Tunisie : les enjeux de la transition démocratique

La Tunisie de Ben Ali (1987-2011) : les libertés bafouées

, par CDTM 34

La Tunisie de Ben Ali

Appréciée aussi bien par les touristes que par les milieux économiques et les Institutions Financières Internationales, la Tunisie de Ben Ali était considérée comme un modèle de développement et de stabilité politique. Membre de l’OMC depuis 1995, classée dans la catégorie des « pays à revenu moyen » (ou intermédiaire), son taux de croissance d’environ 5% par an inspirait la confiance des investisseurs.
Dans les domaines de l’éducation et de la modernisation du statut des femmes, le pays peut revendiquer une certaine exemplarité avec, dès la fin des années 50, sous le président Bourguiba, la promulgation du Code du Statut Personnel qui permet une réelle émancipation des femmes.

L’envers du décor : les atteintes aux droits fondamentaux

Les associations de défense des droits de l’homme n’ont eu de cesse de faire connaître la situation réelle de ce pays et l’oppression qui y régnait de façon sournoise. Dans sa majorité, la population paraissait résignée à payer le prix de sa liberté d’expression pour vivre dans une paix sociale apparente, dans la stabilité politique et un certain bien-être économique.

La fracture sociale est importante

L’entourage du président Ben Ali possédait un tiers de la richesse du pays dans un système basé sur le clientélisme et la corruption, laissant au bord du chemin un grand nombre de Tunisiens condamné aux bas salaires et à la débrouille, alors que le chômage touchait près de 20% de la population, notamment de très nombreux jeunes diplômés.

Une société sous surveillance

L’espace social et politique était étroitement surveillé et la contestation n’était pas tolérée. La plupart des partis d’opposition n’avaient pas d’existence légale. La Tunisie comptait plusieurs centaines de prisonniers politiques. Toutes les familles politiques, la gauche, des syndicalistes, les défenseurs des droits de l’homme, des étudiants, des islamistes, ont été touchés par la répression.
La police était omniprésente dans tout le pays où elle opérait un contrôle continu des citoyens. Le parti du Président, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD ) et les Comités de quartiers quadrillant le territoire, en ville comme en zone rurale, maintenaient une vigilance constante sur les lieux publics, sur les catégories sensibles (jeunes, chômeurs, anciens islamistes…). Les médias, les cybercafés, les sites Internet, la presse, étaient contrôlés par l’Etat.

Répression, torture et instrumentalisation de la justice

La répression brutale exercée par le pouvoir sur les populations de la ville de Redeyef dans le bassin minier de Gafsa, en 2008, et l’inculpation des responsables du mouvement de protestation en réponse à ses revendications sociales contre le chômage, la misère, la pollution, la corruption et le déséquilibre entre les régions, illustrent l’instrumentalisation de la justice par les autorités.

La révolution a été le fruit de la résistance de nombreux citoyens

Le silence complice des Instances financières et des responsables politiques occidentaux a contribué à entretenir le mythe du « miracle économique » tunisien et celui du nécessaire soutien à un régime qui serait un rempart contre l’islamisme radical et le terrorisme international.

La révolution pour la liberté et la dignité était pourtant là en puissance, portée par de nombreux citoyens tunisiens. Elle a éclaté en décembre 2010 à la grande surprise des observateurs internationaux.