Haïti : un pays en quête de stabilité

Introduction

, par CDTM 34

Les chiffres sont têtus. Les Haïtiens aussi.
Les chiffres disent qu’Haïti est un pays perdu, plongé dans une misère sans fond, dans une situation de non retour.

Les Haïtiens, tout au moins ceux qui en ont la force, disent qu’il faut se battre, ensemble, analyser les responsabilités internes et présenter Haïti comme un pays qui lutte pour s’en sortir.
C’est le message de ce très beau roman haïtien "Gouverneurs de la rosée", vieux de près de 70 ans, qui raconte la lutte de quelques villages pour l’eau, donc pour la vie, lutte qui ne peut être que collective.

Deux ans après le séisme du 12 janvier 2010, Haïti est toujours dans l’attente d’un réel démarrage de sa reconstruction. Selon le rapporteur spécial des Nations Unies sur Haïti, Michel Forst, une crise humanitaire s’accompagne souvent directement d’une crise des droits de l’Homme. « L’Etat de droit, ce n’est pas seulement les droits civils et politiques mais aussi les droits économiques, sociaux et culturels ». Malgré la générosité annoncée des dons particuliers et institutionnel ainsi que la création de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti, le manque de confiance accordée dans la souveraineté de l’Etat et du peuple haïtiens par les ONG et les institutions semblent freiner le nouvel envol du pays.

Dans sa tribune « ONG : Perversion de la solidarité », l’écrivain haïtien Lyonel Trouillot nous livre sa colère et écrit à propos des ONG « Les unes s’en vont. Il n’y a plus d’argent. Elles vont chercher ailleurs malheur plus profitable. Les autres cherchent les moyens de rester. Au bout de deux ans de remplacement de la politique publique haïtienne par le règne des ONG, les conditions de vie de l’ensemble de la population ne se sont pas améliorées. Au contraire. Puisque l’aide immédiate apportée par la logique compassionnelle – même quand dans certains cas elle a été efficace – laisse la population encore plus dépendante qu’avant » (lire le texte complet de la tribune de Lyonel Trouillot).

Comme dit un proverbe haïtien : "Mein anmpil chay pa lou" (A plusieurs mains, la charge est moins lourde).
Tous les amis d’Haïti espèrent un sursaut. Un défi que se doit de relever le président Michel Martelly, élu en mars 2011, en qui la population a cristallisé ses espoirs.