Tunisie : les enjeux de la transition démocratique

Une révolution inédite et pacifique

Une révolution inédite et pacifique

, par CDTM 34

La révolution en marche (17 décembre 2010 – 14 janvier 2011)

Par son courage, le peuple tunisien a mis fin à des années de répression.
L’étincelle qui a ouvert le long chemin de cette libération est le suicide d’un jeune vendeur ambulant de légumes, Mohamed Bouazizi qui s’immole par le feu en signe de protestation contre la confiscation de son outil de travail par un policier, le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid, dans le centre du la Tunisie. D’autres citoyens, des jeunes notamment, qui dénoncent le manque de travail, se rassemblent aussitôt pour manifester. Le mouvement de révolte se répand dans tout le pays et jusque dans la capitale. Les milliers de personnes qui descendent dans les rues, ainsi que plusieurs suicides marquent la détermination des Tunisiens.

La majorité des manifestants n’appartient à aucun parti, syndicat ou association mais exprime des revendications politiques fortes : « démocratie, travail, dignité, justice sociale ». Le gouvernement de Zine El-Abidine Ben Ali tente de venir à bout de la contestation par quelques concessions qu’il espère apaisantes et en même temps répond aux manifestants par une violente répression. Les affrontements sont de plus en plus meurtriers.

Le régime de Ben Ali s’effondre. Il est contraint de quitter le pays et s’enfuit en Arabie Saoudite le 14 janvier.

Vers l’élection de l’Assemblée constituante (14 janvier – 23 octobre 2011)

Un gouvernement provisoire est constitué, présidé par le Premier ministre, Mohammed Ghannouchi, comme le prévoit la constitution. Place de la Kasba à Tunis, et dans tout le pays, le peuple tunisien proteste contre la présence de membres de l’ancien régime dans le gouvernement de transition.

Les manifestants obtiennent le 27 février, la démission du Premier ministre, ainsi qu’un remaniement du gouvernement de transition.

En mars, la Haute Instance pour la Sauvegarde de la Révolution, de la Réforme politique et de la Transition démocratique, composée de représentants de la société civile, du syndicat UGTT, de plusieurs associations et de 12 partis politiques est nommée pour faire office de parlement par intérim pour préparer l’élection de l’Assemblée constituante, et crée une Commission électorale indépendante chargée d’organiser les élections. Le code électoral, prévoit 27 circonscriptions en Tunisie et 6 à l’étranger, un scrutin à la proportionnelle, la parité hommes/femmes dans les listes et l’inscription des citoyens sur les listes électorales.

En juin, l’ex-président Ben Ali et son épouse sont condamnés par contumace à 35 ans de prison pour détournement de fonds.

Le 23 octobre 2011, le peuple tunisien vote librement pour la 1ère fois de son histoire, pour élire l’Assemblée constituante.
En présence d’observateurs internationaux, les élections se déroulent dans le calme et dans une atmosphère festive. Plus de 11 000 candidats se présentent sur une cinquantaine de listes. La participation est d’environ 55% du corps électoral. Les Tunisiens donnent une majorité relative au parti islamiste Ennahda, arrivé en tête dans quasiment toutes les circonscriptions ; il obtient 89 sièges sur 217 dans l’Assemblée constituante.

Le 11 décembre, Moncef Marzouki (CPR, Congrès pour la République), est élu président de la République par l’Assemblée constituante grâce à une coalition avec le parti Ennahda. Il déclare être convaincu de la nécessité de soutenir l’émergence d’un islamisme démocratique et modéré.

Hamadi Jebali (Ennahda) est nommé Premier ministre. Le plus grand nombre de portefeuilles revient au parti Ennahda dont la quasi-totalité des ministères régaliens. Le CPR obtient 6 portefeuilles dont le ministère de la femme. Le président de l’Assemblée est Mustapha Ben Jaafar, président du parti centriste Ettakatol, également membre de la coalition gouvernementale.