. À mesure que sa popularité grandissait, ses membres étaient jeté·es en prison où ils et elles croupissaient de longues années, ou étaient constamment harcelé·es par les gouvernements qui se sont succédés. Geetanjali Gurlhosur nous raconte l’essor et la chute de ce collectif culturel.
Dans l’Assam, dans le Nord-Est de l’Inde, vit une communauté historiquement marginalisée pour des raisons d’appartenance ethnique et de religion : les musulman·es assamais·es d’origine bengalie. Ils et elles font entendre leurs voix à travers des poèmes en réponse à une nouvelle loi sur la citoyenneté, et se réapproprient le terme « miyah », un mot ourdou qui désigne au départ un gentleman, mais qui est devenu une insulte. De jeunes poétesses de la communauté vont encore plus loin en abordant les questions d’égalité des genres et de violences à caractère sexiste.
À l’heure où la droite indienne s’enhardit et prétend défendre l’hindouité en s’attaquant à la communauté musulmane, des groupes féministes organisent la résistance à travers des lectures collectives de textes historiques qu’elles remettent au goût du jour, et en se posant comme témoins de la situation.
Dans l’État du Manipur, déchiré par les conflits, où les enfants grandissent dans un climat de violence et de terreur instauré par l’État indien et des éléments non étatiques, un groupe de folk-rock du nom d’Imphal Talkies and the Howlers dénonce les atrocités commises par l’État, défend son identité ethnique et milite pour la paix. Geetanjali Gurlhosur relate le parcours et l’évolution au fil des ans de ce qui était à l’origine un simple groupe de solidarité étudiante à Delhi.
De nouveaux·elles humoristes de stand-up, caricaturistes et mimes font souffler un vent de dérision et de réflexion bienvenu en ces temps difficiles. Mais cela ne va pas sans conséquence. Bon nombre d’entre elles et eux ont été licencié·es, inculpé·es ou arrêté·es. Rosamma Thomas enquête sur le terrain.
Anhad est synonyme de résistance culturelle au communalismi et au fascisme. Depuis plus de vingt ans, cette organisation donne une visibilité à des artistes, acteur·rices et comédien·nes qui font leurs débuts, et met l’expression culturelle au service de la sensibilisation aux valeurs constitutionnelles et de la remise en cause du discours de droite en plein essor.
Depuis novembre 2020, l’Inde connaît l’un de ses sit-ins les plus longs et fédérateurs depuis la partition des Indes. Aux commandes, des paysan·nes qui font le siège de New Delhi en trois points névralgiques de la capitale, sur les autoroutes qui la relient aux États voisins. Avec ses chansons contestataires, ses slogans, sa redéfinition des normes de genre, ses revendications nouvelles et ses préoccupations, le mouvement apporte sa pierre à l’édifice de la culture contestataire, et est parvenu à contraindre le gouvernement d’accepter ses revendications.
À l’hiver 2019, un groupe de musulmanes qui protestaient dans le quartier de Shaheen Bagh, à New Delhi, contre le nouvel Amendement de la loi sur la citoyenneté (CAA), en sont vite venues à incarner la résistance. Les manifestations de Shaheen Bagh ont fait boule de neige à travers le pays, rassemblant mouvements sociaux, syndicats et simples citoyen·nes politisé·es.
Suite au retrait des trois lois agricoles controversées, les agriculteur·rices indien·nes mettent un terme à leur mobilisation, mais annoncent le maintien de leur toute nouvelle unité. Cette victoire est le fruit d’une lutte de près de 380 jours. Des propositions législatives sont en cours pour prendre en compte les revendications des concerné·es.