Maroc, sous la plage… les pavés

L’Islam, instrument du pouvoir / l’islamisme, menace pour le pouvoir

, par CIIP

La plageLes pavés
Le décorum, les cérémonies L’islamisme est une menace sur le pouvoir, une menace pour la société (les droits humains, les attentats)
La politique d’arabisation perçue comme identité nationale Echec de la politique d’arabisation, facteur d’islamisme
Un Islam populaire vivant

L’islam politique radical prend en main le soulagement de la misère.

Le Maroc est un pays musulman, l’islam est religion d’État.
Il subsiste une infime minorité juive, principalement à Casablanca, après le départ pour Israël en 1967 de la plus grande partie des communautés établies au Maroc depuis des siècles. Les chrétiens, peu nombreux, sont pratiquement tous étrangers.

L’islam marocain, de rite malékite, imprègne et rythme la vie de la « umma », communauté des croyants : l’appel à la prière et le rassemblement dans les mosquées, très nombreuses, jusque dans les plus petits villages ; les rites religieux : les cinq prières quotidiennes, jeûne du Ramadan, pèlerinage ; les fêtes annuelles : moussems [1] et « visites » aux tombeaux des saints ; les fêtes familiales ; les cérémonies officielles célébrées avec faste et attrayantes pour le tourisme ; les émissions de radio et télévision avec lecture du Coran et conseils juridiques et moraux… L’islam marocain est généralement perçu comme vivant, ouvert et tolérant, encore empreint des valeurs traditionnelles mais capable d’intégrer les valeurs de démocratie, droits humains et libertés.

Parallèlement à ce visage modéré de l’islam marocain se développe depuis une trentaine d’années un islam politiquement contestataire, plus intransigeant et radical. Sous l’influence de courants venus du Moyen-Orient, salafisme et wahhabisme, l’islamisme se répand à la fois dans les milieux instruits et dans les milieux populaires. Dans les années 70, pour contrer les mouvements de gauche, Hassan II a favorisé la montée de ces courants "islamistes" dans les lycées et universités. La politique d’arabisation, mal préparée, ayant fait appel à des enseignants syriens et égyptiens n’a fait que renforcer cette tendance.
D’autre part, le creusement des inégalités suite à la politique économique ultralibérale menée par le pouvoir et donc le nombre croissant de laissés-pour-compte ont fait monter le mécontentement populaire jusqu’à provoquer des explosions de colère toujours férocement réprimées. Ce mouvement rejette la violence et refuse toute intégration dans le système politique actuel. Des mouvements islamistes comme Al Adl wal Ihsan, « Justice et Bienfaisance » ont su récupérer ce malaise social par leur présence active dans les hôpitaux et bidonvilles, particulièrement auprès des jeunes.
Le Maroc prendra brutalement conscience de la gravité du problème avec les attentats de Casablanca (2003) et de Madrid (2004) où sont impliqués de jeunes marocains et plus récemment des kamikazes qui se réclament d’Al Qaïda.

Pour contrer la montée du fondamentalisme, le pouvoir favorise un islamisme modéré, incarné par le PJD (Parti de la Justice et du Développement) qui accepte les limites politiques imposées par le système monarchique. D’autre part, l’État a repris le contrôle des mosquées et de leurs prêches et garde le main sur la nomination des imams.

Notes

[1Moussem : Fête régionale annuelle qui associe une célébration religieuse (souvent pour honorer un saint) à des activités festives et commerciales. Au Maroc entre 600 et 700 moussems sont recensés. Certains sont très célèbres et attirent, en plus des tribus locales, de très nombreux touristes marocains ou étrangers.