Maroc, sous la plage… les pavés

La réalité sociale

, par CIIP

La plageLes pavés
- Vitrine de luxe proposée à l’étranger
 Une minorité privilégiée
- La pauvreté pour une grande majorité
 Difficultés d’accès à l’eau, aux soins, à l’éducation, au travail dans un habitat rural sous équipé et dans les bidonvilles
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Le Maroc bénéficie de sites naturels et historiques très favorables au développement d’un tourisme de luxe comme de masse.
Le pays offre également les richesses architecturales de ses villes impériales (Mekhnès, Fès, Marrakech, Rabat), ses festivals de musique et de cinéma, la qualité de son artisanat (tapis, poterie, ferronnerie, bijoux…), tout cela accompagné d’un accueil avenant et d’une hospitalité généreuse. Les côtes font l’objet d’investissements spectaculaires pour touristes privilégiés. Et de plus en plus de retraités choisissent de s’installer au Maroc pour tous les avantages fiscaux et un coût de la vie peu élevé.
Mais, derrière cette façade attractive, se cache une réalité que le touriste n’a généralement pas l’occasion ni peut-être le désir de découvrir.
Les inégalités sociales sont considérables et ont tendance à s’accroître entre une minorité privilégiée, à l’opulence ostentatoire et une majorité qui a de la peine à vivre.

Le Maroc occupe la 130ème place dans l’indice de développement humain établi par le PNUD (2008) (Algérie : 96ème, Tunisie : 94ème). Plus de 56 % de la population de plus de 14 ans est analphabète, le taux de scolarisation, quoique en augmentation sensible dans le primaire, reste faible dans les zones rurales. L’accès à l’eau et l’électricité n’est encore assuré que pour la moitié de ces zones rurales dont certaines restent enclavées faute d’infrastructures routières et de moyens de transport.
Beaucoup d’enfants meurent avant l’âge de 5 ans (39‰), des maladies comme le sida et la tuberculose sont en progression, les médecins, nombreux dans les grandes villes et le secteur libéral, sont en nombre très insuffisant dans les zones rurales délaissées.
L’exode rural, accentué par la sécheresse et la rareté des ressources pour des familles où la moyenne d’enfants reste élevée, vient grossir les bidonvilles et aggraver le chômage surtout parmi les jeunes.
Les villes s’étendent, des quartiers nouveaux sortent de terre à un rythme accéléré mais en marge de ceux-ci se développe un habitat précaire, insalubre, parfois durci et viabilisé, parfois éradiqué pour renaître aussitôt ailleurs, l’éloignement du centre sans moyens de transport rendant la vie encore plus difficile.

Des programmes pour le développement de quartiers urbains pauvres et de communes rurales sont lancés, mais le manque de préparation et de consultation préalable de la population accompagné d’expulsions forcées sans relogement dans les quartiers en restructuration, montre que ces programmes sont surtout conçus au profit des promoteurs et des spéculateurs immobiliers.

Une bureaucratie pesante, une corruption très étendue du haut en bas de l’échelle sociale, le détournement des deniers publics, entraînent une déperdition d’énergie et le découragement des initiatives qui pourtant ne manquent pas, en particulier à travers les nombreuses ONG, signe de vitalité de la société civile comme en témoigne la tenue de forums sociaux locaux et maghrébins. Dans le contexte du printemps arabe, le mécontentement et les aspirations à la démocratie des masses populaires s’expriment à travers les manifestations répétées du Mouvement du 20 février dans tout le pays.