Algérie : le défi d’une nécessaire transition énergétique

Les énergies renouvelables : un potentiel très peu exploité

, par CDTM 34

Pour répondre aux besoins croissants de sa population, l’Algérie utilise essentiellement les énergies fossiles, notamment pour la production d’électricité et pour les transports routiers qui absorbent 86 % de la production nationale de pétrole. La part des énergies renouvelables dans la production énergétique en Algérie est insignifiante (0,8 %) malgré un potentiel important. Cette ressource est encore peu exploitée.

En 2011, l’Algérie a amorcé une petite révolution verte en se fixant pour objectif à l’horizon 2030, la production de 40 % de son électricité à partir de ressources renouvelables. Ce programme qui a été révisé en 2015 pour réduire cette part à 27%, consiste essentiellement dans le développement du photovoltaïque et de l’éolien ; il a pour premier objectif de répondre aux besoins de la consommation locale.

L’Algérie dévoile sa stratégie en matière d’énergies renouvelables. Photo de Magharebia, le 4 octobre 2010

Mais ce programme a du mal à se concrétiser en l’absence d’une réelle politique de développement des énergies renouvelables et du poids économique et politique du secteur lié aux hydrocarbures. Le lobby pétrolier algérien est très puissant, et n’encourage pas une transition énergétique qui permettrait à l’Algérie de réduire sa dépendance aux énergies fossiles.

La première phase du projet a été consacrée à la réalisation de projets pilotes pour tester les différentes technologies disponibles et mettre à l’étude des sites d’implantation des installations, en fonction des potentialités de chaque région. La décentralisation d’installations de petites capacités éparpillées sur l’immense territoire algérien ne favorise pas une politique de soutien et de développement de ce secteur.

Avec un territoire composé à 86 % du désert saharien, l’Algérie possède l’un des champs solaires les plus importants au monde. L’ensoleillement annuel moyen est évalué à 2000 heures et peut atteindre 3900 heures sur les hauts plateaux et dans le Sahara.
En juillet 2014, le ministre de l’Energie a inauguré, à Ghardaïa, une mini-centrale solaire pilote dotée de 6000 panneaux photovoltaïques. Il a annoncé qu’à l’horizon 2020, plus d’une soixantaine de centrales solaires devraient être opérationnelles.

Le potentiel éolien, même s’il est modéré, reste idéal pour pomper l’eau dans les hauts plateaux. En juillet 2014, l’Algérie a mis en service à Adrar, au Sud Ouest du pays, sa première ferme éolienne. Ce projet pilote de 12 éoliennes, d’une capacité totale de 10 mégawatts, devrait être suivi d’autres réalisations, dans le cadre d’un plan éolien pour produire 420 MW à l’horizon 2024.

Quant à la capacité de production hydro-électrique, elle est faible et le gouvernement a même décidé de ne consacrer les barrages qu’à l’alimentation en eau et à l’irrigation agricole. L’Algérie compte seulement une centrale hybride (gaz-solaire) de 150MW, à Hassi R’mel.

La part de la biomasse dans l’ensemble de la production énergétique du pays est négligeable. Les zones forestières couvrent moins de 10 % du territoire du pays et la gestion des déchets urbains et agricoles n’est pas encore au point. La géothermie pourrait présenter des perspectives plus favorables avec 200 sources d’eau chaude répertoriées au nord du pays, dont un tiers ont des températures supérieures à 45 degrés.