Agrocarburants, les choix aventureux de l’agrobusiness

Le climat : un alibi commode pour manipuler l’opinion

, par CITIM

Pour leurs promoteurs, la justification est évidente : les agrocarburants sont favorables à la préservation de l’environnement. D’autres utilisent le prix élévé du pétrole pour affirmer la nécessité de diversifier les ressources énergétiques. De fait, les arguments déployés attestent d’une instrumentalisation de la problématique environnementale. La question du changement climatique, dont la réalité ne saurait être niée, est ainsi devenue un alibi commode.

Une fausse bonne solution pour le climat

Bien que certains agrocarburants, tels que l’éthanol et le colza, ainsi que leurs coproduits, alignent leurs prix sur le cours du pétrole, ils n’apportent pourtant qu’une faible contribution en termes de substitution d’énergie et leur impact sur l’effet de serre est incertain.

Les chiffres publiés par les promoteurs de la campagne de sensibilisation 2008-2009 : « Les agrocarburants, ça nourrit pas son monde », sont éloquents. Au niveau mondial, les différents types d’agrocarburants correspondent en 2007 à 36 millions de tonnes équivalent pétrole (tep), les gros producteurs étant les Etats-Unis (15,8 Mtep), le Brésil (10,6 Mtep) et l’Union européenne (5,8 Mtep). Ce tonnage apparemment important ne représente en fait que 1,8 % du pétrole utilisé pour les transports (2 milliards de tep, dont 60 % d’essence et 40 % de gazole). Dans l’Union européenne, les transports nécessitent 300 millions de tep, dont 35 % pour l’essence. En 2007, l’incorporation de bioéthanol dans l’essence était de l’ordre de 1 %, et celle du biodiesel d’environ 2,7 % du gazole consommé. L’apport des agrocarburants n’est donc qu’une niche dans le marché de l’énergie. Compte tenu des rendements énergétiques, même en mobilisant d’importantes surfaces, il est désormais admis que les agrocarburants ne sont pas des réponses majeures à l’indépendance énergétique des Etats-Unis et de l’Union européenne.

En ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le problème du changement d’affectation des sols, à l’échelle de la planète, prend une ampleur considérable, notamment lorsqu’il s’agit de la destruction des forêts primaires, en particulier tropicales (Amazonie, Afrique centrale et Asie du Sud-Est). Ces forêts, véritables « puits de carbone », recyclent l’air et sont un frein au réchauffement climatique. On estime que chaque année, 6 millions d’hectares de forêts primaires sont détruits et que les agrocarburants figurent parmi les causes principales.