Donner

Expressions de la citoyenneté, de la générosité, ou conscience d’une responsabilité collective mondiale, les dons cherchent à restaurer l’égalité. Mais même avec les meilleures motivations, on peut ne pas rendre service. Voici quelques exemples qui prouvent qu’aider n’est pas une chose aisée !

Avant de réaliser une collecte de dons, il convient de se poser les bonnes questions : quels sont les besoins exacts de la population ? Ne peut-on pas favoriser l’achat local des produits ? Qui sont les bénéficiaires ? Comment acheminer les dons sur place ?

Dans tous les cas, il est préférable de privilégier les achats locaux, qui favorisent l’économie locale et correspondent en général mieux aux besoins. Il est aussi possible de faire des dons ici, en contactant les organismes de collectes.

Un don n’est jamais neutre. Dans le cas de dons à l’international, il faut prendre en compte que l’arrivée sur les marchés de produits donnés, donc gratuits, peut avoir des conséquences graves sur les prix et fragiliser les producteur.rice.s locaux.ales de biens et de denrées alimentaires. Dans des systèmes économiques déjà fragilisés par la concurrence internationale, il peut être plus efficace de protéger ces producteur.rice.s locaux.ales en ayant recours au commerce équitable.
Enfin, le don de produits occidentaux peut contribuer à affaiblir les expressions culturelles locales (gastronomie, modes vestimentaires, objets quotidiens). C’est particulièrement vrai dans le cas de livres qui sont en général écrits dans la langue du pays d’envoi, langue de colonisation (le français, l’anglais, l’espagnol, le portugais...) mais pas dans la langue du pays d’accueil.

Donner... de l’argent

La majorité des Associations de Solidarité Internationales (ASI) ne peut agir que grâce à des réseaux de donateur.rice.s. Les dons d’argent permettent de financer des projets et d’assurer la continuité des actions de solidarité.Aujourd’hui, les méthodes de collecte de fonds sont variées : quêtes, mailing, engagements de virements automatiques, catalogues de vente de "produits partage" (il ne s’agit pas forcément de commerce équitable.), "ristournes humanitaires" sur certains produits de la grande distribution au profit d’une association… Comme le dit le proverbe, "tout ce qui brille n’est pas d’or", il est donc important de se renseigner sur la nature de l’action financée, sur sa philosophie, son efficacité, sa bonne connaissance du terrain, sa qualité en termes de participation des populations locales, etc.
Certaines associations, parmi les plus importantes, ont adhéré à une Charte qui les engage à utiliser les fonds donnés de façon transparente. Même si une association n’adhère pas à cette charte, elle doit rendre compte de l’utilisation des fonds à ses donateur.rice.s.

Comité de la charte
Le "Comité de la Charte de déontologie des organisations sociales et humanitaires faisant appel à la générosité du public" regroupe les ONG qui s’engagent à respecter des règles éthiques communes : www.donenconfiance.org

Le crowdfunding ou sociofinancement, une autre façon de donner
Depuis plusieurs années, une nouvelle forme de don est apparue via des plateformes présentes sur Internet. Elles permettent de financer des projets de toute sorte à partir de dons de taille variable, parfois en échange de contreparties. Ces plateformes permettent en particulier à des projets de petite ampleur, n’ayant pas les moyens de lancer de vastes campagnes de recueil de dons, de connaître une diffusion publique et de récolter des sommes parfois essentielles pour leur budget. En outre, elles permettent de créer un lien plus étroit entre les donateur.rice.s et les porteur.euse.s de projets.

Quelques plateformes de sociofinancement :
Plateforme de crowdfunding de la NEF :
www.zeste.coop/fr
www.helloasso.com
ulule.com
gofundme.com

Donner... des aliments

Comment venir en aide aux personnes qui souffrent de la faim ?
Plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde et plus encore souffrent de malnutrition, alors qu’ici nos étalages débordent de produits alimentaires venant de tous les coins du monde....
Connaître les causes de chaque situation de famine est le premier pas d’une solidarité responsable et efficace.
La solution est-elle d’envoyer des aliments ? Elle peut se justifier dans des situations d’urgence. Mais de façon générale, cette solution n’est pas appropriée. En effet, l’envoi des excédents agricoles de nos pays vers les pays du Sud, gratuitement ou à bas prix, casse la production locale et le marché et, au final, aggrave la situation. Consultez le dossier en ligne sur le commerce équitable.

 Acheter des produits d’une agriculture durable pour soutenir cette forme d’agriculture plutôt que l’agriculture industrielle, exportatrice de produits à bas prix dans les pays du Sud.

 Participer à des campagnes contre la libéralisation du commerce des produits agricoles ou pour une Politique Agricole Commune solidaire et durable.

 Penser aussi aux collectes de dons alimentaires en France comme celles organisées par la Banque Alimentaire ou les organisations qui distribuent des repas ici (les restos du coeur).

Restos du coeur
www.restosducoeur.org

Banque alimentaire
www.banquealimentaire.org

A lire

Jérôme Jarre n’a pas vraiment compris le travail des ONG
Camille Belsoeur et Vincent Manilève, Slate, 04.04.2017
Saluée par la terre entière, la collecte de fonds pour la Somalie de l’influenceur français Jérôme Jarre pose d’importantes questions sur la solidarité avec l’Afrique et sur la façon de raconter l’histoire.
http://www.slate.fr/...

Donner... des vêtements

L’envoi de vêtements coûte cher car il faut les conditionner en containers et ensuite les affréter. De plus, les vêtements d’occasion envoyés dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud détruisent profondément l’économie locale du textile (production de coton, tissage, confection) et participent donc à l’aggravation de la pauvreté. Si l’on veut donner des vêtements, il faut donner des vêtements de qualité à des structures de réinsertion qui évitent d’envoyer des vêtements à des fripiers dans des pays du Sud.

Il est important de vérifier si la structure adhère à la charte "Tissons la solidarité" qui engage les signataires à ne pas déstabiliser l’économie des pays du Sud éventuellement destinataires des "fripes" d’ici.

Croix rouge
www.croix-rouge.fr

Emmaüs
www.emmaus-international.org

Saint Vincent de Paul
www.ssvp.fr

Secours Catholique
www.secours-catholique.asso.fr

Secours Populaire
www.secourspopulaire.fr

Les Ressourceries
Une Ressourcerie collecte les objets dont vous souhaitez vous débarrasser pour les réparer et les revendre sans but lucratif. Sa relation avec les usager.e.s du service de collecte de déchets et ses client.e.s permettent à tou.te.s de nouer des liens sociaux, de créer des solidarités et des emplois et d’échanger autour de préoccupations sociales et environnementales.

Donner des livres et du matériel scolaire

Envoyer des livres dans les pays du Sud est un acte lourd de sens. Bien préparé, cet acte peut être un élément de dialogue et de rencontre entre les cultures. À l’inverse, il peut aussi être source de malentendus, incompréhensions, peut véhiculer des clichés ou des messages qui seront mal reçus.
L’envoi de livres dans les pays du Sud est rarement une bonne solution car culturellement un livre n’est pas neutre. Si donner des livres peut se justifier dans certaines conditions, l’envoi de manuels scolaires est par contre proscrit car ceux-ci ne correspondent pas aux programmes locaux et véhiculent des valeurs qui ne sont pas celles du pays de réception.

Voici quelques règles à suivre en cas de collecte :

 Trier les livres en fonction des lecteurs, du type de documents, de leur état, etc.

 Établir une liste des ouvrages et la soumettre aux destinataires

 Respecter la charte du don du livre conçue par des professionnel.le.s de la lecture (à télécharger en pdf).

Pour le don de matériel scolaire (cahiers, stylos, craie, tableaux, tables et bancs.), il est indispensable de privilégier l’achat sur place à des commerçant.e.s ou fabricant.e.s locaux.ales. Ces achats font vivre l’économie locale et cela revient souvent bien moins cher.

Quelques pistes d’action :

 Le don de livres n’a de sens que lorsqu’il fait partie d’un projet plus large ;

 Donner des fonds à un partenaire pour qu’il achète sur place ;

 Soutenir l’édition solidaire : des initiatives originales ont vu le jour dans le monde de l’édition. Face aux problèmes communs qu’ils rencontrent, de petits éditeurs indépendants se sont regroupés au sein d’un réseau de co-édition solidaire.

Où va le livre en Afrique ?
Revue Africultures, n°57 d’octobre-décembre 2003.
www.africultures.com/...

Biblionef
www.biblionef.com

Secours populaire
www.secourspopulaire.fr

Donner du matériel

Le matériel médical dans les actions de solidarité internationale
Équiper une structure de santé : 5 étapes pour réussir, Humatem, juin 2005.
www.humatem.org

Guide de la logistique humanitaire
MARTINEAU, Julie - STRASBOURG : HUMANIS, 2006, 104 P.
Ce guide réunit des conseils aux associations de solidarité internationale pour la collecte, le stockage et l’envoi de matériel. C’est à la fois un outil pour réfléchir à la façon de venir en aide à des populations défavorisées, en fonction des circonstances et pas forcément dans une logique de don, et un outil pour organiser au mieux un envoi humanitaire par terre, par air ou par mer. En plus de judicieux conseils pratiques, il propose un lexique et des adresses utiles.

Donner des médicaments

Nos médicaments non utilisés ont longtemps été envoyés dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Or les pathologies ne sont pas les mêmes. Certains médicaments arrivaient périmés, dans des conditions qui ne permettaient pas de conserver leur bon état et les notices étaient parfois manquantes ou en langue inconnue des professionnels locaux. Le don de médicaments a également empêché certains pays de faire fonctionner leurs propres structures d’approvisionnement. Pour toutes ces raisons, ce type de dons est désormais interdit (depuis 2009) et les médicaments non utilisés doivent être rapportés chez les pharmaciens pour être détruits.

Pharmaciens sans frontières
www.psfci.org

Remed
Remed (Réseau médicaments et développement) propose des listes de produits d’hygiène et médicaments essentiels et des fiches techniques.
www.remed.org