La résistance culturelle face à la montée de l’autoritarisme en Inde

En Inde, le Premier ministre n’apprécie guère la plaisanterie

, par THOMAS Rosamma

De nouveaux·elles humoristes de stand-up, caricaturistes et mimes font souffler un vent de dérision et de réflexion bienvenu en ces temps difficiles. Mais cela ne va pas sans conséquence. Bon nombre d’entre elles et eux ont été licencié·es, inculpé·es ou arrêté·es. Rosamma Thomas enquête sur le terrain.

« Quand j’ai vu son regard amical et menteur, j’ai ressenti du dégoût et j’ai eu une réaction violente », a confessé l’homme qui, à l’été 2021, a giflé le président français Emmanuel Macron. Il a reconnu les faits et écopé de quatre mois de prison. La vidéo de cette gifle a tourné en boucle sur les réseaux sociaux indiens. Sur Twitter, les internautes ont fait remarquer que M. Macron devrait prendre exemple sur le Premier ministre indien Narendra Modi, lequel veille à rester hors de portée du commun des Indien·nes : il ne prend jamais de bain de foule et s’adresse toujours à la population depuis une estrade très surélevée. Il arrive certes qu’il fasse des signes de la main lorsque les caméras sont braquées sur lui... Oui, mais en direction des caméras et non de ses concitoyen·nes !

Le jeune homme de 28 ans qui a giflé le président français a fait un choix. « Le premier homme à jeter une insulte plutôt qu’une pierre est le fondateur de la civilisation », nous disait Sigmund Freud. Exprimer son désaccord avec quelqu’un sans blesser cette personne est un art qui n’est pas apprécié à sa juste valeur.

Caricaturistes, satiristes, poète·sses, essayistes, réalisateur·rices, dramaturges : tous ces artistes nous offrent des moyens d’exprimer notre désaccord et, par là-même, de faire prospérer la civilisation. Même les discours au parlement sont l’expression d’une civilisation avancée, et les archives qui les conservent sont souvent les témoignages de notre patrimoine et de notre culture communs.

Caricature qui représente l’obsession du gouvernement Modi pour le discours du management.
Dessin de Satish Acharya.

Pourtant, le gouvernement Modi a « oublié » d’organiser des sessions parlementaires ; la session hivernale de 2020 a été tout bonnement annulée ; la session de 2020 consacrée au budget a été abrégée au prétexte de la pandémie. Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, le Premier ministre indien n’a participé à aucune conférence de presse. Des étudiant·es et militant·es ayant remis en question et défié le gouvernement ont été jeté·es en prison.

Malgré les appels lancés pour que les sessions parlementaires se déroulent en ligne, cette proposition n’a jamais été étudiée ; par la suite, le président du parlement a même affirmé qu’elle n’avait jamais été soumise officiellement lors d’une séance parlementaire.

En août 2020, inquiet·es que le gouvernement ne fasse rien pour répondre aux attentes des gens ordinaires, des universitaires et militant·es se sont rassemblé·es pour organiser une session en ligne d’un « parlement populaire », qui a abordé un large éventail d’enjeux publics pendant une semaine.

L’essor du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti nationaliste hindou qui dirige désormais la coalition des partis réunis au sein de l’Alliance démocratique nationale (NDA), coïncide avec la banalisation des discours de haine, de la polarisation religieuse, des attaques ciblées contre les minorités et de l’incitation à la violence en amont des scrutins électoraux. Début 2020, le BJP a connu une défaite cinglante lors des élections de l’assemblée de l’État de Delhi ; en réaction, Kapil Mishra, un dirigeant du BJP, a déclaré que ce serait à la population de faire la loi si la police n’expulsait pas les manifestant·es de la capitale indienne. À l’époque, les manifestations faisaient rage et visaient la révocation de l’Amendement de la loi sur la citoyenneté (CAA), qui pour la première fois faisait de la religion un critère pour l’obtention de la citoyenneté, et excluait les musulman·es.

Mithun Chakraborty, un célèbre acteur de Bollywood, qui avait prononcé de sinistres discours de campagne pour le BJP à l’occasion des élections pour l’assemblée du Bengale-Occidental au début de l’année 2021, essaye à présent de se défendre tant bien que mal après le revers électoral du BJP. Il prétend ainsi que ses discours étaient à prendre « avec humour », quand bien même il avait menacé de gifler des gens si fort qu’il les tuerait en les propulsant jusqu’au crématoire de la ville, ou déclaré qu’il était prêt à « dépecer ». Des répliques grossières qui ne détonneraient pas dans un film bollywoodien, mais qui ont nettement moins leur place dans un rassemblement électoral.

Si lancer une insulte est effectivement plus civilisé que de lancer une pierre, les discours de Mishra et de Chakraborty n’en étaient pas moins des étincelles capables de déclencher des incendies. Les mots peuvent tuer.

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Une torpeur tenace, peut-être née de la crainte, s’est emparée de la population dans les premières années du gouvernement Modi. On ne peut toutefois réprimer bien longtemps des libertés fortement ancrées dans les habitudes. Des poèmes galvanisants et des discours enflammés ont résonné lors des manifestations qui ont secoué tout le pays, en réponse à l’inclusion de la religion parmi les critères de citoyenneté imposée par l’Amendement de la loi sur la citoyenneté, adopté en décembre 2019. L’un des poèmes les plus déclamés était un vieux poème de Faiz Ahmed Faiz, un célèbre poète dissident et révolutionnaire pakistanais, écrit en 1979 sous le régime militaire du Pakistan. Le refrain Hum Dekhenge (« nous verrons ») a été scandé avec passion lors des protestations à travers l’Inde, mais celles-ci ont brusquement pris fin avec l’entrée en vigueur du confinement mis en place en mars 2020 face à la pandémie de Covid-19. [voir le chapitre sur les expressions culturelles lors des manifestations contre le CAA]

Le confinement a été lourd de conséquences pour les habitant·es pauvres des campagnes, et entraîné une véritable crise humanitaire dans le pays. Les réseaux sociaux se sont révélés de puissants outils pour contrecarrer la propagande gouvernementale, et ont permis de faire connaître la détresse des travailleur·ses migrant·es contraint·es de marcher plusieurs centaines de kilomètres le long des autoroutes pour rentrer chez elles et eux, faute de services de transport, se retrouvant en proie à la faim, aux violences policières et à d’autres drames. Des caricaturistes, satiristes, humoristes de stand-up et autres artistes ont exprimé leur angoisse sur Facebook, Twitter, Instagram et d’autres réseaux sociaux.

En novembre 2020, des agriculteur·rices se sont rassemblé·es en nombre aux abords de New Delhi pour protester contre trois lois agraires en cours d’adoption au parlement, sans qu’ils et elles soient consulté·es et au mépris des processus pré-législatifs. Un tumulte alimenté par la crainte que ces lois n’encouragent la corporatisation de l’agriculture indienne et n’érodent un peu plus la souveraineté des agriculteur·rices. Là encore, l’air était empli de chants de défiance et de poèmes de rébellion. [voir le chapitre sur les expressions culturelles dans les luttes des paysan·nes]

Le gouvernement était une nouvelle fois aux abonnés absents lors de la deuxième vague brutale de la pandémie, entre mars et mai 2021. La population s’est vue contrainte de s’organiser et de se débrouiller seule. Lorsque la pandémie s’est mise à refluer et que les premières controverses sur la vaccination ont vu le jour, le gouvernement a décrété la victoire contre le coronavirus tandis qu’apparaissaient à travers tout le pays des banderoles avec écrit #ThankYouModiJI. Dans le même temps, l’humour a, lui aussi, refait son apparition dans le discours public. Son discours larmoyant à la nation, diffusé à la télévision, a été tourné en ridicule sur les réseaux sociaux, mais avec une prudence certaine, les internautes ne sachant que trop bien ce qu’ils et elles risquaient.

Peu de temps après, une jeune femme postait une vidéo satirique sur WhatsApp dans laquelle elle déclarait que le Premier ministre l’avait émue, et qu’elle ne pouvait supporter de voir un homme si fort s’effondrer en larmes. Elle vilipendait le présentateur télé Ravish Kumar, un journaliste à la plume acerbe, qui avait dressé la liste des nombreux mensonges prononcés par Narendra Modi dans son discours, accusant le présentateur télé de tout gâcher. L’internaute poursuivait en ajoutant que dans sa famille, quand quelqu’un·e perdait un peu la tête, ses proches l’écoutaient patiemment, le ou la laissaient se défouler et déblatérer ses mensonges s’il le fallait. La jeune femme grondait le présentateur télé en lui rappelant que la solidarité passe par la tolérance envers celles et ceux qui ont besoin de se défouler. Ou comment tourner joyeusement en dérision l’habitude qu’a le Premier ministre indien de mentir à son pays.

On pourrait se demander pourquoi les vidéos de ce type sont si rares : après tout, avec sa longue barbe blanche flottante et sa gestion souvent hasardeuse des affaires publiques, Modi se prête fort bien à la caricature et à la satire. Le problème, c’est qu’il commet tant de gaffes et qu’elles sont d’une telle gravité, qu’elles en finissent par coûter des vies. Au plus fort de la pandémie, lorsque les hôpitaux ont commencé à manquer d’oxygène, les médecins ont imploré le gouvernement de faire quelque chose. Certain·es d’entre elles et eux ont protesté en disant que leur rôle de médecin était de soigner, pas de décider qui doit vivre et qui doit mourir.

Satire qui illustre les médias obéissant, appelés Godi Media.
Dessin de Satish Acharya.

Il ressort des chiffres du département indien du Commerce que l’Inde avait exporté beaucoup plus d’oxygène liquide que l’année précédente, d’où cette grave pénurie. De toute évidence, les morts causées par ce manque d’oxygène étaient imputables à la politique du gouvernement. Le dessinateur humoristique R. K. Laxman, décédé en 2015 à l’âge de 94 ans, disait : « Je tourne en dérision ce qui est ridicule, contradictoire, ironique... » Mais peut-on continuer à dessiner quand l’absurde entraîne la mort d’être humains ?

C’est peut-être pour cela que Modi est si peu raillé. D’autant que son administration bride fortement les médias : ainsi, les grands journaux sont fortement tributaires des publicités gouvernementales. Ceux qui rentrent dans le rang sont souvent qualifiés de « médias Godi » (Godi étant un jeu de mots sur Modi, que l’on peut traduire ici par « complaisant ») ; les autres doivent faire face à des accusations bidons, à la violence, aux menaces, aux arrestations, etc. Une réalité que traduit bien le Classement mondial de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières (RSF), dans lequel l’Inde ne cesse de perdre des places, au point d’être aujourd’hui l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes qui tentent de faire leur travail correctement.

En mai, Parul Khakhar, une poétesse du Gujarat, a publié un poème sur Facebook dans lequel elle exprime son angoisse à la vue de ces corps flottant sur le Gange, au plus fort de la deuxième vague de la pandémie de coronavirus. Shav vahini Ganga (« Gange, le convoyeur des corps ») a été traduit en plusieurs langues et massivement lu et partagé sur les réseaux sociaux. La Gujarat Sahitya Akademi, l’institution littéraire de l’État du Gujarat, a violemment critiqué la poétesse, l’accusant de « détourner un poème au profit de l’anarchie ».

Gange, le convoyeur des corps
Traduction Salil Tripathi

Ne vous en faites pas, tout va bien, clament les corps à l’unisson
Ô Roi, en ton royaume de Rāma, nous voyons les corps descendre le Gange
Ô Roi, les forêts sont en cendres,
Les crématoires débordent,
Ô Roi, il n’y a plus personne pour soigner,
Ni porter les cercueils,
Plus personne pour pleurer,
Et nous sommes endeuillé·es
Avec nos chants funèbres, muets et dysphoriques
Libitine visite chaque foyer, y danse et s’y pavane,
Ô Roi, en ton royaume de Rāma, nos corps descendent le Gange
Ô Roi, le four crématoire frémit, le virus nous fait tressaillir
Ô Roi, nos bracelets se brisent, nos poitrines haletantes sont broyées
La ville brûle tandis qu’il joue, Ranag et Billa plantent leurs lances,
Ô Roi, en ton royaume de Rāma, je vois les corps descendre le Gange
Ô Roi, ta parure étincelle et tu brilles et resplendis et flamboies
Ô Roi, cette ville a enfin vu ton vrai visage
Dévoile tes tripes, sans plus attendre,
Viens et tonne et dis-le haut et fort,
« Le Roi nu est pitoyable et faible »
Montre-moi que tu n’es plus docile,
Les flammes s’élèvent et lèchent les cieux, la ville est colère et enrage ;
Ô Roi, en ton royaume de Rāma, ne vois-tu pas les corps descendre le Gange ?

Vishal Ghazipuri et Sapna Baudh forment un jeune couple de parolier·es et chanteur·ses connu·es pour leur mise en musique des idées de B. R. Ambedkar. [1] Ensemble, il et elle ont chanté le don qu’a Narendra Modi pour vendre les richesses nationales, accélérer la privatisation et ainsi de suite. Leur chanson a fait grand bruit sur les réseaux sociaux, à tel point que des milices se sont empressées d’incendier leur studio et ont menacé de les assassiner, les obligeant à passer à la clandestinité.

Il nous faut aussi parler du public indien. Quelle illustration pourrait bien capturer la funeste gloire d’un homme surnommé « Maut Ka Saudaagar » – marchand de mort ? Un titre décerné au Premier ministre suite aux émeutes qui ont éclaté en 2002 au Gujarat, lorsque Modi en était le ministre en chef. Les actes qu’il a commis à cette époque lui avaient valu d’être interdit de séjour aux États-Unis pendant une dizaine d’années.

Peu après le début de son premier mandat en tant que Premier ministre, Modi a voyagé aux États-Unis et prononcé un discours qui a laissé l’humoriste John Oliver quelque peu perplexe. Je m’en voudrais de vous gâcher la découverte de sa réaction et vous laisse donc cliquer ici.

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Les caricaturistes tentent, avec un certain succès, de documenter les faits les plus préoccupants, quitte à froisser les sensibilités des responsables de leur maison d’édition. Ainsi, le dessinateur Satish Acharya a réalisé, il y a quelques années, une caricature percutante de la Chine qui étendait ses tentacules sur la région. Il faut croire que le dessin d’Acharya était prophétique, car deux ans plus tard une incartade frontalière entre les deux pays a coûté la vie à 20 soldats indiens. Quant à Acharya, ce dessin lui a coûté son contrat avec son journal.

Dans les années précédant les élections générales de 2014, l’une des chaînes d’information les plus regardées, NDTV, a diffusé une série de spectacles de marionnettes se moquant de la classe politique. Série qui s’est poursuivie après l’intronisation de Modi au rang de Premier ministre, en 2014. Certains de ces spectacles se moquaient de Modi, de ses nombreux voyages à l’étranger et de son émission de radio grotesque intitulée Man Ki Baat(« À cœur ouvert »). La série a disparu des ondes après un raid commandité par le gouvernement contre la maison de son couple fondateur, prétextant une histoire de remboursement de prêt. Dainik Bhaskar, l’un des plus grands groupes de presse en hindi, a connu le même sort après avoir longuement enquêté sur le chaos et les morts liés à la deuxième vague de Covid-19. Le service indien des impôts a ordonné des fouilles et des raids sur 36 sites à travers le pays, contraignant Dainik Bhaskar à réorganiser ses structures hiérarchiques.

Impossible néanmoins de réprimer entièrement la contestation dans un pays aussi vaste et habitué depuis si longtemps à la liberté. Poète·sses et satiristes continuent de divertir leurs lecteur·rices, et les caricaturistes ont ressorti leurs crayons. Aucun grand groupe médiatique n’accepte de les publier, si bien que leurs œuvres sont souvent postées sur Twitter, qui se retrouve à présent dans la ligne de mire du gouvernement.

L’une des dernières victimes de la répression est le caricaturiste Manjul. Twitter l’a informé que le réseau social avait reçu une demande de suppression de son compte de la part du gouvernement. Manjul ignore lequel de ses dessins a suscité l’ire de l’exécutif. Quelques jours plus tard, Network 18, la plateforme en ligne qui publiait ses créations, décidait de les retirer. Cependant, la communauté Twitter lui a exprimé son franc soutien à travers ses propres dessins et caricatures. Au grand dam du BJP, malgré la répression et le harcèlement de la part des trolls lié·es à sa branche informatique, la population ne se laisse jamais faire. Toutefois, cette opposition populaire n’est pas de taille face au pouvoir et aux moyens à disposition du gouvernement, qui a recadré les entreprises des réseaux sociaux en adoptant de nouvelles règles concernant Internet.

Si le Premier ministre indien est aussi peu moqué et tourné en dérision, c’est peut-être car il est encore trop présent dans notre quotidien. Grâce à lui, nous avons de quoi produire des caricatures pour bien des années.

En janvier 2015, lorsque le président américain alors en exercice, Barack Obama, s’est rendu en Inde, Narendra Modi l’a accueilli vêtu d’un élégant costume à rayures. Un photographe a découvert par la suite, en zoomant sur son costume, que ces rayures étaient en fait constituées de son nom complet (Narendra Damodardas Modi) superposé plusieurs fois et intégré au tissu. Son prix a été estimé à 12 000 €, une somme coquette pour un homme qui dit avoir vendu du thé dans sa jeunesse pour gagner sa vie. Étonnamment, la presse locale n’a publié aucun dessin à ce sujet, qui s’y prêtait pourtant à merveille. Par la suite, ce costume a été vendu aux enchères et consacré par le livre Guinness des records.

Même au plus fort de la pandémie, alors que la ville de Delhi était confinée, le chantier de Central Vista, le nouveau parlement voulu par l’exécutif qui servira aussi de nouvelle demeure pour le chef du gouvernement indien, se poursuivait comme si de rien n’était. Ce projet de 2,32 milliards d’euros a été vivement critiqué par les masses laborieuses du pays, qui peinaient à joindre les deux bouts pendant le confinement et jugeaient un tel chantier dispendieux et inutile. En effet, le parlement indien et les principaux édifices gouvernementaux sont relativement neufs, certains datant même d’après l’indépendance. Pendant que des journalistes rapportaient que des ouvrier·es continuaient de travailler pendant le confinement de la ville, des barricades étaient érigées pour empêcher de photographier le chantier. Là encore, aucun commentaire ironique, alors qu’il y avait plus que matière à caricaturer une telle actualité.

La liste des occasions manquées de railler d’un coup de crayon le chef de l’exécutif indien est longue. Par exemple, son niveau de diplôme demeure un mystère : tout le monde sait maintenant que son diplôme de licence de l’université de Delhi et son diplôme de master de l’université du Gujarat sont tous les deux bidons. Il y a largement de quoi se gausser, et pourtant, rares sont les courageux·ses qui osent aller à contre-courant en taquinant Narendra Modi. Fort heureusement, il y en a tout de même plusieurs.

« Celui ou celle qui stipule et formule les mots et les expressions que nous employons, qui commande la presse et la radio, commande les esprits. Répétez machinalement vos hypothèses, vos suggestions, limitez le plus possible les occasions d’exprimer un désaccord et une opposition. Voilà comment fonctionne le conditionnement politique des masses », affirme Joost Meerloo. Un précepte que le gouvernement a mis en pratique avec succès pendant quelques années, avec la complicité de médias dociles et grâce aux énormes moyens des industriel·les pour qui il travaille. Par chance, son pouvoir décline avec le temps.

Notes

[1Dr Bhimrao Ramji Ambedkar (1891‑1956) : L’un des hommes politiques indiens les plus influents du XXe siècle, fondateur de la rhétorique dalit en politique indienne. Il contribua à un renouveau du bouddhisme en Inde (néo-bouddhisme). En tant que premier ministre de la Justice de l’Inde indépendante et président de l’assemblée constituante chargée de la rédaction de la constitution du pays, il est aussi considéré comme le « père » de la constitution indienne. Il a quitté son poste de ministre de la Justice en 1951, lorsque le parlement a rejeté son projet de loi hindoue qui visait à promouvoir l’égalité des genres. Son jour de naissance, le 14 avril, est un jour férié en Inde, connu sous le nom d’Ambedkar Jayanti. De nombreux·ses Indien·nes le surnomment affectueusement Babasaheb. Dans les cercles progressistes et chez les Dalits, il est fréquent de dire « Jai Bhim ! » (en référence à son prénom) en guise de salutations. En 1990, le gouvernement indien lui a remis, à titre posthume, sa plus grande distinction civile, le prix Bharat Ratna.

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Rosamma Thomas est écrivaine et journaliste indépendante.

Traduction de l’article depuis l’anglais : Adrien Gauthier.